Eric Zemmour est devenu le sujet préféré  dans les médias.

Il est présent dans toutes les conversations au motif qu’il pourrait – comme l’a fait Donald Trump en son temps – surprendre et sortir vainqueur de la boîte de pandore des présidentielles. La morosité actuelle des politiques, leur faible influence sur la population française donne du relief au falot personnage Zemmour. Il faut bien qu’à notre tour nous regardions d’un peu plus près la question, sous le prisme de notre situation de Français périphériques.

Tout d’abord, il semblerait qu’une grande partie de l’opinion

Française donne à la question la tonalité de l’ opposition de la  vertu antiraciste ou « antifasciste » contre le racisme affiché de façon éhontée par Éric Zemmour, cela consiste à ne plus voir les individus qu’à travers le prisme de leurs origines ethniques (ou culturelles-religieuses) et des discriminations vraies  ou fantasmées dont ils sont l’objet.

Les obsessions « symétriques » de l’un auraient pour écho celles de l’autre. L’emphase  mise par Éric Zemmour sur une prétendue incompatibilité de l’islam avec la République permet à la partie adverse de le condamner, afin de soulager sa mauvaise conscience,  tout en pensant la même chose avec moins d’excès. Les positions  sur les camps de réfugiés aux portes de Paris -et cela, on peut le comprendre- le montrent bien. Tout le monde sauf quelques illuminés humanistes pensent qu’il faut lés chasser hors la capitale qui ne peut alors accueillir « toute la misère du monde. »

Eric Zemmour est un « bon produit » pour les médias : il attire autant qu’il excite les passions, et donne du relief à un morne paysage  médiatique qui endort les téléspectateurs.

En fait, il enfourche le même vieux canasson que ses prédécesseurs, Le Pen, Tapie, Menard des experts en clashs médiatiques, en indignation incessante et de la polarisation idéologique de la France. Façon de se donner une épaisseur factice aux yeux d’un auditoire lassé du ronron des médias. Zemmour affiche ce que veulent les français, qu’on leur parle comme ils le font entre eux à la « caféte » de leur entreprise un « parler franc »,  à défaut d’être vrai…

Il est indispensable pour être écouté de créer une ambiance de « buzz » permanent  – comme la chaîne de télévision CNews – plutôt que de pratiquer le « bon ton », « l’éloge de la raison », tout cela est fini. Il faut en permanence évoquer des sujets de discorde, soulever une émotion permanente pour faire marcher l’audimat et être invité sur les plateaux de télévision. Mais Zemmour n’est pas le seul à manipuler l’opinion publique de la sorte. Plus proche de nous et sur un sujet qui nous préoccupe, celui de la réticence des populations à se faire vacciner des populations, l’intervention médiatique et inopportune de Madame Taubira qui a pu avec ses contorsions sur le faible taux de vaccination de ses compatriotes déclarer aux médias français ne pas se sentir habilitée à donner de conseils dans un sens ou un autre, pour avoir à revenir sur les  antennes pour préciser qu’elle avait choisi de se faire vacciner!  Une occupation médiatique gratuite et facile en jouant sur les mots auprès d’organes de presse demandeurs de positions  qui surprennent  pour faire de l’audience.

Eric Zemmour est un bon produit, il à la fois journaliste, populiste de droite radicale, qui sait distiller plus finement les   dogmes racistes et fascistes que Le Pen père et fille ou même qu’un Robert Menard pourtant lui aussi journaliste, essayiste, éditeur et même co-fondateur de l’association Reporters sans frontières, dont il a été le secrétaire général, ainsi que du site internet Boulevard Voltaire, lancé en 2012.

Zemmour un talent plus affirmé et une inspiration plus médiatique, telle celle d’intégrer dans sa boîte à idées perfides, celle de l’« insécurité culturelle » qui  fait mouche auprès des clients des cafés du commerce.

L’identité nationale, le récit national, l’intégration républicaine, l’anti-islamisme, sont des oriflammes qu’il secoue en permanence sous le nez de Français qui perdent pied sous lés effets de la mondialisation.

Des observateurs attentifs attribuent les sondages favorables  d’Eric Zemmour à la fadeur idéologique des partis politiques et le peu d’influence des élus et corollairement à une plus grande place donnée aux médias dans le fonctionnement de là société française. Éric Zemmour surferait sur cette nouvelle vague que constitue l’évolution des médias, non plus simples outils de diffusion  des débats politiques, mais devenant des acteurs proprement  politiques ayant l’ambition de prendre la place attribuée aux politiques dans le fonctionnement démocratique.

L’avalanche de sondages commandés par les organes de presse et les états-majors des partis politiques sont devenus le rituel obligé de la phase initiale de  l’élection présidentielle. Les  sondages vont se succéder et évoluer au fil de l’actualité et sa grande part d’impondérable. Les opinions changent, évoluent sans qu’aucun observateur, aussi futé que puisse être un Eric Zemmour, ne puisse le prévoir.

Des consultations présidentielles précédentes, seul un Emmanuel Macron a pu rester en tête du peloton dès le début de la campagne présidentielle. Mais on sait les moyens colossaux qui ont été mis à sa disposition pour accomplir une telle performance et l’homme est certainement doté de meilleurs atouts personnels qu’un Zemmour pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre.

Enfin,  en Martinique, sans relais politique ni adhésion à ses idées Eric Zemmour fera plus diversion au détriment d’une Marine Le Pen qui à fait de son mieux pour se rendre acceptable et de repoussoir au profit d’Emmanuel Macron.

Les paris sont ouverts, combien de temps avant que cette illusion  ne laisse la place au tristement fameux tryptique « lécher lâcher lyncher.»

Gérard Dorwling-Carter

 

 

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