Laurent Prevost dans la lettre de l’Etat de septembre/octobre 2013 : “L’actualité récente dans notre île a été marquée, ces dernières semaines, par plusieurs faits divers, aux conséquences tragiques pour trois d’entre eux et impliquant des jeunes. Ces faits soulignent une nouvelle fois la prégnance des phénomènes de violences auxquels la Martinique est confrontée depuis plusieurs années. La plupart de ces violences sont commises à l’abri de l’extérieur, dans la sphère familiale ou amicale. Les femmes en sont souvent les premières victimes, et les enfants et les personnes âgées ne sont pas épargnés. Dans le même temps, le nombre de violences crapuleuses, c’est-à-dire commises dans le but de voler, a connu une forte augmentation. La consommation d’alcool, l’usage et le trafic de stupéfiants, la banalisation du port des armes (armes blanches le plus souvent et, dans une moindre mesure, armes à feu) sont des facteurs qui trop souvent facilitent le passage à l’acte violent et aggravent les conséquences.
Face à ces difficultés structurelles, policiers et gendarmes sont pleinement mobilisés pour assurer la sécurité. Grâce au travail d’investigation qu’ils réalisent sous l’autorité du Parquet, ils parviennent à élucider près des deux tiers des violences, permettant ainsi à la Justice de sanctionner les auteurs. Mais l’objectif demeure bel et bien d’empêcher les faits d’être commis, et de réduire ainsi le nombre des victimes. Cela suppose une présence sur le terrain adaptée, tenant compte des lieux et des horaires où se concentrent la plupart des faits; des contrôles ciblés, de jour comme de nuit, réalisés par l’ensemble des services de l’État intervenant dans le domaine de la sécurité; cela passe aussi par des actions de prévention, notamment en milieu scolaire.
Car le traitement des phénomènes de violence n’appelle pas seulement une réponse en termes de sécurité. Quand un jeune perd tout repère au point de vouloir blesser, voire donner la mort pour des motifs futiles, ce n’est plus seulement un problème de délinquance, mais plus largement, un problème de société. Ce sont les notions d’éducation, de respect, de fraternité qui sont mises en cause. C’est l’exercice de la parentalité, c’est la capacité des jeunes à respecter le cadre de la vie collective qui sont questionnés. Pour traiter ces questions, la mobilisation de tous est nécessaire : parents, associations, communauté éducative, experts, élus, État… Et c’est le sens et l’objet du partenariat entre l’Etat et les collectivités engagé fin juillet avec comme objectif de définir d’ici la fin de l’année une nouvelle stratégie conjointe en matière de prévention de la délinquance, ciblée notamment sur les jeunes, que nous présenterons d’ici quelques semaines.