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    Home » Construire des utopies durables : l’expérience inspirante de la filature ardéchoise Ardelaine. Publié le 23/09/2020
    Tribunes

    Construire des utopies durables : l’expérience inspirante de la filature ardéchoise Ardelaine. Publié le 23/09/2020

    septembre 23, 2020Mise à jourseptembre 26, 2020Aucun commentaire
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    Lancée en 1982, Ardelaine compte aujourd’hui 58 salariés. Ardelaine / D.R.

    La crise de la Covid-19 suscite des appels à un monde plus durable, mieux partagé et plus porteur de sens, mais on sait que la réalité résistera de mille façons. D’où l’intérêt d’étudier les utopies qui ont surmonté les obstacles, comme Ardelaine qui s’est lancée dans le pari « impossible » de reconstituer une filière lainière en France.

    La SCOP (société coopérative ouvrière de production) Ardelaine, située à Saint-Pierreville, en Ardèche, est née en 1982. Mais son origine remonte à 10 plus tôt, comme le raconte sa cofondatrice Béatrice Barras :

    Beatrice Barras, cofondatrice d’Ardelaine.Ardelaine/D.R

    « Avec mon mari Gérard, nous étions allés voir en 1972 la filature de laine de Saint-Pierreville car nous étions choqués de savoir que la laine était jetée sur des tas de fumier. La filature s’était écroulée et sa propriétaire habitait encore dans un bâtiment en étant convaincue que tout était fini. L’histoire était tellement triste que nous avons envisagé de racheter la filature et de la remettre en route en intégrant l’ensemble de la filière ».

    Les lois de l’économie n’étaient pourtant guère favorables. Les moutons produisaient certes une laine idéale pour fabriquer des matelas et des couettes, mais ils étaient élevés pour la viande. La laine n’ayant aucune valeur, elle était jetée. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine et l’Afrique du Sud en produisaient d’énormes quantités en cassant les prix.

    Toutefois, pour des raisons sanitaires, les bergers devaient faire tondre, alors que les tondeurs rechignaient à prendre en charge leurs troupeaux éparpillés dans la montagne. En tondant leurs moutons et en leur proposant un bon prix pour la laine, Béatrice et Gérard Barras, l’autre cofondateur, allaient se faire des bergers des alliés.

    Ils n’ont cependant pas l’argent nécessaire et ne peuvent se tourner vers les banquiers, ni même vers le Conseil général : pour eux, la laine n’a plus d’avenir. Ils font quand même un petit emprunt pour acheter la ruine de la filature, en laissant à sa propriétaire la jouissance de son logement. Un projet mûrit alors avec un petit groupe de sept personnes aux compétences variées, qui se sont connues dans l’expérience collective d’un chantier de jeunes pour reconstruire un village des gorges de l’Ardèche, Le Viel Audon.

    Ils se préparent pendant sept ans. Ils continuent à exercer leurs activités pour réunir l’argent nécessaire. Pour aller plus vite, ils font des économies en jardinant pour leur alimentation, en n’utilisant que deux voitures pour tous, en louant un appartement collectif à Valence pour ceux qui doivent aller y travailler.

    Pendant leur temps libre, ils reconstruisent les bâtiments, remettent en route le moulin de la filature et achètent des machines d’occasion. Pour acquérir les connaissances nécessaires à leurs futures activités, l’un suit une formation à la tonte, un autre un stage de création d’entreprise, un troisième apprend à fabriquer des matelas de laine, etc.

    C’est finalement en 1982 qu’ils se sentent prêts et créent Ardelaine sous forme de SCOP, en obtenant un financement de la Fondation de France, avec un programme « Initiatives Territoire Emploi Ressource ».

    La reconstitution d’une filière

    Ils commencent par produire le matelas traditionnel de laine, en le relookant pour corriger son image ringarde, et le vendent sur des marchés, ce qui les aide à se faire connaître. Puis ils créent des couettes et des oreillers. Ils tirent parti de la multiplication des foires écologistes, comme le salon Marjolaine à Paris, où ils trouvent une clientèle intéressée par les produits naturels.

    Pour élargir la gamme vers l’habillement, ils proposent au propriétaire d’une bonneterie venant de faire faillite de prendre en charge un atelier de tricotage et de confection. Celui-ci accepte à condition de rester à Valence. Ardelaine s’installe dans un quartier chaud de la ville avec l’appui de la société HLM de la ZUP de Valence, qui cherche à faire évoluer ces quartiers en introduisant des boutiques et des ateliers dans les rez-de-chaussée des immeubles.

    La SCOP a démarré son activité par la fabrication de matelas avant de se diversifier dans les couettes et les oreillers.Ardelaine/D.R

    Puis, trouvant que passer leur temps sur les routes pour courir les foires ne relève pas d’un développement local vertueux, ils créent un catalogue de vente par correspondance et développent la vente sur place. Pour attirer les visiteurs dans leur village reculé, ils créent deux musées, l’un sur l’élevage du mouton et la fabrication de produits tirés de la laine, l’autre sur le passage de l’artisanat à l’industrialisation. C’est un succès, et ils accueillent chaque année 20 000 visiteurs.

    Pour diversifier leurs activités au profit du territoire, ils créent un café-librairie et une salle d’animation, ce qui renforce la qualité de l’accueil, et développent un pôle alimentaire avec un restaurant et un atelier de transformation. Ils construisent pour cela un bâtiment de 700m2 sur trois niveaux, couvert par un toit solaire. Cela permet aussi d’agrandir la surface de bureaux. Ces projets avec le territoire entraînent la création de douze emplois chez Ardelaine et cinq dans des associations.

    Pour financer leurs développements, ils obtiennent des aides publiques à la création d’emploi et à l’investissement, dont l’aide de l’État aux « Pôles d’excellence rurale » pour leurs derniers projets.

    Un modèle économique sobre

    Tous sont payés au SMIC, avec un petit bonus pour les fonctions de direction, alors que les niveaux de formation vont de « bac – 5 » à bac +5. Les salariés auraient bien sûr préféré être mieux payés, mais tous ont conscience que cela mettrait en péril l’équilibre économique d’Ardelaine. Ce principe égalitaire perdure depuis 38 ans, alors que les deux tiers des salariés pourraient trouver ailleurs des emplois mieux rémunérés.

    L’explication de ce mystère tient à deux raisons majeures.

    Tout d’abord, ils ne se sentent pas exploités par un patron. Les dirigeants de la SCOP sont élus, et 45 % des bénéfices sont affectés aux réserves légales, 45 % distribués aux salariés et 10 % aux actionnaires (la plupart des salariés sont actionnaires).

    D’autre part, le partage et l’apprentissage font partie des valeurs fondamentales d’Ardelaine. Chaque entité a une grande autonomie de décision et de gestion, et pour éviter que ne se créent des visions en silos, une circulation des personnes est organisée, notamment entre le productif et le commercial.

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    Ardelaine est une entreprise apprenante, car elle ne cesse de développer des activités nouvelles. La formation y tient une place importante, et on peut y suivre des parcours atypiques : une personne ayant un bac pro en comptabilité et embauchée pour fabriquer des couettes a pu passer à la vente par correspondance, puis à la planification, et elle est maintenant directrice financière. On reste parce qu’on est passionné par le projet et qu’on y trouve des modes de valorisation qu’on retrouverait difficilement ailleurs.

    Une réussite qui commence à faire école

    Ardelaine compte aujourd’hui 58 salariés et a pratiquement toujours dégagé un résultat positif. Elle s’est aujourd’hui diversifiée dans le textile ou encore la laine de paillage pour les jardins, alors que le secteur industriel est sinistré et que sa production est implantée à plus d’une heure de route de Valence, la grande ville la plus proche.

    Cette réussite fait même des émules. Gérard Barras témoigne :

    Gérard Barras, cofondateur d’Ardelaine.Ardelaine/D.R

    « Nous étions seuls à aller à contre-courant de la déstructuration de l’industrie textile, mais aujourd’hui, dans les foires et salons, on trouve des gens qui vendent pratiquement les mêmes produits. Nos concurrents ont compris qu’il y avait un créneau porteur sur des produits écologiques à vendre dans les salons bio, et ils se sont mis dans notre roue ».

    Pour faire advenir un monde plus durable et porteur de sens, il faut souvent savoir trouver la bonne distance par rapport aux « lois » de l’économie. Les fondateurs d’Ardelaine, comme d’autres exemples de notre série sur les entreprenants, montrent qu’il est possible d’y arriver avec de l’imagination, de la persévérance et un art de la mobilisation collective.


    Je remercie Christophe Deshayes pour ses critiques constructives et Élisabeth Bourguinat, dont j’ai tiré parti des textes qu’elle a écrits sur cette aventure

    Pour en savoir plus, lire Ardelaine, un modèle d’entreprise durable ?

    Retrouvez toutes les initiatives de la série « Le Jardin des entreprenants » en cliquant ici.

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