1975. Le moment est historique. Face à l’Assemblée nationale, Simone Veil, ministre de la Santé soutient son projet de loi visant à légaliser l’avortement. Ce 17 janvier marque la date anniversaire de l’événement.
« Je voudrais partager avec vous une conviction de femme. Aucune femme ne recourt de gaité de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » C’est par ces mots que Simone Veil, alors ministre de la Santé s’adresse à une « Assemblée presque exclusivement constituée d’hommes ». C’était il y a 50 ans à l’Assemblée nationale. Le 17 janvier 1975, la ministre de la santé défend la réforme sur l’avortement. Depuis la promulgation de la loi, le droit à l’avortement, en France, a connu des évolutions. En 1982, l’interruption volontaire de grossesse devient un acte médical pris en charge par la Sécurité sociale. L’allongement de la durée légale d’un avortement a changé également. De 10 semaines, lors de sa promulgation en 1975, la durée est passe à 14 semaines. Dernière évolution en date, l’IVG est rentrée dans la Constitution. La France devient ainsi le premier Etat à garantir dans sa Constitution l’accès à l’IVG. Aujourd’hui, l’interruption volontaire de grossesse peut s’effectuer par voie médicamenteuse ou par aspiration.
Un droit protégé par la Constitution
En 2023, la Martinique a compté 1321 IVG. « Les établissements et services de santé ainsi que les professionnels libéraux (médecins et sages-femmes) jouent un rôle crucial en offrant des services d’IVG sur l’ensemble du territoire et en soutenant les femmes dans leur choix. Il est essentiel de continuer à garantir l’accès à ces services et à sensibiliser la population afin que toutes les femmes puissent exercer pleinement leurs droits sans être stigmatisées », soutient l’ARS Martinique. Un chiffre en augmentation mais pas uniquement dans le territoire. La hausse se confirme également dans la France Hexagonale soit 16,3‰ contre 15,7‰ en 2022 pour les départements et régions d’Outre-mer on compte 31,5‰ contre 30,4‰.
Selon l’Ined (Institut nationale des études démographiques), on a pu constater une baisse des IVG en 2020 et 2021. Les confinements et les restrictions sanitaires ont fait chuter les conceptions. Aussi, l’Ined indique la dégradation du contexte socioéconomique toujours marquée en 2022. « Cette situation explique certainement en partie l’augmentation des IVG dans les tranches d’âges où la fécondité est la plus élevée : l’avortement a pu être davantage mobilisé dans une période possiblement jugée peu propice à la décision d’accueillir un enfant. L’allongement du délai légal de 12 à 14 semaines de grossesse en mars 2022 explique également, bien que dans une bien moindre mesure, cette augmentation. Cet élargissement a permis un recours plus tardif à l’IVG (sans avoir à se déplacer dans une clinique à l’étranger notamment) », rapporte l’Ined.
Avant la légalisation de l’avortement en 1975, le rapport de l’Ined estime à 250 par an le nombre de femmes qui mouraient des suites d’avortements clandestins.
Laurianne Nomel