Invité sur le plateau de l’émission “Cent pour cent politique”, le député de la Martinique Johnny Hajjar a présenté sa vision des causes de la vie chère en Outre-Mer, ainsi que ses solutions pour y remédier.
Mr Hajjar a mené en 2022 une vaste commission d’enquête parlementaire sur le coût de la vie dans les territoires ultramarins français. Son rapport de 400 pages, voté à l’unanimité, met en évidence quatre déterminants principaux de cette situation, selon M. Hajjar : les bas revenus des populations ultramarines, avec un revenu médian de 1 360€ en Martinique contre 1 700€ en métropole ; les prix élevés, supérieurs de 20 à 30% à ceux de l’hexagone ; le sous-financement chronique des collectivités locales qui les oblige à augmenter les impôts ; et le désengagement financier progressif de l’État via la baisse des dotations ou la suppression d’avantages fiscaux spécifiques aux DOM-TOM.
“Cette combinaison de facteurs structurels et conjoncturels a des conséquences sociales lourdes, déplore le parlementaire : appauvrissement des classes moyennes, insécurité, chômage de masse, économie informelle, trafics en tout genre. Sans oublier le sentiment de relégation qui saisit les Ultramarins, dès lors qu’un billet d’avion pour Paris coûte jusqu’à 1000€.”
70 propositions pour résorber les inégalités
Face à ce constat alarmant, Johnny Hajjar a formulé pas moins de 70 propositions dans son rapport parlementaire. Il en a détaillé plusieurs lors de son interview. La première est l’organisation d’États généraux de la vie chère dans chaque territoire ultramarin. Objectif : définir des feuilles de route adaptées à chaque réalité locale, avec tous les acteurs concernés – élus, corps intermédiaires, grandes entreprises.
Sur le fond, le député martiniquais préconise un “plan de déchocage économique et social” étalé sur 15 ans pour résorber durablement les écarts. Au programme : exonérations fiscales et sociales massives pour les entreprises ultramarines (sous conditions d’embauches) ; développement des productions locales ; taxation exceptionnelle des “super-profits” de grands groupes comme CMA-CGM pour financer des hausses de salaires ; réorientation de la manne TVA vers des allocations sociales ; investissements publics dans les caps sous-marins pour faire baisser le prix d’internet ; “diplomatie territoriale” économique avec les pays voisins ; équivalence des normes pour faciliter les importations depuis les Caraïbes ou le Brésil…
Politiquement, Johnny Hajjar se défend de tout séparatisme, mais prône une large autonomie de décision pour les territoires d’Outre-Mer au sein de la République, à la manière de l’Espagne avec les Canaries ou les Baléares. Selon lui, seule cette “troisième voie” permettra de conjuguer égalité et diversité au profit des Ultramarins, en s’affranchissant de la “pensée unique” centralisatrice venue de Paris.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement Borne II qui vient de rejeter plusieurs mesures issues du rapport Hajjar, dont une enveloppe de 500 millions d’euros pour compenser l’augmentation fulgurante du prix des billets d’avion. Une déception pour le député martiniquais, mais pas un renoncement : plus que jamais, l’élu entend porter la voix des Outre-Mer à l’Assemblée pour faire avancer leur cause.
Voici un détail des principales propositions du député Johnny Hajjar pour lutter contre la vie chère en Outre-Mer :
- Organiser des États généraux de la vie chère dans chaque territoire ultramarin afin de définir des feuilles de route adaptées aux réalités locales. Réunir tous les acteurs concernés : élus, entreprises, syndicats, associations, citoyens.
- Mettre en œuvre un “plan de déchocage économique et social” sur 15 ans via des mesures fortes :
- Exonérations fiscales massives pour les entreprises ultramarines (TPE/PME), sous conditions d’embauches
- Hausse généralisée des salaires dans le secteur privé, financée par une taxe sur les “super-profits” des grands groupes ultramarins
- Affectation des recettes de TVA perçues Outre-Mer au financement d’allocations sociales pour les plus démunis (retraités, étudiants…) valables pour des achats locaux uniquement
- Investissements publics dans des câbles sous-marins pour faire baisser les prix d’Internet et de la téléphonie
- “Diplomatie territoriale” : accords commerciaux avec les pays voisins (Brésil, Caraïbes) pour faciliter les importations
- Révision des normes européennes inadaptées aux marchés ultramarins
- Développement massif des productions locales et des exportations pour réduire la dépendance aux importations
- Réforme de l’octroi de mer pour supprimer les effets de seuil
- Continuité territoriale : obtention de 500 millions d’€ pour compenser les hausses de billets d’avion
Sur le plan politique, Johnny Hajjar réclame davantage d’autonomie décisionnelle pour les collectivités d’Outre-Mer au sein de la République, à l’image des Canaries ou des Baléares en Espagne. Objectif : mieux prendre en compte les spécificités de chaque territoire ultramarin.
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Un commentaire
La Martinique est chère pour les habitants mais aussi pour les touristes
Comment être compétitif en attractivité si nous sommes aussi chers
Il y a également une voracité locale grave , toutt moun le fe en maximum lagen la mimm
Comme si la vie s’arrêtait demain …c’est aussi un état d’esprit chez nous qu’il faut transformer