Quels types d’aides EDF en Martinique porte-t-elle à l’endroit de ses clients les plus fragiles économiquement ? Et quelle relation partenariale est-elle établie entre cette entreprise et nos bailleurs dits « sociaux » ? Luc Wanniarachchi, directeur-adjoint d’EDF en Martinique, répond ici à ces interrogations.
Antilla : Quel accompagnement EDF en Martinique porte-t-elle à l’endroit de ses clients financièrement précaires ?
Luc Wanniarachchi : EDF en Martinique accompagne les foyers à revenus modestes à mieux maitriser leur consommation d’électricité et améliorer leur confort au quotidien. Tout d’abord il y a l’aide au paiement des factures avec le ‘’chèque énergie’ chèque qui remplace le tarif de première nécessité » supprimé fin 2017. D’un montant moyen de 200 euros, il est destiné aux ménages ayant un revenu fiscal limité à un certain plafond, leur permettant ainsi de régler les factures d’énergie ou de financer certains travaux de rénovation énergétique. . Le ‘’chèque énergie’’ est un dispositif de l’Etat envoyé automatiquement par les services de l’Etat entre mars et avril. en 2020, ce chèque a concerné environ 55.000 clients soit près du tiers de nos clients particuliers – avec un taux d’utilisation de l’ordre de 80%, contre 70% en 2018. Comme c’est un dispositif relativement récent, EDF travaille avec les acteurs locaux de la solidarité telle que les travailleurs sociaux, mais aussi des associations et des structures de médiation sociale afin qu’ils assurent des actions de sensibilisation. L’enjeu étant de permettre au plus grand nombre de bénéficiaires de comprendre et d’utiliser leur chèque. Et qu’ils l’utilisent de façon efficace car il y a la possibilité de l’encaisser de façon digitalisée, en allant sur un site internet. Quand les clients font cette démarche sur internet, ils peuvent d’ailleurs cocher la case ‘’pré-affectation’’ ; ce qui fait qu’ils n’auront aucune démarche à faire les années suivantes : le chèque sera automatiquement crédité sur la facture.
Quel montant financier ces ‘’chèque énergie’’ représentent-ils ?
Entre 5 et 7 millions d’euros. Ce dispositif est payé par laContribution au service Public de l’électricité (CSPE) la Contribution au Service Public de l’Electricité, est prélevée sur la facture de tous les clients français et finance ainsi différentes charges de service public dont le chèque énergie.
Quels sont les autres dispositifs à destination de ces clients ?
Toujours sur l’aide au paiement des factures, le deuxième volet d’accompagnement est le ‘’Fonds Solidarité Logement’’ (FSL), qui est piloté par la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et auquel nous contribuons chaque année à hauteur de 66.000 euros. Ce Fonds aide les clients en situation de surendettement global – loyer, factures d’eau et d’électricité – et permet chaque année de soulager environ 300 familles de Martinique. EDF participe aux commissions de ce FSL afin d’étudier les différents dossiers avec la CTM, les opérateurs de distribution d’eau et les bailleurs sociaux. Hormis cette aide au paiement des factures, un autre volet est très important : aider nos clients précaires à mieux maîtriser leur consommation ; c’est ce que nous appelons l’efficacité énergétique. Et sur l’ensemble de nos actions en matière d’efficacité énergétique, 37% des économies générées concernent notre clientèle précaire.
Depuis 2018 nous accompagnons les bailleurs dans l’installation de chauffe-eaux solaires collectifs
Quelle est la relation collaborative d’EDF Martinique avec les bailleurs sociaux ?
Nous avons trois axes de partenariat, au travers de conventions signées. . Premier axe : la sensibilisation aux économies d’énergie, via des ateliers de sensibilisation aux ‘’éco-gestes’’ destinés aux locataires des logements sociaux – sans oublier les clients séniors, pour lesquels nous avons une approche spécifique. Ainsi, depuis 2016 nous avons sensibilisé 11.500 ménages relevant des trois bailleurs sociaux ‘’historiques’’que sont la SIMAR, la SM HLM et OZANAM. Dans ces ateliers il y a tous les gestes : éteindre la lumière, optimiser la ventilation naturelle du logement, ne pas laisser certains appareils en veille, la bonne utilisation et l’entretien des appareils ménagers etc. Nous associons à cela, et c’est le deuxième axe, de la distribution d’appareils : depuis 2016 nous avons ainsi distribué 140.000 ampoules LED – LED qui permet, par rapport à une lampe à incandescence, de diviser la consommation environ par 6 –, nous avons également distribué 5000 LED ‘’A2+’’, qui sont un peu plus performantes et à destination des clients séniors, 10.000 ‘’prises éco’’, afin de sensibiliser nos clients au fait d’éteindre les appareils en veille, et 15.000 kits ‘’hydro-éco’’, qu’on peut brancher sur les robinets pour avoir à peu près le même débit d’eau apparent, mais en réalité environ 40% d’eau en moins qui coule. Le troisième axe partenarial, ce sont les travaux :comment améliorer le bâti, pour que les locataires fassent des économies d’énergie. Depuis 2018 nous avons accompagné 300 logements avec de l’eau chaude sanitaire solaire en collectif et nous avons accompagné 70 logements sociaux en termes d’isolation.
Un objectif de rénover entre 3000 et 5000 points lumineux
Cette amélioration du bâti sera-t-elle également déclinée cette année ?
Absolument. En 2021 nous prévoyons d’accompagner 700logements sociaux – on va donc changer de braquet – pour l’eau chaude sanitaire en collectif, avec les chauffe-eaux solaires, pour l’isolation et pour l’éclairage. Un autre axe sera développé de façon très importante dans les années futures : l’éclairage public relatif aux parcs des bailleurs sociaux. Nous avons un partenariat avec la SIMAR qui sera décliné cette année, avec un objectif de rénover entre 3000 et 5000 ‘’points lumineux’’, de les remplacer par des LED ; ce qui représente une économie de 60% des consommations liées à l’éclairage des parties communes pour ce bailleur social En 2021, nous lançons une nouvelle action en partenariat avec ALOGIA, un groupe spécialisé dans les solutions de prévention santé dans l’habitat, pour les seniors et leurs aidants. L’objectif de cette action est de permettre aux ergothérapeutes de réaliser des diagnostics énergétiques auprès de ce public fragile. Ce réseau d’ergothérapeutes sera formé à proposer ce type de diagnostic aux clients, de façon à proposer un certain nombre d’éco-gestes. Cette démarche est encore expérimentale, et nous débuterons par une expérimentation avec OZANAM, qui a déjà signé pour 80 diagnostics énergétiques à destination de clients en situation de dépendance physique. Cette démarche vient donc ‘’boucler la boucle’’ en quelque sorte : noussensibilisons nos clients aux économies d’énergie, nous passons du discours aux actes en distribuant des LED, des prises anti-veille et kits éco etc., nous travaillons sur le patrimoine bâti, et nous sommes en veille sur les besoins de nos clients via les personnes qui, comme les ergothérapeutes, sont en contact très régulier avec eux.
Propos recueillis par Mike Irasque