Inspiré d’un article du journal Le Monde.
Des cellules polyvalentes et adaptables
Lorsque des bactéries attaquent une feuille, les cellules végétales, d’ordinaire consacrées à la photosynthèse, sont capables de se transformer pour adopter un état de défense immunitaire. Cette capacité d’adaptation contraste avec les cellules animales, souvent limitées à une seule fonction. Chez les plantes, chaque cellule peut changer de rôle selon les circonstances, une souplesse essentielle pour des organismes enracinés et dépourvus de cellules immunitaires mobiles.
Une immunité différente de celle des animaux
Contrairement aux animaux, les plantes ne disposent pas d’immunité acquise ni de cellules immunitaires circulantes. Elles ont donc développé un système où chaque cellule peut détecter une attaque microbienne et engager une réponse tout en poursuivant ses autres fonctions vitales, comme la croissance ou la photosynthèse.
Détection de l’attaque et alerte généralisée
Une étude récente menée par Joseph Ecker, publiée dans la revue Nature, a permis de suivre la riposte des cellules de la plante Arabidopsis thaliana face à une infection bactérienne. Aux points d’entrée du pathogène, certaines cellules détectent l’agresseur grâce à des protéines de surface issues des gènes de résistance. Ces cellules, parmi les premières à repérer la menace, changent alors d’état et deviennent des cellules PRIMER, véritables cheffes d’état-major de la défense. Elles produisent une protéine messagère, GT-3A, qui avertit les cellules voisines de la nécessité d’activer une réponse immunitaire. Autour d’elles, d’autres cellules, dites spectatrices, relaient ce signal à l’ensemble de la plante.
Un arsenal défensif sophistiqué
La plante peut alors mobiliser différentes stratégies de défense. Certaines cellules produisent des espèces réactives de l’oxygène qui agissent comme désinfectants. D’autres optent pour la politique de la terre brûlée, se sacrifiant pour contenir la progression du pathogène. Il arrive aussi que la plante coupe l’approvisionnement de la zone infectée ou produise des composés antibactériens, antifongiques ou antiviraux, comme de petits ARN ou des peptides spécifiques.
Une coordination cellulaire exemplaire
Face à toute attaque, la défense des plantes repose sur la capacité de leurs cellules à prendre des décisions locales et à se coordonner. Cette orchestration, encore en partie mystérieuse, illustre à quel point la vie des plantes est dynamique et complexe, bien qu’elle reste largement invisible à nos yeux.