Réunis à Mamoudzou ce jeudi 10 avril, les membres de l’Association des Communes et Collectivités d’Outre-mer (ACCD’OM), sous la présidence de Florence Rolland, maire de La Foa (Nouvelle-Calédonie), ont dressé un constat alarmant de la situation post-cyclone à Mayotte. En l’absence d’aides promises par l’État, les collectivités locales tirent la sonnette d’alarme sur une crise qui s’aggrave, entre infrastructures défaillantes, services publics sous tension et risques sanitaires majeurs.
C’est à l’Hôtel de ville de Mamoudzou que le conseil d’administration de l’ACCD’OM s’est réuni le 10 avril dernier, autour de plusieurs points essentiels à l’avenir des collectivités ultramarines : l’examen des comptes 2024, le bilan du congrès de l’année et le vote du budget prévisionnel 2025. Mais c’est surtout la situation d’urgence à Mayotte, toujours fortement impactée par le cyclone Chido, qui a dominé les échanges.
Le Président de la conférence des Régions Ultrapériphériques (RUP), Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, accompagné de sa vice-présidente Marie-Luce Penchard, a profité de l’occasion pour rencontrer les élus présents et réaffirmer la nécessité d’une solidarité renforcée entre territoires ultramarins. Ce moment d’échange a permis d’évoquer les enjeux communs, dont celui d’une représentation plus forte pour faire entendre la voix des Outre-mer à l’échelle nationale et européenne.
Mais c’est surtout l’état critique de Mayotte qui a mobilisé l’attention. Dans une réunion organisée avec l’Association des Maires de Mayotte, les élus locaux ont exprimé leur lassitude et leur inquiétude face à l’inaction prolongée de l’État. Malgré les annonces de fonds d’urgence à la suite du passage de Chido, aucune enveloppe financière n’a encore été versée aux collectivités, alors que celles-ci ont déjà engagé d’importantes actions de terrain.
Les élus dénoncent un décalage criant entre les réalités du terrain et les données officielles, notamment en matière de population recensée. Une partie importante de la population, non comptabilisée dans les chiffres de l’INSEE, obère les budgets alloués aux collectivités, qui doivent pourtant faire face à une pression sociale et sanitaire grandissante.
L’ACCD’OM, dont la délégation sur place était composée de sa présidente (Nouvelle-Calédonie), de son trésorier (Martinique), de son secrétaire général (La Réunion) et de son équipe administrative, a pu constater l’ampleur des besoins et l’insuffisance des moyens déployés. Elle entend désormais dresser un recensement précis des besoins urgents, en lien avec la Fondation de France, afin de mobiliser des financements complémentaires au profit des communes mahoraises.
Ce vendredi 11 avril, la mission de l’ACCD’OM s’achèvera par une visite de plusieurs sites de stockage de déchets, aménagés en urgence par les communes après le cyclone. Ces zones, censées être temporaires, sont toujours en activité quatre mois après la catastrophe. Les maires alertent sur les risques sanitaires croissants liés à cette gestion devenue durable faute d’alternatives et de soutiens logistiques.
Face à cette crise multidimensionnelle – sociale, sanitaire, budgétaire –, l’ACCD’OM appelle solennellement les autorités nationales à accélérer la mise en œuvre des aides promises et à engager une réponse à la hauteur des enjeux. Mayotte, rappellent ses élus, ne peut être laissée seule face à une catastrophe dont les effets se prolongent dangereusement.
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