Conçus en partie avec du plastique récupéré ou en aluminium recyclé, emballés dans des matières végétales, les PC des grands constructeurs sont de plus en plus étiquetés “durables”. Si ces produits, souvent taxés de greenwashing, ne sont qu’un petit geste pour baisser l’impact environnemental du numérique, sous la pression citoyenne et législative, les géants de la tech s’engagent doucement sur le chemin de la réparabilité.

Les fabricants de PC doivent encore faire des efforts en matière de durabilité de leurs équipements, notamment en les rendant plus facilement réparables.
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Les fabricants de PC ne manquent plus une occasion d’afficher les qualités environnementales de leurs produits. HP, Lenovo et Dell ont profité du CES, salon de la high-tech à Las Vegas, de ce début d’année, pour présenter leurs ordinateurs portables derniers cris qui se veulent plus durables. HP a dévoilé ses nouveaux EliteBook 805 dont “l’enceinte du haut-parleur est fabriquée en partie avec des déchets plastiques issus de l’océan”. La série Z des ThinkPad de Lenovo sont notamment conçus “avec du cuir végane”. Tandis que les emballages sont produits à “100 % à base de bambou et de canne à sucre compostables”. Quant à Dell, son prochain ordinateur portable XPS 13, sa gamme “la plus écologique”, sera fabriqué avec des composants en aluminium recyclables.

“Plus les ordinateurs sont respectueux de l’environnement, mieux c’est”, constate Frédéric Bordage, expert en numérique et fondateur du cabinet d’analyse GreenIT. “Mais cela représente une infime partie de ce qu’il faut faire” pour diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2050. En 2021, le numérique représente 40 % du budget GES annuel soutenable d’un européen, révèle la dernière étude du cabinet publiée en décembre. “Ce n’est donc pas en mettant un peu de plastique recyclé dans les appareils et en continuant à se suréquiper de produits à durer de vie courte qu’on va y arriver.”

Reconditionné et réparabilité

Et de fait, un nouveau rapport de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), calculent que les terminaux, tels que les ordinateurs, sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental. L’enjeu est donc avant tout de faire durer plus longtemps les appareils, en luttant contre l’obsolescence programmée et en misant sur la réparabilité.

C’est d’ailleurs le cœur du projet de la start-up californienne Framework. En 2022, l’entreprise américaine lance un PC portable qu’elle annonce évolutif et réparable selon les besoins, de la carte mère à la batterie, mais aussi le clavier et les ports USB. Une bonne nouvelle car ce qui fait la durabilité des appareils, “c’est leur modularité”,appuie le fondateur de Green-It. “Encore faut-il que les composants soient disponibles longtemps, à un prix raisonnable. Et faire en sorte que les mises à jour logicielles permettent aux appareils les plus anciens de continuer à fonctionner”.

Pression législative et citoyenne

Sous la pression législative et citoyenne, les grandes marques commencent également à lever le voile. La marque à la pomme a longtemps refusé de diffuser les schémas électroniques de ses produits, freinant ainsi leur réparabilité. Mais en novembre dernier, elle a fait un pas en avant. Alors que le président Joe Biden a fait voter aux Etats-Unis un décret sur le droit à la réparation, Apple a mis à disposition des consommateurs les pièces détachées des derniers Iphone. Si l’annonce ne concerne pas encore les Mac, chez Microsoft, on prend les devants. Dans une vidéo diffusée sur Youtube, le géant de l’informatique a voulu démontrer la réparabilité de son Surface Laptop SE en le démontant pièce par pièce.

Dell semble aussi vouloir faire plus d’efforts en la matière. Le 14 décembre, le troisième plus grand fabricant d’ordinateurs au monde après HP et Lenovo a présenté un prototype de PC portable baptisé “concept Luna”, imaginé pour être plus facile à démonter et à réparer.

Un changement culturel qui s’observe aussi chez les consommateurs. Le marché du reconditionné, s’il est encore modeste, prend de l’ampleur, à l’image du succès fulgurant de Back Market. Dans un contexte inflationniste, où les pénuries de puces ralentissent la production d’appareils électroniques, ce marché pourrait bien avoir une carte à jouer.

Marion Chastain @MarionChastain

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