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    Tribunes

    Penser par nous-mêmes. Une tribune de Gustavo Torrès

    mai 13, 2025Mise à jourmai 13, 2025Aucun commentaire
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    Un Nouveau Cursus d’Urbanisme, d’Architecture et d’Aménagement à l’Université des Antilles : Une Réponse Nécessaire.
    Rappel des faits : le 17 octobre 2023 la Collectivité Territoriale de la Martinique et l’Université des Antillessignent une convention d’objectifs et de moyens. Le 30 mai 2024, par la délibération # 2024-23, est créél’Institut d’urbanisme d’architecture et d’aménagement des Antilles (IU3A) dont l’objet, suivant la volonté de la CTM, est de mettre en place une structure capable d’adapter les techniques et pratiques extérieures à notre environnement tropical micro-insulaire. Le 19 mars dernier, le professeur Michel Geoffroy, président de l’UAaccompagné du vice-président pour la Martinique, le professeur Pascal Saffache, inauguraient le nouveau cursus orienté donc sur l’adaptation des connaissances générales en architecture, urbanisme et aménagement à nos réalités socio-historiques et géographiques. À cette occasion le Président du Conseil Exécutif Serge Letchimy a tenu un discours particulièrement engagé auquel répond ici l’architecte Gustavo Torres .

    À propos du nouveau diplôme d’aménagement, d’urbanisme et d’architecture (IU3A) à l’Université des Antilles.

    La raison de vivre, l’Homme l’apprend par les emblèmes, les images, les miroirs…

    … [celui] qui manie les miroirs tient l’Homme à sa merci.

    Pierre Legendre in LA FABRIQUE DE L’HOMME OCCIDENTAL. P. 8

    Éditions des Mille et une nuits, 2003

    Dissipons d’abord les malentendus, les inquiétudes et les fausses espérances : non, il ne s’agit pas d’un Penser par nous-mêmes diplôme « d’architecte » et il n’habilitera personne à signer des permis de construire ni à se prévaloir du titre qui reste protégé et réservé aux détenteurs du diplôme d’architecte (6 à 7 ans d’études) et de l’inscription à l’Ordre .

    La question à laquelle ce cursus tente de répondre est une vielle question de fond : comment nous penser nous-mêmes… ? Cette question, traitée ici sous l’angle de l’architecture, de l’aménagement et de l’urbanisme, mais qui devrait se poser à chaque domaine de nos activités (médecine, agriculture, éducation, droit…) préoccupe le PCE Serge Letchimy et certains d’entre nous depuis bien longtemps sans qu’on ait trouvé jusqu’à maintenant comment y répondre de manière concrète ou du moins durable.

    Voici alors qu’une nouvelle trace s’ouvre.

    Le fait est que jusqu’à présent la formation de nos architectes, urbanistes et aménageurs se passe, comme nous le savons, dans l’hexagone, essentiellement pour des raisons d’échelle (en effet, que ferions-nous d’une école d’architecture locale qui produirait 20 ou 30 nouveaux architectes par an dont on ne saurait très vite comment les alimenter… ?) et ces formations se font sur la base de l’expérience accumulée principalement, sinon exclusivement, par l’Europe, autour deses problématiques à elle, c’est-à-dire : un climat tempéré avec des hivers rigoureux, des matériaux bien identifiés pour ce qui est des productions régionales, et des modes d’application éprouvés, aujourd’hui codifiés dans ce qu’on appelle les DTU (documents techniques unifiés) qui déterminent l’éligibilité à la mise en œuvre (sous la vigilance du bureau de contrôle) et permettent au constructeur de contracter l’assuranceobligatoire.

    Et il en va de même pour ce qui est de la règlementation qui met en musique l’usage de nos sols (SAR, SCOT, PLU, voire les anciens plans de la DATAR…) et nous cantonne ici dans une croissance urbaine faite d’ensembles HLM en rase campagne et de stupides lotissements raquettes… tout en nous empêchant de traiter nos problématiques particulières tels les bidonvilles, les bourgs-fronts de mer, la revitalisation urbaine, les jardins itinérants… entre tant d’autres.

    C’est que la grande France, dans son élan pour convaincre urbi et orbi de ce que sa vision du monde est universelle n’a pas le temps de s’occuper des cas particuliers. Elle ne comprend toujours pas que l’universalité des statuts, des droits et des devoirs ne suppose pas l’uniformité morne de la reproduction ad nauseam du même mais se grandit en se déployant, en s’enrichissant de la diversité foisonnante .

    En attendant, nos jeunes diplômés savent calculer une toiture pour résister à la charge de la neige mais ne comprennent goutte des efforts à tenir en cas de cyclone… Ils passent des mois à faire des détails d’isolations de façades et ne maîtrisent pas les ventilations croisées… ils apprennent à organiser l’espace comme s’il était une surface plane et ne savent que faire d’un monde en 3D… Et lorsqu’ils rentrent au pays, ils doivent tout réapprendre sur le tas, mais sont tout de même tenus d’appliquer les règles de la personne.

    Pas de matériaux qui ne soient pas estampillés CE, pas de mise en œuvre qui ne soit pas répertoriée dans la bible des DTU, pas d’organisation spatiale autre que la propriété privée bourgeoise des quatre bornes, des ambulances et des camions de pompiers…

    Or, il faut comprendre que chaque culture produit une vision du monde qui détermine ses lois et ses institutions, lesquelles anthropisent le territoire en mettant en forme l’espace bâti – par l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement du territoire –  lequel, à son tour – dans le parcourir au quotidien la maison et la ville – revivifie dans le cœur et l’esprit de chacun la manière d’être-au-monde du groupe.

    Aussi, lorsque vous habitez dans des espaces et des règles d’emprunt – ici celui de l’occident moderne – vous ne pouvez pas vous épanouir vraiment et votre monde s’étiole… votre vie se recroqueville et l’on finit isolés dans des appartements isolés conçus pour des familles nucléaires isolées qui n’envisagent ni ne respectent nos besoins…

    Le nouveau diplôme de l’UA cherche essentiellement à corriger ce désordre, à supprimer cette violence.

    Comment s’y prendre ?

    Pour penser par nous-mêmes il nous faut d’abord abandonner la confortable posture de victime et assumer enfin nos responsabilités, sortir de l’aliénation, du saisissement de ne pouvoir aller ni en arrière, en invoquant une inexistante pensée précoloniale, ni en avant de crainte que de manipuler les outils de l’Occident moderne nous ne nous dissolvions en lui…

    Il nous faut donc résister à l’endormissement, au poisson dans la bouche, et créer par nous-mêmes notre mythologie, notre fonctionnement, notre cadre de vie.

    Cette colonie sans colonisés que nous sommes a suffisamment de vies accumulées, de luttes menées, d’expériences vécues, de mésententes partagées… pour largement se permettre de revendiquer une perception du monde à soi, une culture propre. C’est donc dans la complexe et complexée terre de Martinique qu’il faut convoquer et donner forme au « nous ».

    Le temps est venu de collecter nos propres expériences, menées trop souvent individuellement. Il est donc impératif que les architectes, urbanistes et aménageurs de la Martinique soutiennent cette nécessaire ouverture vers nous-mêmes en s’impliquant dans la production d’une documentation de référence, il y a tout de même plus d’un siècle de pratique professionnelle, sans compter la production vernaculaire, qui devra être analysée et travaillée de manière raisonnée afin de la mettre en lumière, la digérer et la transmettre.

    Nous devons entrer enfin dans l’ère de la critique, de l’analyse, de la théorisation et de l’archivage sans quoi les efforts de notre Université resteront vains. Les enseignants ont besoin d’outils et nous avons la responsabilité de leur en fournir pour ce qui concerne chacun de nous. JAN MOUN KA RÉTÉ commence à dater d’être l’un des seuls ouvrages de référence pour notre apprentissage de nous-mêmes.

    Il faut donc s’y mettre illico et commencer à publier, des essais, des thèses, des monographies à propos de ceux qui ont marqué la pratique de notre métier et dont le travail et l’expérience est précieuse aux générations que nous devons former. L’Université doit être moteur et base de lancement de ce travail d’écriture de nous-mêmes en créant un département d’édition dédié…

    Il faudra aussi compiler, entre tant d’autres, les conférences, les articles et les propos échangés entre architectes et urbanistes de la Caraïbe entre 1989 et 2001 lors des passionnantes rencontres régionales annuelles… Ce réseau créé à l’époque est encore là, en attente de réactivation. Car il y a pléthore de facultés d’architecture dans la Caraïbe qui travaillent depuis des décennies sur des problématiques très proches des nôtres, comme il y a tout un monde intertropical qui accumule quantité de connaissances qui nous seraient précieuses. Il nous faut pouvoir accéder à ces expertises. Il nous faut aller à leur rencontre, voir, écouter, toucher, goûter, danser, ce que des femmes et des hommes en situation similaire à la nôtre ont inventé depuis qu’ils se sont pris en main.

    L’ouverture de ce diplôme est bien plus qu’une opportunitéet un défi à nous-mêmes, car nous sommes convaincus que c’est aussi le rôle de l’Université que de concentrer, animer et diffuser la manière dont notre société se pense ; avec l’école et une presse libre elle constitue l’assisse de toute démocratie crédible.

    Pour ce qui est de l’inadaptation du volet réglementaire, des tentatives pour produire des règles « Antilles » ont été faites dans les années 90 mais sont restées marginales en absence de coordination avec les niveaux national et européen. Il faut absolument reprendre ces archives et les consolider avec ceux qui, comme la CERC aujourd’hui, retentent l’expérience…L’idée n’étant naturellement pas de réinventer l’eau chaude mais de travailler à l’adaptation, à la complémentarité, à une collaboration intelligente dans laquelle les échanges iront enfin dans les deux sens. Le laboratoire d’expérimentation qui doit accompagner le cursus IU3A sera un magnifique outil au service de ce faire indispensable.

    Mais ce qu’il y a de plus enthousiasmant dans cette naissance c’est qu’elle préfigure ce qui doit être notre prochain objectif : la création d’un centre de recherche et d’innovation à l’échelle des pays tropicaux, troisième cycle de perfectionnement pour l’ensemble de ceux qui se destinent à exercer dans ces milieux très particuliers.

    Voilà pourquoi j’invite à soutenir cette heureuse initiative qui doit nous aider à assumer l’entière responsabilité de notre être-au-monde.

    Gustavo Torres

    avril 2025

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