Un message d’urgence, mais quelle suite concrète ?
Le passage de Manuel Valls en Martinique, après ses visites en Guadeloupe et à Saint-Martin, et celle toujours en cours en Martinique, a marqué les esprits par son discours volontariste. Vie chère, sécurité, développement économique, démographie en berne : le ministre des Outre-mer a dressé des défis auxquels fait face l’île. Il a promis des actions rapides, un texte de loi contre la vie chère et un engagement renforcé de l’État. Mais alors que son agenda officiel a révélé quelques imprévus, notamment une rencontre hors programme avec le RPPRAC, une question demeure :
Que restera-t-il de cette visite dans les mois à venir ?
Ce soir, il quittera la Martinique après trois journées intenses, où il a multiplié les échanges avec les élus, les acteurs économiques et les représentants de la société civile. Cette dernière journée est donc cruciale : va-t-il annoncer des mesures concrètes avant son départ ? Quelle sera la portée réelle de ses engagements une fois revenu à Paris ?
Un constat lucide et des annonces ambitieuses
Manuel Valls, me semble t-il, a dressé un constat sans complaisance sur la situation de la Martinique : un territoire en difficulté économique et sociale, une jeunesse qui s’exile, une “économie de rente” qu’il juge dépassée et un trafic de drogue gangrénant les institutions. Face à cela, il affirme que l’État ne laissera pas tomber la Martinique et s’engage à agir « vite et fort ».
Parmi les mesures évoquées, la promesse d’un texte de loi pour lutter contre la vie chère s’inspire des travaux parlementaires et des attentes locales. L’accompagnement des transformations économiques, la nécessité d’alléger les contraintes réglementaires et fiscales ou encore la prise en compte de l’histoire coloniale du territoire dans les décisions économiques ont été mis en avant. Mais ce sont des chantiers de long terme. Dans l’immédiat, quelles sont les décisions concrètes que les Martiniquais peuvent espérer voir mises en œuvre rapidement ?
Le ministre a souligné la nécessité d’une action résolue contre le trafic de drogue, un fléau qui gangrène le tissu social et menace l’ordre public. Il a promis des renforts en matière de sécurité, mais :
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Quelles seront les mesures précises ?
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Une hausse des effectifs de police et de gendarmerie ?
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Un renforcement des moyens du renseignement territorial ?
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Des fonds supplémentaires pour la prévention et l’accompagnement des jeunes en difficulté ?
Des annonces, mais quelle traduction dans les faits ?
La Martinique connaît trop bien les visites ministérielles où les engagements pris ne dépassent pas le stade des discours. La rencontre impromptue avec le RPPRAC a d’ailleurs mis en lumière un malaise persistant : les mesures mises en place par le gouvernement sont perçues comme insuffisantes par une partie des acteurs locaux. L’opposition au protocole d’objectifs signé en octobre dernier illustre ce fossé entre les décisions prises à Paris et la réalité du terrain.
L’un des défis majeurs abordés par Manuel Valls est la crise démographique. L’exode des jeunes Martiniquais vers l’Hexagone et l’Europe est une réalité inquiétante. Le ministre a insisté sur la nécessité de créer des opportunités locales pour inciter la jeunesse à rester et à s’investir dans le développement du territoire. Mais cela implique une réforme en profondeur des politiques d’emploi, de formation et d’accès au logement. Ces annonces seront-elles suivies d’actes concrets ?
Sur le plan économique, le ministre a évoqué la fin de l’économie de rente et l’intégration régionale de la Martinique dans l’espace caribéen. Comment cette ambition se traduira-t-elle dans les faits ? L’État accompagnera-t-il réellement les entreprises locales dans leur développement à l’international ? La fiscalité locale sera-t-elle repensée pour favoriser l’entrepreneuriat ?
Enfin, la question environnementale n’a été que brièvement abordée par Manuel Valls. Pourtant, la Martinique est confrontée à des défis majeurs : montée des eaux, gestion des déchets, transition énergétique… Le ministre aurait-il manqué une occasion d’inscrire son action dans une vision durable du développement de l’île ?
Une dernière journée sous haute attente
Alors qu’il lui reste encore quelques heures sur le sol martiniquais, Manuel Valls a une opportunité : donner du concret à ses engagements. Une ultime déclaration, un plan d’action détaillé, une annonce forte sur la vie chère ou sur la sécurité pourraient marquer une réelle différence entre une visite ministérielle classique et une véritable impulsion politique.
Ce soir, en quittant la Martinique, il laissera derrière lui un territoire qui attend des réponses. Le gouvernement tiendra-t-il parole ? Les promesses d’aujourd’hui se transformeront-elles en actions tangibles ?
Manuel Valls a affirmé qu’un tournant historique s’amorçait pour la Martinique et la Guadeloupe. La question reste donc entière :
Cette visite sera-t-elle le début d’une nouvelle dynamique, ou un rendez-vous de plus entre l’État et un territoire en quête de solutions durables ?
Philippe PIED
Un commentaire
Bonjour.
Valls. Du vent. Des mots. Le mensonge permanent. Le dénis du réel. Le salut viendra du privé ou la descente vers le déclassement généralisé continuera.
Bien cordialement.
G. Robin