L’avenir de la Martinique, tel qu’il se dessine aujourd’hui, est une interrogation profonde, nourrie par des crises successives qui fragilisent un peu plus chaque jour notre société. Le mouvement social que nous vivons depuis 2 mois, normalement centré sur la vie chère, ravive des “blessures” anciennes et soulève une question essentielle : Quel avenir ?
Si la revendication contre la vie chère trouve ses racines dans les luttes historiques, notamment celles de 2009, la situation actuelle dépasse largement la simple inflation des prix. Le RPPRAC, tout en mettant en lumière un problème social important, a exacerbé la situation. Leur prise de position, bien que cristallisant la colère de certains Martiniquais, a entraîné des dérives violentes. Les émeutes, les pillages, et la destruction d’entreprises, avec des dommages estimés à près de 100 millions d’euros, ont plongé l’île dans un tourbillon de violence qui nuit gravement à son économie et à son image.
Il est légitime de dénoncer la cherté de la vie, et le RPPRAC a réussi à replacer cette question sur la table des discussions avec un résultat déjà conséquent. Résultat qu’ils n’ont pas souhaité signer contrairement à l’ensemble des autres parties concernées (État, CTM, Élus, Grande distribution, Syndicats professionnels, Entreprises…).
Cependant, leurs méthodes, tant en amont qu’en aval, loin d’apporter des solutions constructives, ont au contraire alimenté la division et l’anarchie, fragilisant davantage une population déjà désabusée. Dans un contexte où la confiance envers les autorités politiques et économiques est déjà érodée, cette explosion de violence n’a fait qu’aggraver la fracture sociale.
À venir, la Martinique doit impérativement se réinventer. La priorité ne réside pas seulement dans la contestation, mais dans la reconstruction d’un modèle économique viable, équitable et pérenne, pour tous.
Au lieu de s’enfoncer dans des luttes stériles, il devient crucial de privilégier des solutions réalistes et durables, qui ne passent pas par la destruction, mais par la construction d’une économie locale robuste et une révision des priorités politiques.
La véritable question demeure :
Voulons-nous vraiment un avenir marqué par la violence et le chaos, ou un avenir où la coopération et la stabilité sont les piliers du progrès collectif ?
Philippe PIED