France Télévisions va diffuser prochainement le documentaire « Les sœurs Nardal, les oubliées de la négritude » et le 9 mars une avant-première du film est proposée. Un film écrit par Léa Mormin-Chauvac et réalisé par Marie-Christine Gambart. Produit par l’excellente Amélie Juan de chez Morgane Production, avec Catherine Rouault, Une prod à soi
Belle reconnaissance pour ces deux femmes d’exception Paulette et Jane Nardal, toutes premières étudiantes noires de la Sorbonne dans les années 2O et originaires des Antilles, qui figuraient toutes les deux dans le recueil « Portraits de France » remis au Président de la République en 2021 et qui sont au cœur de l’exposition « Portraits de France » (imaginée par le Groupe de recherche Achac et le Musée de l’Homme) qui est désormais en plusieurs exemplaires en diffusion dans toute la France (gratuitement) et actuellement à Rennes (une conférence est programmée cette semaine le 22 février) et à Toulouse (un grand colloque est organisé le 24 février autour de l’exposition).
A découvrir sur le site dédié : https://lnkd.in/gbN_ES3E
De la « Négritude », on connaît les « pères » : Césaire, Senghor, Damas. Mais ce mouvement aurait-il existé sans les sœurs Nardal ?
Ces hommes ont peu évoqué l’influence des sœurs Nardal. Pourtant, ces Martiniquaises, intellectuelles, journalistes et féministes, figures centrales du Paris Noir dans les années 20-30, ont été parmi les premières à théoriser la « conscience noire » et son éveil.
Comme le précise la FME : En 1931, après avoir donné une dizaine de papiers au périodique parisien La Dépêche Africaine, l’organe du Comité de Défense des Intérêts de la Race Noire elle crée avec le médecin d’origine haïtienne Léo Sajous « La Revue du monde noir », une revue bilingue qui est le prolongement naturel de son salon, et qui ouvre ses colonnes à la Harlem Renaissance autant qu’aux premiers textes d’auteurs venus des colonies. En six numéros, la revue propose des poèmes, des revues de presse, des articles d’actualité et réflexions sur la place des Noirs dans le monde et dans la société coloniale, dont les textes de Paulette elle-même où elle évoque l’importance de redonner aux Noirs leur fierté ou l’expérience des femmes noires en hexagone.
En 1935, elle se mobilise contre l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie. La même année, elle est la seule femme à signer un article dans L’Etudiant Noir, aux côtés des jeunes Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, alors en pleine invention du concept de Négritude. Théoricienne pionnière d’une conscience noire française, elle sera pourtant effacée de l’histoire du mouvement, même si ses fondateurs lui rendirent quelques hommages discrets – Césaire en faisant apposer son nom sur une place de Fort-de-France, Senghor qui écrira « Elle nous conseillait dans notre combat pour la résurrection de la négritude ».