C’est une idée simple, mais à grand potentiel. Régénérer les sols pour mieux capturer le CO2, c’est la solution que présente le documentaire “Mission régénération”, qui est sorti en salles mercredi 9 novembre. En pleine COP27, il rappelle que toutes les solutions doivent être mises en œuvre de concert pour arriver à inverser la courbe du réchauffement climatique. Un film résolument positif qui explique l’impact de l’agriculture sur le changement climatique et présente de nombreuses initiatives partout dans le monde.
“En 2013, nous étions sur le point d’avoir un enfant, et en tant qu’écologistes de longue date, nous avions de sérieuses craintes quant à ce que le monde futur pouvait réserver à notre enfant à naître”, confie le couple de réalisateurs du film, Josh et Rebecca Tickell. C’est alors qu’ils entendent parler du “pouvoir des sols pour réduire le carbone que l’humanité émet dans l’atmosphère”, un sujet porté par une communauté de scientifiques, ONG et agriculteurs engagés, qui est au cœur de leur documentaire “Mission régénération”, sorti en salles le 9 novembre dernier, en pleine COP27.
La première partie du film est un véritable coup de fouet, montrant l’impasse dans laquelle le système alimentaire mondial est engagé. Du labour, qui libère le CO2 enfoui dans le sol, aux pesticides, qui détruisent des écosystèmes précieux pour stocker le carbone, en passant par la désertification qui menace de nombreuses zones du monde, les excès de l’agriculture industrielle sont passés au crible. Mais des solutions existent, et c’est sur ce point qu’insiste le documentaire.
Agriculture régénératrice vs agroécologie
Ainsi, pendant la COP21 en 2015, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a porté l’initiative 4 pour 1000, qui vise à encourager la séquestration du carbone dans les sols par l’agriculture. “Ce programme de recherche international permet de concilier les objectifs de sécurité alimentaire et la lutte contre le réchauffement climatique” expliquait le ministre. De la Chine au Zimbabwe en passant par les Etats-Unis et la France, de nombreuses expériences de travail de la terre pour restaurer les écosystèmes ont fait leurs preuves.
Le documentaire suit la vie de plusieurs personnes engagées pour développer une agriculture respectueuse des sols, tel que Ray Archuleta, un agronome qui s’est donné pour mission de former les agriculteurs américains ou encore Gabe Brown, un agriculteur qui a misé sur la diversification de sa production après avoir connu plusieurs années de destructions des récoltes à cause des sécheresses et des tempêtes.
L’agriculture régénératrice se rapproche de l’agroécologie, mais c’est ce deuxième terme que le rapport “Smoke and mirrors” de l’IPES Food privilégie, alertant sur les risques d’ambiguïté. Selon ce panel d’experts indépendants, l’agroécologie bénéficie d’un plus grand nombre de recherches scientifiques. Il prend aussi en compte les dimensions de gouvernance et de justice sociale. La régénération reste toutefois un terme plus précis que celui des “solutions basées sur la nature”, qui pourrait masquer des pratiques finalement conventionnelles.
Fanny Breuneval @BreunevalFanny