Avec 58,5 % des voix récoltées ce 24 avril, Emmanuel Macron est élu président de la République française pour un second mandat. Il devance Marine Le Pen qui affiche un score de 41,5 %. La presse européenne livre son regard ce matin sur la réélection du candidat pro-européen. |
Image de couverture : Comme en 2017, Emmanuel Macron a battu la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen lors du second tour de l’élection présidentielle 2022 – Crédits : Faces Of The World / Flickr CC BY 2.0 Emmanuel Macron est réélu au second tour de l’élection présidentielle 2022, “un exploit au goût amer” tant cette victoire “est entachée par le score de l’extrême droite“, analyse le quotidien belge Le Soir. “Sur fond d’abstention record“, “sa reconduction pour cinq ans est tout sauf un plébiscite“, poursuit-il. Néanmoins, comme le souligne le média portugais Jornal de Notícias, Emmanuel Macron “est le premier président français réélu après Jacques Chirac en 2002“. Même s’il est “loin des 66,1 % obtenus il y a 5 ans“, ce résultat correspondant à “quatre millions de voix en moins“. Pour célébrer sa victoire, le journal lusophone note que le président de la République a prononcé “un court discours bien loin de l’euphorie de 2017“. Le média danois Jyllands-Posten observe que “les drapeaux tricolores français et bleus de l’UE ont été brandis en masse parmi les supporters présents. La joie, ou peut-être surtout le soulagement, était palpable“. Mais il remarque aussi que “les célébrations étaient beaucoup plus calmes qu’il y a cinq ans, comme si les partisans avaient compris que leur président avait une tâche redoutable, voire impossible, à accomplir pour rassembler une nation divisée“. “L’extrême droite plus forte que jamais““Cette élection restera dans l’histoire comme le paradoxe d’Emmanuel Macron : le président gagne en perdant […] parce que l’option Marine Le Pen a été jugée inacceptable par la majorité des Français“, analyse le politologue Olivier Roy pour le quotidien italien La Repubblica. En effet, pour The Irish Times, Emmanuel Macron “sait qu’il a été élu principalement parce que les électeurs ont rejeté Le Pen“. Aussi, même si cette élection signifie en quelque sorte que “Macron a gagné [et que] Poutine a perdu“, “l’extrême droite est plus forte que jamais“, commente l’éditorialiste du journal polonais Gazeta Wyborcza. Le directeur de La Stampa explique qu’avec plus de “13 millions d’abstentionnistes, la colère sociale couve, le souverainisme et le populisme guettent“. Pour le média britannique The Guardian, “cette colère sera certainement l’un des principaux défis du prochain quinquennat présidentiel“. Comme l’observe le journal espagnol El Mundo, “ce président-candidat aux mille visages occupera l’Elysée pendant cinq années supplémentaires et c’est lui qui devra relever les grands défis, avant tout gérer un pays divisé avec un profond sentiment de lassitude et de mécontentement“. Pour le journal allemand Die Welt, “le paradoxe de cette élection est que Macron a été élu par presque 60 % des Français mais qu’il devra gouverner contre 75 % d’entre eux“. Une bonne nouvelle pour l’EuropeLa Libre, en Belgique, pousse un “ouf” de soulagement après ce second tour de l’élection présidentielle française et “respire“. Mais à l’instar de la plupart des médias européens, le journal belge “souligne l’ampleur de la tâche qui attend le président, dès les élections législatives de juin prochain” [Courrier international]. En attendant, les institutions de l’UE se montrent soulagées, comme l’illustre la réaction de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola dans L’Express : “la réélection d’Emmanuel Macron est une victoire des forces pro-européennes“. “C’est une victoire qui confirme l’ambition pour une Europe […] qui s’affirme face à des puissances hostiles“, poursuit-elle. “La victoire de M. Macron est une ‘magnifique nouvelle pour toute l’Europe’“, a déclaré le Premier ministre italien Mario Draghi [The Irish Times]. “L’Europe – comme l’a montré le torrent de messages de félicitations des premiers ministres, des chanceliers et des présidents des institutions européennes – a une fois de plus poussé un soupir de soulagement. L’unité de l’alliance occidentale restera – pour l’instant – intacte“, décrit le quotidien grec I Kathimeriní. En effet, “vue de Bruxelles, la réélection d’Emmanuel Macron est une échappée belle. Le risque de blocage de la machine européenne […] était concentré à Paris. Une éventuelle affirmation de Marine Le Pen aurait jeté l’Union dans un puits sans fond. Cela aurait été le retour du souverainisme et la fin de l’européanisme“, écrit La Repubblica dans un autre article. “Il a ainsi sauvé la France et l’Europe d’une présidente d’extrême droite à l’Elysée“, selon le journal allemand Der Spiegel. “Macron contient Le Pen avec une victoire confortable et l’Europe pousse un soupir de soulagement“, titre également le quotidien espagnol ABC. De son côté, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a célébré la réélection du président Emmanuel Macron, assurant qu’avec sa victoire “l’Europe a gagné“. A travers son compte Twitter, il a souligné que “les citoyens ont choisi une France engagée pour une UE libre, forte et juste“. Olaf Scholz “heureux de pouvoir poursuivre la bonne coopération“Le quotidien néerlandais Algemeen Dagblad rapporte aussi que “les félicitations pour Macron affluent. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s’est montré enthousiaste face à ce résultat. ‘Je suis heureux que nous puissions poursuivre notre large et bonne coopération dans les années à venir au sein de l’UE et de l’Otan’. Son homologue allemand, Olaf Scholz, a déclaré qu’il était heureux de pouvoir poursuivre la ‘bonne coopération’“. Pour le média britannique la BBC, les électeurs d’Emmanuel Macron “estiment que sous [sa] direction […], la France peut aspirer à prendre la tête de l’Europe, à un moment où sa vision d’une plus grande autonomie militaire et économique pour l’UE semble de plus en plus pertinente. Sur ce plan, le contraste avec Marine Le Pen ne pouvait être plus frappant“. Par ailleurs, pour l’Allemagne, “la victoire de Macron est dans cette année bien sombre la meilleure nouvelle depuis longtemps. Avec Marine Le Pen comme présidente, un partenariat prospère en Europe n’aurait pas été possible, et encore moins un front contre la guerre d’agression de son parrain et modèle de longue date Vladimir Poutine” [Frankfurter Allgemeine Zeitung]. L’ancien Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, dont les propos sont rapportés par Jyllands-Posten, affirme aussi que “seul le Kremlin aurait célébré une victoire de Le Pen” et que “l’Europe doit désormais interdire toute importation de pétrole et de gaz russes [pour] forcer Poutine à mettre fin à sa guerre barbare“. “La victoire de Macron sera certainement bien accueillie à Bruxelles“, déclare un diplomate européen dans le média néerlandais De Telegraaf. “Les Français devraient accélérer le rythme au cours des derniers mois de la présidence de l’UE. ‘L’autonomie stratégique’ est un concept qui a actuellement le vent en poupe, donc Macron voudra sans doute en profiter“, poursuit le journal aux Pays-Bas. |