A la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, l’Union européenne s’est rapidement mobilisée pour apporter des solutions sur plusieurs plans. Ainsi depuis le début du conflit, des mesures ont été adoptées pour favoriser l’accueil des réfugiés ukrainiens, promouvoir l’aide humanitaire dans le pays et même fournir des armes. A ce soutien, s’ajoute une série de sanctions à l’encontre de la Russie et de ses oligarques. La Banque européenne d’investissement (BEI) a également réagi aux événements. Présente dans la capitale ukrainienne et déployant ses activités à travers le pays depuis 2007, l’institution financière de l’Union européenne a élaboré une série de mesures d’urgence en solidarité avec le peuple ukrainien.
Intervention d’urgence
Dès le lendemain du déploiement de “l’opération spéciale” russe en Ukraine, la BEI s’est empressée de condamner fermement l’invasion militaire : “nous sommes prêts à mobiliser d’urgence un soutien financier supplémentaire en faveur du pays dans le cadre de la réponse coordonnée de l’UE”, a ainsi indiqué son président Werner Hoyer. Quelques jours plus tard, le 4 mars, le Conseil d’administration de l’institution a approuvé une enveloppe de 688 millions d’euros à destination de l’Ukraine. Une initiative de soutien lancée en étroite collaboration avec la Commission européenne.
Cette somme correspond à “des prêts qui avaient été signés auparavant et qui étaient surtout destinés à soutenir l’économie ukrainienne d’une manière générale, principalement les petites et moyennes entreprises”, explique Jean-Erik De Zagon, directeur de la Représentation de la Banque européenne d’investissement à Kiev. La réorientation de ces fonds doit permettre aux autorités ukrainiennes de répondre aux besoins financiers les plus urgents. Concernant l’utilisation, elle est laissée à la discrétion des autorités ukrainiennes qui jugent des priorités de l’économie du pays. Dès le 8 mars, les fonds ont commencé à être versés de manière régulière à la banque centrale ukrainienne. Un mois plus tard, début avril, Werner Hoyer a annoncé que l’intégralité de la somme avait été octroyée.
Reconstruire le pays
L’institution financière ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là. Elle tente actuellement d’accélérer le décaissement d’une enveloppe supplémentaire de 1,3 milliard d’euros dans les mois qui viennent. “Dès que les conditions le permettront, nous aiderons à reconstruire ce que le conflit a détruit en Ukraine”, a précisé Werner Hoyer. “Ce sont [là aussi] des prêts existants que nous souhaiterions mobiliser assez vite pour que le gouvernement ukrainien applique ensuite ses priorités pour la reconstruction du pays”, souligne quant à lui Jean-Erik de Zargon.
Si les membres de la Représentation de la BEI ont quitté le pays pour des raisons de sécurité, le directeur de l’institution s’étonne de la capacité de l’administration ukrainienne à poursuivre son activité dans un tel contexte. “Le gouvernement et l’administration ukrainienne continuent à travailler de manière remarquable. […] le pays continue à fonctionner”, salue-t-il. Le 7 avril dernier, Werner Hoyer a échangé directement avec le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal pour évoquer les futurs investissements.
Enfin, la banque de l’UE a également annoncé un programme de 4 milliards d’euros pour 2022 et 2023 “destiné à aider les villes et les régions des pays voisins qui accueillent des réfugiés – la Pologne la Slovaquie, la Roumanie ou la Hongrie -” à répondre à des besoins urgents en matière d’investissement et à relever les défis liés à l’accueil et à l’intégration, explique Jean Erik de Zagon.
Une implantation ancienne en Ukraine
L’action de la BEI en Ukraine ne date pas de la fin du mois de février 2022. Les premiers investissements de l’institution remontent en effet à 2007 et en 15 ans, 8 milliards d’euros auraient été investis, en majeure partie dans le secteur public. Jean Erik de Zagon liste ainsi les domaines particulièrement soutenus : les transports, le secteur énergétique, les municipalités et l’environnement, sans oublier l’agriculture. Après l’annexion de la péninsule de Crimée en 2014, l’institution financière européenne avait également contribué à la reconstruction de 238 projets d’infrastructures municipales et sociales comme des écoles ou des hôpitaux.
L’activité de la BEI n’avait par ailleurs jamais été si importante sur le territoire ukrainien qu’en 2021. 554 millions d’euros ont ainsi été mobilisés cette année-là, principalement à destination des infrastructures de transports et d’enseignement ainsi qu’à l’économie locale, dans un contexte de relance économique après la pandémie de Covid-19. Kiev a notamment reçu 50 millions d’euros destinés à l’achat de vaccins. Le pays était le principal bénéficiaire des financements de la BEI dans le voisinage oriental, représentant plus de 60 % du total des prêts octroyés par la banque.
Si les priorités ont désormais changé, l’investissement de la BEI en Ukraine ne devrait toutefois pas faiblir dans les mois à venir.
Source : www.touteleurope.eu – Valentin Ledroit