« Le cyclone a tout emporté, sauf notre volonté de faire de Mayotte une vraie destination touristique. »
Michel Madi, directeur de l’AaDTM
Réunis à Paris le 17 avril dernier, les représentants du tourisme mahorais ont présenté un plan de relance audacieux face aux ministères. Objectif : redonner espoir à un secteur sinistré par le cyclone Chido et faire du tourisme un levier durable de développement. Analyse d’une stratégie en 30 mesures portée par l’Agence d’Attractivité de Mayotte.
Reportage – Paris, 22 avril 2025
Dans les locaux de la Direction Générale des Outre-mer à Paris, l’ambiance était grave mais déterminée. Autour de la table, les visages de celles et ceux qui incarnent le tourisme mahorais. Leur île, dévastée en décembre dernier par le cyclone Chido, est aujourd’hui à reconstruire. Et pour cela, il faudra aussi relever un secteur touristique à genoux, mais stratégique.
Le constat posé ce jour-là est sans appel. Selon les données dévoilées par l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM), 68 % des infrastructures touristiques ont été endommagées ou détruites, pour un coût des dégâts estimé à 45 millions d’euros. 76 % des entreprises du secteur déclarent un état financier moyen à très mauvais, et les perspectives restent très incertaines malgré la réouverture partielle de certains établissements. « Nous ne pouvons pas laisser ces acteurs isolés, ni perdre le lien entre Mayotte et l’image qu’elle devrait porter dans le monde touristique », affirme Michel Madi, directeur de l’AaDTM.
Un cri d’alerte et un plan structuré
À travers cette conférence de presse, les représentants de l’AaDTM, accompagnés de l’UMIH et des offices de tourisme, ont surtout porté un message clair : le temps de la reconstruction doit aussi être celui de la transformation. Pour cela, ils ont présenté un plan en 30 mesures concrètes, réparties en trois grandes temporalités : les urgences d’avril 2025, les soutiens à l’investissement à moyen terme, et les ambitions structurelles pour 2026 et au-delà.
Parmi les mesures immédiates figurent la distribution de chèques tourisme, le lancement de séjours pour les seniors, ou encore l’aménagement provisoire des pontons détruits. Ces gestes visent à relancer rapidement une fréquentation locale, dans l’attente de conditions optimales pour le retour de visiteurs extérieurs.
Mais c’est surtout sur la durabilité que le plan veut insister. Dès septembre, un programme de digitalisation, de certification au tourisme durable, et la création d’un observatoire dédié verront le jour. Des aides sont également prévues pour accompagner les opérateurs dans la transition écologique et la résilience face aux risques naturels, une nécessité sur un territoire fragile.
Une stratégie territoriale et ambitieuse
Au-delà de la réparation, les ambitions sont claires : faire de Mayotte une destination touristique structurée, reconnue, et tournée vers l’avenir. Pour cela, plusieurs projets d’envergure sont annoncés : quatre pôles hôteliers dans le sud, un Campus du Tourisme régional, une Route touristique du Sud, et le développement d’activités liées au lagon. L’idée ? Valoriser le patrimoine naturel et culturel, tout en créant des débouchés économiques concrets pour les jeunes du territoire.
Cette vision a été formalisée dans un dossier complet transmis aux ministères du Tourisme et des Outre-mer, avec l’espoir d’obtenir un soutien financier estimé à 160 millions d’euros. La feuille de route proposée demande aussi la mise en place d’une gouvernance partagée et d’une ingénierie renforcée, en lien avec Atout France.
La relance oui, mais avec accompagnement
Pour les professionnels du tourisme mahorais, l’attente est forte, mais la méfiance reste palpable. Une enquête réalisée en mars par l’AaDTM montre que de nombreux opérateurs doutent de la sincérité des dispositifs : lourdeurs administratives, manque de clarté dans l’accès aux aides, et délais d’intervention trop longs. Certains témoignages sont amers : « On nous demande toujours de déclarer nos dégâts, mais rien ne suit. » ou encore « Pourquoi cette fois serait différente ? »
C’est pourquoi les représentants de l’AaDTM ont insisté à Paris sur la nécessité d’un accompagnement réel et rapide, ainsi que sur la simplification des démarches. « La reconstruction ne se fera pas sans nous », préviennent-ils.
Vers un tourisme mahorais résilient et réinventé ?
En tirant les leçons des crises successives – sociale, sécuritaire, sanitaire, climatique – qui ont ébranlé l’île ces dernières années, les acteurs du tourisme de Mayotte ne veulent plus seulement “faire revenir” les touristes. Ils veulent bâtir une filière solide, responsable, et ancrée dans les réalités du territoire.
Alors que les ministères étudient les propositions, les regards sont tournés vers l’État. Le cyclone a mis à nu les failles, mais a aussi révélé l’endurance d’un territoire trop longtemps laissé en marge. Pour Mayotte, le tourisme peut être bien plus qu’un levier économique : un projet d’avenir partagé.
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À propos de l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM)
L’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM) est l’organisme chargé de la promotion et du développement du tourisme de Mayotte. Véritable moteur de l’attractivité de l’île, l’AaDTM œuvre pour valoriser les atouts touristiques de Mayotte, en mettant en avant son patrimoine naturel, culturel et gastronomique unique. Son action repose sur un accompagnement dynamique des acteurs locaux du tourisme, en vue de renforcer la visibilité de Mayotte sur les marchés nationaux et internationaux. À travers des initiatives innovantes et une stratégie de communication ciblée, l’AaDTM s’engage à soutenir la relance et à garantir un développement durable et responsable du secteur touristique, tout en contribuant à l’amélioration de l’expérience des visiteurs.