Pour les entrepreneurs martiniquais, 2024 ne s’est pas achevée sur une bonne note. Les émeutes ont bousculé le tissu économique local introduisant par la même une baisse d’activité et du chômage partiel. La Fedom et le Medef 972 ont organisé un séminaire jeudi sur les enjeux du financement du secteur privé.
Des carcasses de véhicules brûlées ça et là, du goudron fondu sous la force des flammes, des commerces aux rideaux fermés. Les exactions, fin de l’année dernière ont laissé des traces. Des traces qui ne sont pas uniquement visibles. Les entreprises locales accusent encore le coup. Entre chômage partiel et baisse de l’activité, l’atmosphère reste morose. Devant la récurrence d’émeutes et des phénomènes climatiques, les assurances deviennent réticentes à s’engager. Certaines même refusent désormais d’assurer les entreprises antillaises.
La Fedom (Fédération des entreprises des Outre-mer) en partenariat avec le Medef 972 ont organisé un séminaire, jeudi à l’IMS (Institut martiniquais du sport). Le rôle de la Fedom est de promouvoir les entreprises ultramarines et de les représenter sur le plan national. A l’IMS, ce jeudi, il n’était nulle question d’exercice physique en cette matinée. Il s’agissait d’établir un état des lieux du paysage économique local et souligner les enjeux du financement du secteur privé.
Depuis deux ans, afin de répondre à des enjeux qui se posent, la Fedom a décidé de consacrer ses séminaires à une thématique. La transition énergétique était au cœur de l’événement, il y a deux ans. La dernière rencontre faisait la lumière sur la construction et le bâtiment. En début d’année, le propos du séminaire d’évoquer les enjeux du financement dans le secteur privé.
La Fedom constate les difficultés de certaines entreprises. Une sous capitalisation, une faiblesse structurelle des fonds propres, les enjeux d’ingénierie financière, sur chacun de ces points, la Fedom reconnaît que des progrès sont à réaliser. L’éloignement des centres de décisions nourrissent le phénomène. Autre indicateur sur la santé économique locale, en 2024, on constate moins de créations d’entreprise et plus de défaillances, signe que l’économie balbutie.
Cependant, la fédération note un changement de mentalité, l’acte d’entreprendre se popularise chez les jeunes générations. Seulement, il faut tenir compte du climat actuel dans lequel évoluent les entreprises martiniquaises. « Il y a un discours ambiant qui n’aidera pas à l’émergence des projets, à cette bonne rencontre entre le financeur et le porteur de projet », intervient Hervé Mariton, président de la Fedom. Il poursuit : « Il y a un contexte qui est celui de critique vigoureuse parfois violente de l’entreprise et de l’acte d’entreprendre. » Pour Hervé Mariton, lutter contre la vie chère passe aussi par l’amélioration du financement des entreprises existantes notamment les petites et les moyennes entreprises.
Avant les crises sociales de novembre 2021 et 2024, les entreprises sont passées par le Covid et son cocktail de restrictions. 3900 entreprises ont alors bénéficié du PGE (Prêt garanti par l’Etat) pour 826 millions d’euros. La Martinique est la quatrième région française en termes d’intensité de recours au PGE.
Laurianne Nomel