Nous étions présents lors de la signature, le 13 octobre 2022, entre la Simar, CDC Habitat et la Collectivité Territoriale de Martinique. Ce qu’il (nous) en est ressorti, c’est une confirmation et une volonté des trois parties, du développement et de l’amélioration globale de l’offre et de la politique du logement au service des habitants de notre pays. Cela notamment et surtout à travers plusieurs points :
- Diversifier les programmes de logements dans les centres-villes et bourgs pour mieux s’adapter à la demande et contribuer à la mixité sociale,
- Construire des résidences jeunes et séniors, afin de pouvoir répondre aux besoins des jeunes actifs à faibles revenus ou des jeunes en situation de précarité, et pour les séniors un meilleur accompagnement de leur parcours résidentiel,
- Accélérer la production de logements sociaux en fluidifiant l’instruction des dossiers de construction et en recourant au plan de relance pour toute opération de construction en difficulté,
- Favoriser les programmes d’accession à la propriété par la création d’une coopérative dont la CTM serait actionnaire majoritaire,
- Lutter contre l’habitat insalubre, dans le cadre d’opérations de rénovation financées par la CTM…
Selon Serge Letchimy, président de la CTM, pour qui 3 priorités supplémentaires s‘imposent (voir dans les 3 questions posées dans un autre article) à savoir la Résorption de l’habitat Insalubre, le développement d’une ingénierie locale et « faire revenir les jeunes » : « La Martinique fait face à de nombreux défis colossaux : départ des forces vives, vieillissement de la population, augmentation des prix de l’immobilier, spéculation, etc. L’accessibilité des Martiniquais à un logement décent, à des prix accessibles et raisonnables, en location ou en pleine propriété est une priorité pour la Collectivité Territoriale. Plus de 12 000 d’entre eux sont en attente d’un logement social sur l’île, dont la part d’habitants touchés par la pauvreté et/ou le chômage est nettement supérieur à la moyenne nationale.
Il est important aujourd’hui de s’impliquer auprès de l’ensemble des opérateurs du logement social martiniquais, dont la CDC Habitat et la SIMAR. »
626 millions d’euros seront investis par la Simar et CDC Habitat d’ici à 2030 pour le logement à la Martinique. B.Ribac
Et pour Bruno Ribac, directeur général de la Simar « la Simar est plus que jamais mobilisée pour atteindre et maintenir un rythme de construction record d’ici 2030 et ainsi répondre aux besoins de logements des Martiniquais ».
Pour Serge Letchimy, il faut « remettre les jeunes en cœur de ville en restaurant le Patrimoine immobilier existant. Cela passera entre-autre par des résidences « in house » pour loger des étudiants. Résidences issues de la rénovation de « dents creuses » ou de maisons délaissées ». La Collectivité Territoriale de Martinique peut mettre sur la table un apport de 60% et une ingénierie d’accompagnement locale. Le complément de financement pourrait se faire avec des organismes comme Action Logement, CDC Habitat ou autres
Cette formule permettra d’accompagner des investisseurs à monter leur opération avec un objectif de 100 logements dans le centre et en périphérie de Fort-de-France, mais pas que. Cela devra se faire aussi au Vauclin, à Macouba, au Gros-Morne, à Schœlcher et toutes autres communes pour les étudiants.
« Si nous continuons ainsi, nous ne serons plus que 250.000 habitants dans 15 ans !!! »
Oui, nous sommes passés de 400.000 habitants à 356.000 habitants, cela devrait faire bondir tout le monde ; et pire, nous aurons 40% de la population qui aura plus de 60 ans et les plus de 70 ans, seront trois fois plus nombreux.
“Il faut tout faire pour éviter cette catastrophe démographique”.
On peut dire pour taquiner méchamment moins il y a de monde plus je suis heureux, mais c’est faux ; moins il y a de monde plus vous êtes malheureux puisqu’il y a dépérissement économique et social.
Pour stabiliser cela, il faut absolument une nouvelle politique démographique. Pour les familles et les jeunes couples, il faudrait dans l’idéal faire au moins 4 enfants ! Mais il faut un accompagnement de politique familiale. Il faut faire revenir et accueillir.
Nous avons déjà des instances qui nous réservent 50, 40, 30 logements puisque nous allons créer ici la Maison du retour et la Maison de la Martinique à Paris, qui seront un véritable relais du « retour au pays ». Il faut les accueillir et les loger. Pour cela il nous faut d’une stratégie d’hébergement provisoire comme cité plus haut. Si chaque société d’HLM en « fournit » 30, nous y serons presque. La personne est installée pendant 6 mois à 1 an le temps de s’adapter, il y a un temps de déstabilisation à intégrer… »
Pour Madame Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat : « C’est 12 millions d’euros déjà investis sur deux quartiers Dillon et Floréal » et de poursuivre : « (…) Pour permettre à la Simar de porter, selon l’ambition de cette convention puisqu’on traite de la diversité de l’habitat et de répondre mieux aux problématiques de l’habitat de la République, que ce soit le vieillissement de la population ou le relogement des jeunes actifs, la revitalisation des bourgs anciens, de l’habitat qui peut être dégradé sur certains de ces centres-bourgs ; mais c’est aussi sur les grands quartiers comme Dillon et Floréal, de mener des études d’aides d’aménagement sur ces quartiers. Dans la convention, il y a déjà eu un investissement de 12.000.000 euros sur ces deux grands quartiers. On apporte notre soutien aussi en moyens de notre filiale, mais ça veut dire aussi qu’on expertise.
Le président de la CTM a beaucoup insisté sur l’ingénierie dans tous ces projets. « Aujourd’hui, nous définissons CDC Habitat comme un opérateur global de l’habitat. Ils disposent de l’ensemble des besoins et y apportent leur expertise. Cela a été le cas du jeune collaborateur du groupe qui est venu s’installer en Martinique pour porter son regard sur tout le champ médico-social pour le développement de nombreux EHPAD. On peut renforcer, mais c’est bien de distinguer les spécificités territoriales et nous sommes très attachés à monter des projets de territoires puisque les réponses, pour nous, sont vraiment différentes en fonction du lieu choisi. Le groupe CDC Habitat représente de l’aide de 50% des logements locatifs sociaux en outre-mer, mais les solutions en Martinique ne sont pas celles de la Guadeloupe, ni celles de la Guyane. Il faut travailler ici pour les quartiers Dillon et Floréal…. ».
Philippe Pied