L’histoire est tissée de récits méconnus qui façonnent pourtant l’avenir des nations. La France et le Brésil partagent un tel chapitre, peu exploré, qui mérite d’être mis en lumière pour comprendre les fondements de leur relation actuelle et les perspectives d’avenir. Découvrez l’histoire fascinante de Daniel de La Touche, seigneur de La Ravardière, navigateur et noble qui, au début du XVIIe siècle, joua un rôle crucial dans l’établissement de la présence française au Brésil, une histoire qui invite à reconsidérer notre vision du passé et ses influences sur le présent et l’avenir des coopérations internationales.
Destinations émergentes et tourisme du futur : où se trouve réellement la fondation de la France Equinoxiale ?
Il y a un consensus au Brésil pour considérer que le navigateur et noble Daniel de La Touche, seigneur de La Ravardière parti de Cancale, n’a pas été correctement étudié et reconnu pour son grand travail réalisé en faveur de la France et du Brésil au début du XVIIème siècle.
Est-ce à cause de ses convictions protestantes? Ou en raison de l’échec du conflit final, lors de la célèbre bataille de Guaxenduba (1614), qui fit du Brésil une colonie portugaise?
Il est vrai que les Gaulois n’ont pas l’habitude d’adorer ceux qui perdent les guerres, mais le cas de Daniel de La Touche au Maranhão est particulier puisque son action a été entravée par les intérêts dynastiques qui se sont joués parallèlement à l’établissement de la Nouvelle France dans le nord du Brésil.
De plus, les conflits d’ordre religieux ont fini par diviser le commandement de la colonie du Maranhão, remis entre les mains de puissants catholiques, comme François de Razilly, rentré en France en décembre 1612 et le cousin de la princesse de Condé, Louis de Pézieux qui, dans son empressement à se montrer en chef aux colons, a pris la tête de la bataille qu’à la suite d’erreurs stratégiques il a perdue, ainsi que sa propre vie.
Le rôle de Daniel de La Touche de La Ravardière a été majeur non seulement pour la France, mais surtout pour le Brésil et le Maranhão. Après la découverte des terres des Guyanes en 1604, où il dut se séparer de ses biens pour explorer l’Amérique à partir de 1612, il fonda les premières villes de la haute région du pays, d’abord dans le Ceara, puis le Para, une immensité représentant près de la moitié du territoire brésilien, dont une bonne partie est située dans la région amazonienne.
Le lieutenant général de France au Brésil et en Amérique du Sud, découvreur et vice-roi des Guyanes (1604), fondateur de la France équinoxiale et de sa capitale Sao Luis (1612), est aussi le fondateur de la première ville du Para Bragance (1613), anciennement terre des Caetes, située au Nord-Est de cet Etat. Au cours du même voyage de reconnaissance, il visita Cameta (à l’époque Caamuta), Pacaja et de nombreuses autres nations établies sur les rives du puissant fleuve Tocantins, à travers lesquelles il avait l’intention d’atteindre des terres plus lointaines, dans la région de Tucano de Maranhao et dans le Araguaia.
La France et le Brésil organiseront en 2025 une Saison France-Brésil. Cette proposition s’inscrit dans un contexte de relance de la relation bilatérale, favorable au développement et à la reprise des coopérations. La Saison France-Brésil coïncide avec la célébration du bicentenaire des relations diplomatiques entre les deux pays (26 octobre 1825).
La Saison devra favoriser dès 2024 le développement de nombreuses coopérations (programmes éducatifs, résidences croisées, recherches, échanges professionnels, initiatives impliquant la jeunesse…) dont les résultats pourront être partagés en 2025, et s’appuyer sur d’importants évènements multilatéraux (Cop30 au Brésil dans un calendrier correspondant aux 10 ans de l’accord de Paris, Conférence des Nations Unies sur les océans à Nice…)
La Saison portera sur les questions de climat et de transition écologique, de démocratie et de mondialisation équitable, de diversité des sociétés et de dialogue avec l’Afrique. En portant une attention toute particulière à la jeunesse, à la formation et aux échanges structurants entre professionnels, la programmation de la Saison pourra répondre au fort intérêt du public et des acteurs culturels pour les questions environnementales dans leurs croisements avec les questions des droits humains, de l’identité et de l’égalité, notamment de genre.
Dans ce contexte, il apparaît utile de relier les chemins de mémoire de la France Equinoxiale d’Henri IV aux grands défis de la relation du XXIème siècle entre la France et le Brésil.
Kevin LOGNONÉ