En lisant une interview de l’ancien haut fonctionnaires canadien Alex Himelfarb, auteur d’un livre à venir Breaking Free of Neoliberalism : Le défi du Canada, J’ai fait le rapprochement avec notre situation économique, dite néocoloniale à la Martinique.
Ce livre retrace la montée de l’orthodoxie du marché libre, précise ses conséquences, remet en question les proclamations de la fin du néolibéralisme et offre une vision optimiste d’une meilleure voie à suivre.
Alex Himelfarb explique que l’expansion du néolibéralisme promettait l’efficacité économique et la liberté pour les puissants, tout en causant des ravages pour des millions de personnes. Mais que ces dernières années, on a assisté à l’émergence d’une ère post-néolibérale.
Le néolibéralisme, souvent mal compris, est selon lui une philosophie de gouvernance et un projet politique qui vise à promouvoir la liberté économique par un marché libre, soutenu par un État garantissant la propriété privée et les conditions nécessaires pour le bon fonctionnement du marché.
Au fil du temps, le néolibéralisme aurai évolué, devenant un outil pour les puissants afin de renforcer leur influence, s’affirmant dans des politiques comme les privatisations, la dérégulation, les réductions d’impôts et une politique monétaire de lutte contre l’inflation au détriment du plein emploi.
En valorisant le marché, le secteur privé, et la liberté individuelle, le néolibéralisme légitime les inégalités et marginalise le bien commun et l’action collective.
Le néolibéralisme aurait été utilisé comme solution pour préserver la liberté économique contre le fascisme et le communisme , en mettant l’État au service du marché et des intérêts privés.
Dans les années 1980 et 1990, face à des défaites électorales, la gauche s’est tournée vers la “troisième voie” et a intégré des éléments du néolibéralisme pour rester dans le jeu politique, intégrant privatisations et réduction des dépenses sociales. Ce faisant, le néolibéralisme a été revalorisé, sinon légitimité, la gauche s’éloignant de ses valeurs de solidarité et d’égalité.
Adoptant l’alpha et l’oméga du libéralisme, l’inévitabilité des réalités économiques mondialisées et l’individualisme comme norme sociale, la gauche a perdu son âme et affaibli son rôle de défenseur du bien commun et de la solidarité.
Or, le néolibéralisme mis à l’épreuve des diverses crises récentes – financières, pandémiques, d’accessibilité, du logement et climatiques s’est trouvé incapable de répondre aux besoin de transformation.
L’effondrement financier de 2008 et la pandémie ont eu comme parades néolibérales des aides massives aux grandes entreprises en négligeant les travailleurs. La pandémie, un bref instant, a laissé espérer un changement grâce aux mesures de soutien financier étendu et à une solidarité accrue. Cependant, cette dynamique a vite laissé la place à l’austérité au nom de la lutte contre l’inflation, alimentée par des crises d’approvisionnement et l’avidité des puissants.
Un cordon ombilical nous relie à l’espace néolibéral mondial par notre statut politique, aussi, devrions-nous réfléchir aux voies et moyens pour atténuer les conséquences néfastes de ce néolibéralisme dont nous ressentons de plein fouet ces jours-ci les conséquences.
il s’agit de renouer, avec la solidarité, l’esprit de compassion et de tolérance dont ce peuple a fait preuve jusqu’à récemment en dépit de tout.
Comment trouver des intérêts communs et relier les mouvements progressistes, les personnes de bonne volonté autour d’une expérience humaine collective, sans exiger l’uniformité.
Dès maintenant, trouver les moyens pour que chacun soutienne les causes, juste des autres, que les jeunes s’occupent des vieux, que les anciens n’oublient pas qu’ils ont eux aussi commis des erreurs, les riches tentent de comprendre la souffrance et la misère.
Le néolibéralisme divise et crée égoïsme et méfiance, en réduisant la liberté à un choix de consommation au profit des favorisés. . Ce paradigme nuit à la coopération et à la simple démocratie, créant un cynisme qui s’oppose à la solidarité.
Sur notre minuscule territoire, ce que l’on a tendance à oublier la durabilité, l’égalité et la solidarité devraient être les objectifs essentiels.
La désaffection de la population à l’égard de l’autorité, des institutions, du personnel politique, demande qu’un effort collectif soit fait pour rétablir la confiance. L’ostracisme instrumentalisé à l’égard d’une fraction de la population doit cesser pour faire place à un vivre ensemble fait de bienveillance et de tolérance.
Ce qui s’est passé ces temps derniers a démontré que les grands changements peuvent commencer en dehors des institutions politiques par une coalition de mouvement sociaux, de personnes de bonne volonté pour impulser un vrai changement. C’est l’appel que nous lançons avec humilité et bienveillance.
Gérard Dorwling-Carter