Depuis des siècles, les routes façonnent le paysage et le développement économique de la Martinique. Pourtant, leur histoire et leur impact restent méconnus du grand public. L’ouvrage Le réseau routier de la Martinique – Des routes coloniales aux routes nationales, signé par Gérard Théodose et Yves-Marcelle Richer, se donne pour mission de combler cette lacune. À travers un travail minutieux de recherche et une iconographie riche, il retrace l’évolution des infrastructures routières de l’île et met en lumière leur rôle central dans l’organisation du territoire martiniquais.
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Des routes coloniales aux routes nationales : une histoire de transition
Jusqu’en 1951, les routes martiniquaises relevaient du réseau colonial. Le décret du 8 juillet de cette même année marque un tournant en intégrant l’essentiel de ces infrastructures au domaine de l’État français. Depuis, ces voies, devenues routes nationales (RN), ont connu d’importants aménagements pour répondre aux besoins croissants d’une population toujours plus mobile. Aujourd’hui, elles constituent un maillon essentiel du développement de l’île, facilitant les échanges économiques, les déplacements quotidiens et la structuration urbaine.
Mais au-delà de leur simple fonction utilitaire, les routes de la Martinique sont aussi des témoins de l’histoire. Nombre d’entre elles suivent encore les tracés établis sous la colonisation, reflétant une organisation spatiale héritée de cette époque. L’ouvrage explore cette continuité historique, soulignant l’influence de la colonisation sur la répartition des infrastructures et les conséquences qui en découlent encore aujourd’hui.


Un réseau essentiel mais inégalement réparti
L’un des points forts du livre réside dans son analyse approfondie des caractéristiques du réseau routier martiniquais. Avec seulement 320 kilomètres de routes nationales, soit moins de 10 % du réseau routier total, la Martinique dispose d’un maillage limité, mais structurant. Ce réseau est caractérisé par une organisation en étoile, centrée sur Fort-de-France, un héritage direct de la période coloniale. Cette centralisation, couplée à l’essor démographique et économique de l’île, a entraîné une saturation des axes principaux et des embouteillages récurrents, notamment aux heures de pointe.

L’ouvrage met également en lumière les disparités entre les différentes routes nationales. Certaines, comme l’autoroute A1 reliant Fort-de-France au Lamentin, sont vitales pour l’économie locale, desservant les principales zones industrielles et commerciales. D’autres, à l’image de la RN2 qui longe le littoral abrupt du Nord-Caraïbe, sont plus difficiles d’accès et soumises aux aléas climatiques.

Un patrimoine à préserver et à moderniser
Au-delà de l’analyse technique et historique, Le réseau routier de la Martinique – Des routes coloniales aux routes nationales invite à une réflexion plus large sur la notion de patrimoine routier. Si l’on parle souvent de la préservation du patrimoine architectural ou culturel, les infrastructures routières, pourtant essentielles au quotidien des Martiniquais, sont rarement considérées sous cet angle. L’ouvrage met en avant l’importance de préserver la mémoire des routes, notamment à travers les ouvrages d’art qui les composent, tout en soulignant la nécessité d’adapter ces infrastructures aux défis du XXIe siècle.
La question des transports en commun, du développement durable et de la réduction de la dépendance à l’automobile y est également abordée. Alors que la Martinique fait face à des défis croissants en matière de mobilité et d’aménagement du territoire, cet ouvrage apporte un éclairage précieux sur les enjeux actuels et futurs des routes nationales de l’île.
Un ouvrage indispensable pour comprendre la Martinique d’aujourd’hui
En s’appuyant sur l’expertise de Gérard Théodose, qui a passé quarante ans à entretenir et gérer les routes nationales martiniquaises, et sur l’approche géographique et patrimoniale d’Yves-Marcelle Richer, Le réseau routier de la Martinique – Des routes coloniales aux routes nationales s’impose comme une référence incontournable. Ce livre offre une plongée inédite dans l’histoire et l’évolution des infrastructures routières martiniquaises, tout en invitant à une réflexion sur l’aménagement futur du territoire.
Un ouvrage à mettre entre toutes les mains, des passionnés d’histoire aux professionnels de l’urbanisme, en passant par tous ceux qui empruntent ces routes au quotidien sans en connaître l’histoire.

Yves-Marcelle Richer, une géographe au service du patrimoine
Yves-Marcelle Richer est une géographe engagée dans la valorisation du patrimoine martiniquais. Intéressée par les différentes facettes de l’histoire et de l’aménagement du territoire, elle a rapidement perçu l’importance du réseau routier dans la structuration de l’île.
À travers cet ouvrage, elle met en lumière une dimension souvent négligée : le patrimoine routier. Car au-delà de leur usage quotidien, les routes de la Martinique sont le reflet d’une histoire riche et parfois méconnue. Son objectif ? Sensibiliser le grand public à cet héritage et rappeler que la mémoire des infrastructures est un élément clé de l’identité martiniquaise.
Gérard Théodose, une vie sur les routes de la Martinique
Spécialiste incontesté du réseau routier martiniquais, Gérard Théodose a consacré plus de 40 ans à l’entretien et à l’aménagement des routes nationales. D’abord au sein de la Direction Départementale de l’Équipement (DDE), puis au Conseil Régional, il a parcouru inlassablement les infrastructures de l’île pour veiller à leur bon état.
Passionné par l’histoire et le fonctionnement des routes, il a accumulé des milliers de photos et une connaissance précieuse des ouvrages d’art et des axes structurants de la Martinique. Cet ouvrage est pour lui une façon de transmettre ce savoir unique et de sensibiliser le public à l’importance de ces infrastructures, trop souvent perçues uniquement comme des voies de circulation, sans conscience de leur impact historique et social.
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