Ce mercredi l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) a communiqué ses chiffres du surendettement en Martinique. En deçà de la densité moyenne nationale, le territoire a compté en 2024, 525 dossiers déposés. En hausse cependant de 13% par rapport à 2023.
En ces temps inflationnistes, il est parfois difficile de joindre les deux bouts. Un loyer de retard, une créance impayée. Ce qui n’était qu’une mauvaise passe financière peut virer au naufrage. Un dispositif de l’Iedom permet de voir de la lumière au bout du tunnel, la commission de surendettement. Elle permet d’effacer ou d’échelonner les créances. Afin de statuer sur les dossiers la commission s’est réunie à douze reprises en 2024, gérant les dossiers au fil de l’eau.
Cette année 2024 a d’ailleurs vu le nombre de ces dossiers augmenter. 525 ont été déposés contre 463 en 2023, soit une hausse de 13,4% sur un an. Ce nombre se rapproche du niveau atteint dix ans auparavant. En 2014, 534 dossiers avaient été déposés. « On a eu une période de réduction du nombre de dossiers jusqu’avant Covid puis il y a eu un redémarrage progressif depuis », indique Patrick Croissandeau, directeur. Une hausse attribuée selon l’Iedom à l’épisode inflationniste que la Martinique a récemment connu « avec un effet retard puisque les personnes qui déposent un dossier chez nous connaît ces difficultés depuis plusieurs mois ». En Martinique, l’institut reçoit 17,1 dossiers pour 1000 habitants quand dans l’Hexagone le chiffre s’élève à 24,6.
La commission de surendettement, un dispositif à connaître
Dans un tiers des dossiers les dettes sont effacées. Dans les deux tiers restants, un plan d’aménagement de la dette est proposé. Cependant, tous les dossiers ne sont pas acceptés en commission de surendettement. Trois motifs sont avancés : la mauvaise foi, absence de surendettement ou irrecevabilité. Par méconnaissance du dispositif, des entrepreneurs font appel à la commission de surendettement bien qu’ils soient inéligibles. Ces derniers doivent se tourner vers le tribunal.
S’agissant des particuliers martiniquais, l’endettement médian s’élève à 21 212 euros par dossier. Il s’agit principalement de dettes à la consommation « que l’on retrouve dans trois dossiers sur quatre ». Une majorité écrasante des dossiers sont déposés par des femmes, 70%. Un écart de genre qui est moindre dans l’Hexagone (55%). La cellule monoparentale où les femmes élèvent son ou ses enfants est schéma familiale particulièrement dans le territoire. Plus de 50% des mineurs vivent seuls avec un parent selon une étude de l’Insee.
L’Iedom veut communiquer sur la possibilité de saisir la commission de surendettement. Elle s’adresse à tous les particuliers du territoire qui éprouvent des difficultés à faire face à ses différentes charges mensuelles. « C’est un droit notamment pour les usagers les plus fragiles pour une meilleure inclusion financière. » Il est même possible de déposer un dossier en ligne.
Laurianne Nomel