En 2001, il y a donc 23 ans, je publiais aux éditions Ibis Rouge (Guyane) le tout premier Dictionnaire des néologismes créoles. Aujourd’hui, j’en publie une version revue et augmentée aux éditions Orphie (La Réunion). Source : www.raphaelconfiant.com
C’est qu’aucun travail lexicographie n’est jamais terminé et ne peut jamais l’être pour la simple raison que toutes les langues évoluent, s’enrichissent ou au contraire disparaissent. La langue est une sorte d’organisme vivant, étrangement invisible sauf lorsqu’il est couché sur le papier ou sur l’écran d’un ordinateur, mais même dans ce cas, elle demeure insaisissable. Cela n’a jamais empêché les linguistes, les lexicologues ou encore les dictionnaristes de s’atteler à son étude et sa description. C’est même grâce à leur précieux travaux que nous pouvons lire les textes du passé.
Tout dictionnaire se doit donc d’être “revu et augmenté” selon la formule consacrée, ce qui exige, de celui ou celle qui entreprend de le rédiger, abnégation et travail assidu sans que pour autant le grand public mesure ces deux exigences à leur juste valeur. J’avais, ainsi, publié mon Dictionnaire du créole martiniquais en 2007 chez Ibis Rouge et republié chez Orphie 15 ans après soit en 2022.
C’est la même chose que je fais aujourd’hui pour mon Dictionnaire des néologismes créoles. La question des néologismes ou mots nouveaux est devenue cruciale de nos jours pour le créole, cela pour deux raisons : d’abord, le phénomène de traduction de grands textes littéraires en créole (Camus, Montherlant, Céline, Flaubert, Lewis Caroll, Le Clézio etc…) qui oblige le créole à s’ouvrir à s’autres univers que le sien et donc à d’autres désignations et expressions ; ensuite, la nécessité pour le créole de pouvoir exprimer le monde moderne.
Ici, il convient de préciser quelque chose : mes néologismes ne se limitent aucunement aux seuls néologismes martiniquais. Il recense aussi ceux qui proviennent de la Guadeloupe, d’Haïti, de la Réunion, de la Guyane, des Seychelles, de Sainte-Lucie, de la Dominique etc… parce que le créole écrit, contrairement au créole oral, n’est pas et ne doit pas être limité par les frontières dialectales. Il doit, ce créole écrit, pouvoir s’enrichir de toutes les variétés de créole, ce qui facilitera son accession à la “souveraineté scripturale” (Jean Bernabé).