Le conseil de surveillance valide les comptes de l’exercice 2023
Le Conseil de Surveillance du Grand Port Maritime (GPMLM) s’est tenu le mardi 12 mars 2024 sous la présidence de M. Philippe Jock.
Après confirmation des bons résultats de trafic portuaire en 2023 (la Martinique étant un des rares ports français en progression), le Conseil a salué les comptes de l’exercice 2023, qui se traduisent par un chiffre d’affaires en augmentation de + 12% (34 M€) et un résultat net de 8,6 M€. Les investissements s’élèvent à 22,7 M€ cette année en nette progression par rapport à 2022 (16,2 M€) et 2021 (12,3 M€).
Les membres du Conseil ont été informés du bon avancement des projets d’extension du terminal à conteneurs de la Pointe des Grives et d’installation d’unités photovoltaïques (permettant de réduire l’empreinte carbone du terminal et de renforcer la résilience des opérations du port), ainsi que de la remise en service du Bassin de Radoub, dont le carnet de commandes est rempli pour plusieurs mois.
Le développement du port salué par la Cour des Comptes
La Cour des Comptes a produit ses observations définitives sur la gestion du Grand Port Maritime depuis sa création, il y a un peu plus de dix ans.
La Cour a salué l’efficacité des instances de gouvernance du GPMLM et la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse, les résultats financiers positifs associés à un effort de modernisation et d’investissement dans divers secteurs d’activité, ainsi que l’engagement du GPMLM envers la prise en compte des impacts environnementaux.
La Cour des Comptes a aussi souligné l’importance pour le GPMLM de trouver un nouvel élan pour garantir sa pérennité, notamment en accélérant la transition énergétique, en reconfigurant ses activités et en renforçant la coopération régionale. Elle appelle le GPMLM à être vigilant quant au poids croissant des charges de personnel.
Les neuf recommandations de la Cour vont être rapidement mises en œuvre. Elles invitent notamment le Port, dans un contexte de fort développement de ses activités, à renforcer ses dispositifs de contrôle interne, à moderniser ses processus de commande publique et à accroître ses exigences en matière de sûreté et de sécurité.
Bonne nouvelle pour le Grand Port Maritime de la Martinique (GPMLM) ! Après avoir été l’un des rares ports français à enregistrer une progression de son trafic en 2023, ses comptes viennent d’être approuvés par le Conseil de surveillance. Ils affichent un chiffre d’affaires en hausse de 12% à 34 millions d’euros et un bénéfice net de 8,6 millions d’euros. Les investissements ont également bondi à 22,7 millions d’euros contre 16,2 millions en 2022, confirmant les ambitions de développement du port.
Mais ce n’est pas tout. Le GPMLM vient aussi de franchir un cap majeur avec la publication par la Cour des comptes de son dernier rapport de contrôle sur la période 2013-2023. Un rapport qualifié « d’une grande richesse » par son directeur général, Jean-Rémy Villageois, qui revient sur les temps forts de cette décennie de croissance dans un entretien exclusif.
La Cour des comptes a rendu ses observations définitives après avoir audité la gestion du GPMLM sur les 10 dernières années. Quels en sont les points marquants selon vous, et que retenez-vous plus généralement de ce bilan ?
Jean-Rémy Villageois : La Cour des Comptes a analysé en profondeur les enjeux et la stratégie mise en œuvre par le GPMLM. La Cour a aussi réalisé un contrôle approfondi de la gestion du port depuis sa création en 2013. D’une manière générale le rapport est très positif.
Entre 2013 et 2023, notre chiffre d’affaires a crû de près de 60%, une croissance qui s’est accélérée l’an dernier avec une hausse de 12% à 34 millions d’euros après un ralentissement en 2020, lié à la crise covid . Nos résultats s’améliorent donc chaque année malgré un trafic global de marchandises relativement stable autour de 3 millions de tonnes par an, très dépendant de l’activité de la SARA. Nous avons cherché en priorité à renforcer la résilience du port à un environnement maritime mondialisé qui peut réserver des surprises (crise sanitaire, adaptation aux évolutions de marchés et au changement climatique).
Concernant plus spécifiquement les observations de la Cour, elle a salué l’efficacité de notre gouvernance et la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse au cours des 10 dernières années. Nos bons résultats financiers associés à un important effort d’investissement et de modernisation dans tous les secteurs d’activité ont également été soulignés, ainsi que notre engagement en faveur de la prise en compte des impacts environnementaux.
Cependant, la Cour nous appelle aussi à trouver un nouvel élan pour garantir notre pérennité à long terme. Cela passe par l’accélération de notre transition énergétique, une reconfiguration de certaines activités et un renforcement de la coopération régionale, autant de défis que nous avons déjà intégrés.
Le poids croissant de nos charges de personnel est très clairement pointé du doigt comme un sujet de vigilance majeur. Au total, 9 recommandations nous ont été adressées, comme le renforcement du contrôle interne, la modernisation des procédures d’achat ou encore le durcissement des exigences en sûreté/sécurité. Nous allons rapidement les mettre en œuvre.
Dans quels secteurs avez-vous enregistré les meilleures performances sur cette période ?
J-R.V : Le secteur de la croisière a connu un véritable boom, le nombre de passagers a été multiplié par 3 en moins de 10 ans passant de 150,000 à 450,000 ( il n’était que de 70,000 en 2012). C’est la preuve de notre dynamisme touristique, et le résultat du travail acharné mené par le Comité Martiniquais du Tourisme avec la SAMAC et l’ensemble des acteurs du tourisme martiniquais. Le fret conteneurisé a aussi légèrement progressé grace aux nouveaux marchés de transbordement qui compensent la baisse des trafics domestiques, tandis que les vracs liquides pétroliers qui ont a connu un creux entre 2018 et 2022 rebondissent de 300 000 tonnes en 2023 grâce à la reprise de la SARA.
Pouvez-vous nous détailler les importants investissements réalisés ces dernières années ?
J-R.V : Absolument, c’est un volet essentiel, pour lequel nous bénéficions du soutien de l’Etat et de la collectivité territoriale de la Martinique gestionnaire des fonds européens.
Nos investissements ont été multipliés par presque deux entre 2021 et 2023, passant de 12,3 millions d’euros à 22,7 millions d’euros l’an dernier (et 16,2 million en 2022). Une grande partie a été consacrée à la rénovation du bassin de Radoub pour 6 à 7 millions d’euros, outil clé pour le développement d’une filière industrielle martiniquaise performante, et la création d’emplois locaux de haute technicité.
Nous avons également beaucoup investi dans la modernisation des infrastructures croisières avec l’aménagement de la gare maritime des Tourelles en cœur de ville, capable d’accueillir plus de 3000 passagers en coopération opérationnelle avec l’aéroport les jours de croisière basée qui voient atterrir plus d’une dizaine d’avions.
Mais les investissements les plus lourds portent sur le terminal conteneur de la Pointe des Grives. Nous avons engagé en particulier un vaste programme de rénovation des portiques de manutention pour prolonger leur durée de vie, en attendant la livraison de deux nouveaux portiques de nouvelle génération qui devraient être mis en service début 2025.
Justement, quels sont les grandes lignes du plan d’investissement 2024 ?
J-R.V : Les deux prochaines années verront un investissement massif de l’ordre de 85 millions d’euros.
La décarbonation du terminal conteneurs de la Pointe des Grives est engagée pour environ 10M€. Nous allons déployer des panneaux photovoltaïques et un smart grid pour l’autoconsommation d’énergie solaire sur le site. Ce contrat a été signé avec la société Valorem et des sous-traitants martiniquais.
En parallèle, nous allons poursuivre l’extension des terre-pleins du terminal conteneurs, augmenter de façon très importante la capacité de stockage reefers et finaliser l’acquisition de nouveaux portiques de dernière génération. Nous renforcerons également le dispositif de Poste de Contrôle aux Frontières, ainsi que les équipements de sûreté et sécurité afin de faire de la Pointe des Grives un terminal de très haut niveau, capable de traiter tous les types de trafics conteneurisés.
Au-delà de cette plateforme à conteneurs, quels sont les autres axes de développement en 2024 ?
J-R.V : Nous allons continuer nos efforts de développement sur la croisière, qui représente un fort potentiel pour la Martinique. Que ce soit au niveau du pôle principal implanté à Fort-de-France, ou encore à Saint-Pierre qui accueille des navires de très haut de gamme dans un cadre naturel exceptionnel, et pour lesquels nous avons assuré en 2023 un accompagnement pour l’accueil sécurité d’une trentaine d’escales.
Enfin, nous gérons désormais le port du Robert suite à son intégration au GPMLM l’an dernier. Environ 1 million d’euros va d’ailleurs être investi pour sécuriser les quais et l’infrastructure existante, en prenant soin de préserver la biodiversité de cet environnement exceptionnel.
Dans cette stratégie, quelle place occupe le projet Hub Antilles mené avec la Guadeloupe ?
J-R.V: C’est un axe majeur pour l’avenir ! Mené conjointement avec le Grand Port de la Guadeloupe, le Hub Antilles vise à démultiplier nos capacités portuaires pour traiter la desserte maritime de la Guyane, et des ports sud américains qui transiteront par les Antilles. Concrètement, cela va doubler le trafic conteneurs sur les ports martiniquais et guadeloupéens d’ici quelques années. Le dialogue social est engagé avec les partenaires sociaux, il va continuer à se développer, il est incontournable pour assurer la réussite durable du projet et la fiabilité des opérations de manutention.
En conclusion, quelle trajectoire se dessine pour le GPMLM à moyen terme ?
J-R.V : Cette décennie écoulée a permis de développer une assise financière robuste et de renforcer les compétences opérationnelles du Grand Port. Avec les investissements colossaux à venir du projet stratégique Hub Antilles, nous abordons une nouvelle ère pleine de défis mais aussi de formidables opportunités de développement.
Notre feuille de route est simple : adapter et développer nos capacités portuaires pour répondre, voire anticiper les évolutions des échanges maritimes, tout en accélérant notre transition verte et la décarbonation de toutes nos activités. De belles perspectives se dessinent pour la logistique portuaire, l’emploi local et le rayonnement de la Martinique au sein de la Caraïbe !
Propos recueillis par Philippe PIED