La commune du Saint-Esprit bénéficiera de l’aide de 2 millions d’euros du COROM, un dispositif gouvernemental visant à aider les communes d’Outre-mer en difficultés financières par le biais d’un soutien financier et technique.  Michel Tirault, le maire de la commune, s’exprime à propos du soulagement que représente cette assistance financière. Néanmoins, il insiste sur la nécessité de diversifier les sources de financement pour assurer l’autonomie financière et la durabilité de sa commune.

Qu’est-ce-que le COROM et en quoi consiste précisément l’aide qui sera apportée à la commune du Saint-Esprit?

Le contrat de redressement en outre-mer [COROM] est un dispositif mis en œuvre par L’Etat pour venir en aide aux communes d’Outre mer en difficultés financières. L’immense majorité des communes d’Outre-Mer, et plus singulièrement les communes de Martinique (32 sur 34) se trouve en déficit. Le COROM permet à  I’Etat d’accompagner sur le long terme, par un appui technique, humain et financier, des communes volontaires, en échange d’engagements leur permettant de revenir à une meilleure santé financière.

Une première expérimentation de ce dispositif avait été lancée par l’Etat en 2021 dont avaient bénéficié en Martinique les communes de Fort-de-France et de Saint- Pierre. En 2023, ce dispositif a été relancé par l’Etat.  La ville du Saint-Esprit a ainsi répondu à l’appel à candidature et nous avons signé, le vendredi 13 octobre dernier avec Philippe Vigier, Ministre délégué chargé des Outre-mer, le 1er contrat de cette 2eme vague du COROM.

Au total, ce sont 2,1 millions d’euros sur trois ans dont bénéficiera la Ville. En plus de ce financement, la commune bénéficiera de l’appui technique de deux conseillers spécialısės, qui apporteront leur expertise et leur soutien technique dans la réalisation de nos projets.

Votre commune sera le “premier COROM 2023 2024”, qu’est-ce-que cela – symbolise pour vous ?

Cela symbolise avant tout l’engagement et la réactivité de nos services municipaux. J’adresse mes plus vifs remerciements au Directeur Général des Services, M. Patrick FARRAUDIERE ainsi qu’aux agents du service financier et du service Ressources Humaines qui ont travaillé sans relâche à la négociation de ce contrat avec I’Etat. Cela illustre également la forte collaboration de nos services avec les services de l’Etat et plus particulièrement, la Préfecture, la Direction Générale des Finances Publiques, I’AFD et de l’ensemble des partenaires. C’est ce travail collaboratif qui nous a permis d’être la première ville signataire sur tout l’Outre-mer.

Vous aviez expliqué que la signature du COROM serait une bonne avancée pour le développement de votre commune. Pouvez-vous expliquer pourquoi cette avancée est si significative pour la ville du Saint-Esprit ?

La signature du COROM représente une avancée importante pour le développement de notre commune. Depuis notre arrivée aux affaires en 2014, notre équipe municipale s’était engagée dans un travail titanesque pour résorber les déficits financiers de la ville mais aussi ceux de ses satellites, le CCAS et la Caisse des Ecoles. Au fil des ans, nous avons réussi à rétablir les bilans de la Ville et du CCAS et diminué de moitié le déficit de la Caisse des Ecoles. Le COROM nous permettra de solder plus rapidement que nous l’avions prévu ce déficit et d’apurer nos dettes auprès des organismes sociaux. La ville retrouvera ainsi plus de marge de manœuvre budgétaire pour mettre en œuvre ses projets et c’est toute l’économie locale qui en sera ainsi stimulée.

Quels sont les défis majeurs auxquels la commune est confrontée actuellement en termes de situation financière et technique, et comment le COROM aidera-t-il à les surmonter ?

Les défis auxquels est confrontée la commune au niveau technique et financier sont de deux ordres. En premier lieu, il y a le déficit ancien de la Caisse des Ecoles. Grâce au COROM, nous pourrons terminer d’apurer totalement ce déficit et retrouver de de la marge de manœuvre budgétaire. En deuxième lieu, il y a la question des ressources humaines et de la masse salariale de la collectivité. Là encore, le COROM va intervenir dans la continuité des travaux réalisés par la municipalité depuis 2014.

Mis à part les projets de rénovation ou réduction de déficit financier, quels projets pourront être réalisés grâce à cette aide afin de permettre à la ville du Saint-Esprit d’évoluer ?

Grâce au COROM, la ville va retrouver des capacités d’autofinancement. Cela va nous permettre de mener à bien plusieurs projets d’envergure sur le territoire. Je pense notamment à la réhabilitation de l’Hôtel de Ville, la construction du nouvel hôpital, la modernisation et la rénovation du réseau routier, afin d’offrir aux usagers un niveau satisfaisant de sécurité et de confort. Parmi nos nombreux projets, il est important d’évoquer la création d’un centre culturel en lieu et place de l’ancien abattoir. Un projet sur lequel nous travaillons d’arrache-pied depuis plusieurs années afin d’obtenir le label CCR. Cette infrastructure permettra d’accueillir des artistes, des chercheurs et des acteurs culturels venus des quatre coins du monde. Ce Centre Culturel de Rencontres offrira à la Ville du Saint-Esprit un rayonnement national et international et une inégale attractivité culturelle en Martinique voire dans la Caraïbe.

Faut-il alors comprendre que pour une commune telle que la vôtre, une aide telle que celle-ci est suffisante ?

En effet, 2,1 millions d’euros représentent une contribution significative. Pouvoir y bénéficier, c’est un soulagement. Cependant, il est essentiel de garder à l’esprit que l’État est confronté à des contraintes budgétaires considérables. Pour nous, toute assistance de la part de l’État est précieuse, mais nous ne nous limitons pas à cette aide seule. Le COROM est un des dispositifs parmi d’autres, tels que les fonds européens. Nous croyons fermement qu’il est impératif de ne pas dépendre exclusivement de l’État et de lui confier la totalité de nos projets. Il est primordial de viser une certaine autonomie financière. L’État peut jouer un rôle en réduisant les dépenses et en optimisant les ressources, mais il est tout aussi crucial que nous soyons responsables de notre propre développement.

Propos recueillis par Thibaut Charles

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