Dans le cadre d’une tournée des infrastructures partenaires, Guido Rychen, président du conseil scientifique national du plan chlordécone s’est rendu en Martinique notamment à l’Ifremer, organisme ressource des indicateurs de la contamination du chlordécone dans les milieux marins.
Sous une abondante pluie de février, le président du conseil scientifique national du plan chlordécone a visité les locaux de l’Ifremer au Robert, ce mardi. Ce conseil scientifique qui se compose de chercheurs de Martinique, Guadeloupe et de l’Hexagone s’est réuni vendredi. La délégation profite du déplacement pour rencontrer les acteurs qui interviennent sur le plan chlordécone.

C’est ainsi que Guido Rychen, président du conseil scientifique a été reçu par l’Ifremer, un acteur significatif dans le plan contre l’engrais polluant. Dans le cadre du plan Opale, l’Ifremer étudie les polluants dans les eaux de surface, de mer et souterraines. L’idée de cet observatoire est d’examiner dans le temps l’évolution de ces contaminations.
Guido Rychen confirme le niveau significatif du chlordécone dans les eaux martiniquaises. Epandu sur les sols, il a ensuite contaminé les nappes. « Ceci étant, les travaux de recherches permettent de sécuriser l’eau et les transferts vers les plantes et les animaux. » Le président du conseil explique que la chlordécone est une erreur de l’Histoire « mais aujourd’hui, il faut la vivre comme une contrainte que nous gérons ». La recherche contribue à proposer des solutions pour protéger la population. Une de ces solutions passe par la décontamination des animaux qui a débouché sur un outil d’aide à la décision. « Il est mis en œuvre au niveau des organismes de veille sanitaire. Cela nous permet de savoir quel est le niveau de contamination d’un animal et savoir combien de temps faut-il pour qu’il se décontamine pour qu’il n’y ait aucun risque pour le consommateur. » Les pouvoirs publics accompagnent les éleveurs dans cette démarche pour garantir un produit sain. « Nous savons que la durée de vie du chlordécone dans l’organisme est limitée. Nous pouvons donc mettre en place des pratiques de décontamination pour qu’il n’y ait aucun risque pour le consommateur. »

L’Ifremer intervient en tant qu’appui aux politiques publiques et partage son expertise scientifique en lien avec la contamination au chlordécone sur le milieu marin. La structure s’intéresse particulièrement à la contamination de l’eau, du sédiment et du passage du chlordécone de l’environnement marin aux différentes espèces, le phytoplancton et le zooplancton. Marie-Pierre Halm-Lemeille, déléguée Ifremer aux Antilles avoue qu’ « à l’heure actuelle, il n’existe pas de solution connue. Nous ne sommes pas encore à ce stade là. Ce sont des éléments à développer une fois qu’on aura bien compris les mécanismes de transfert ». Marie-Pierre Halm-Lemeille revient sur les risques pour la population. « Les données de contamination des organismes marins sont réglementées. Nous n’avons pas le droit de consommer des poissons qui ont des taux de contamination supérieurs. » La déléguée explique que c’est la raison pour laquelle, il existe des zones d’interdiction de pêche car elles représentent un risque pour le consommateur.
Le chlordécone est capable de passer de l’eau aux micro-algues ou le zooplancton. Ce mécanisme représente une source d’inquiétude pour l’équipe de l’Ifremer car « ce sont les éléments de base de la chaîne alimentaire. Le phytoplancton et zooplancton vont être mangés par des poissons qui seront eux-mêmes mangés par de plus gros poissons. Maintenant, nous ne connaissons pas l’impact du chlordécone sur la vie ou sur la biodiversité halieutique ».
Laurianne Nomel