Parcoursup par ci, Parcousup par là. Les étudiants sont accrochés à la plateforme d’orientation pour formuler leurs vœux et espérer qu’ils se réalisent. Pour les étudiants antillais, il est synonyme bien souvent de quitter les Antilles pour l’Hexagone. EduCarib refuse de voir cette fuite des cerveaux. L’organisation a publié un guide d’orientation 100% Caraïbe.
C’est lentement et péniblement que les ponts entre les pays de la Caraïbe et la Martinique se bâtissent. Après treize ans d’attente, la Martinique vient d’intégrer le Caricom (Communauté des Caraïbes) en tant que membre associé. Concernant ses échanges politiques, culturels, commerciaux, et d’autres, la France hexagonale voire l’Europe restent des partenaires privilégiés.
Il en va de même quand il s’agit d’études supérieures. Selon l’Insee, 44% des 21-29 ans qui sont originaires des Antilles, étudient ou travaillent en dehors des Antilles. « Les départs du territoire des jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études restent importants, et leur part dans la population poursuit ainsi sa diminution. La Martinique se classe de nouveau au premier rang des régions françaises avec la plus faible part de jeunes de moins de 25 ans (25 %) », indique l’institut de sondage. L’Hexagone, le Canada, Barcelone, Berlin, les destinations ne manquent pas pour suivre un cursus non proposé par l’université des Antilles.

Il est parfois inutile de chercher aussi loin pour une formation de pointe. Il suffit de se tourner vers les voisins de la Caraïbes. C’est ce que cherche à démontrer EduCarib. Depuis 2017, l’organisation qui promeut les opportunités d’études dans la Caraïbes est spécialiste de la mobilité des étudiants et des professionnels dans la région. A l’origine du projet, Lorine Bozin. La jeune femme a essuyé les plâtres. Alors étudiante, Lorine Bozin souhaite effectuer un échange universitaire dans la Caraïbes. « En termes d’informations et de supports, il y a un manque. Ce n’était pas structuré particulièrement pour un étudiant francophone. » Pas de parcours sup ni d’Erasmus + à cette époque. Mais, un temps, la jeune femme travaille à l’AEC (Association des Etats de la Caraïbes). Elle y a l’opportunité de collaborer avec différents Etats. « C’est de la qu’est venue l’idée d’EduCarib, raconte Lorine Bozin. L’organisation répond à un réel besoin. Les étudiants, les parents ou les conseillers d’orientation n’ont pas ces informations concernant les formations proposées dans le bassin. » Elle déplore que sorti de University of West Indies, les acteurs jeunesse peinent à identifier les établissements.

EduCarib sensibilise à travers les supports tels des kits d’orientations ou l’émission Caribbean campus tour autour des opportunités dans la Caraïbes. Outre le volet sensibilisation, EduCarib va dans le concret. De A à Z, elle organise la mobilité pour une immersion ou un stage.
Pour compiler toutes les informations encourageant la mobilité dans la Caraïbes, Lorine Bozin et son équipe ont constitué un guide téléchargeable gratuitement. Il répertorie les bourses et les aides financières de chaque collectivité. Ce guide cible les acteurs de l’éducation. « C’est quand même un moyen de concrétiser les mobilités même s’il n’y a pas encore d’Erasmus à proprement parlé en Martinique vers les îles voisines. » La Barbade, la Jamaïque, Sainte-Lucie, une dizaine de territoires ont été identifiés en plus d’une trentaine de partenaires dans les établissements.

Un a priori que Lorine Bozin a du et doit encore combattre est la perception de la qualité de l’enseignement dispensé dans ces établissements. « On a le réflexe une fois le bac en poche de partir dans l’Hexagone, Canada ou Etats-unis alors qu’il y a des options complémentaires dans la région caribéenne dans lesquelles on peut exceller. » La fondatrice d’Educarib prend pour exemple l’University of West indies, classée au niveau mondial. Elle poursuit : « Il y a de nombreux chefs d’Etat de la Caraïbes qui sont issus de ces établissements. »
Note: Guide à télécharger sur le site edu-carib.com
Laurianne Nomel