L’UNICEF alerte sur la pauvreté persistante des enfants en Outre-mer, soulignant une inégalité criante. Suite à la publication de son rapport, l’organisation plaide pour une action immédiate, proposant des solutions concrètes telles que la facilitation de l’identification des enfants en difficulté. Malgré quelques zones de difficulté, l’UNICEF demeure déterminé à améliorer les perspectives des enfants ultramarins.
Après la diffusion de son rapport sur la pauvreté infantile en Outre-Mers en novembre dernier, l’UNICEF maintient son appel pressant à une action immédiate et décisive. Au cours d’une audition à l’Assemblée Nationale, les données révélées par l’agence ont suscité de sérieuses préoccupations quant aux conditions de vie difficiles auxquelles sont confrontés les enfants dans les départements d’Outre-mer. Le rapport met en lumière une multitude de défis, du mal-logement aux problèmes de santé, en passant par la non-scolarisation et la violence intrafamiliale. Lors de la rencontre, Mathilde Detrez, chargée de plaidoyer Outre-mer, et Jodie Soret, responsable du service des programmes et du plaidoyer, ont répondu aux questions des députés présents. Leur objectif commun était clair : trouver des solutions adaptées pour répondre à la réalité préoccupante que vivent les enfants ultramarins.
Une inégalité entre l’Outre-Mers et la France hexagonale
Les deux femmes ont convergé vers un constat essentiel : une inégalité flagrante persiste entre les territoires d’outre-mer et la France hexagonale. “Actuellement, les enfants en Outre-mer continuent de ne pas bénéficier de la restauration scolaire,” regrette Jodie Soret. “Cela peut être attribuable à des contraintes financières ou tout simplement au fait que l’offre n’est pas disponible. Nous sommes ainsi confrontés à une forme d’inégalité territoriale.”
Parfois, de telles circonstances donnent lieu à des solutions qui peuvent être disproportionnées par rapport à la réalité du problème. “Lorsque les enfants en Outre-mer n’ont pas le temps de manger, on leur offre des collations en guise de solution. En France hexagonale, se poserait-on la question de proposer des collations aux enfants qui manquent de temps pour prendre leur repas ? En fin de compte, ce sont ces enfants qui se trouvent être les plus vulnérables.”
Au cours de l’audition, les deux représentantes de l’UNICEF ont partagé leurs expériences de voyage dans les départements concernés. Elles ont particulièrement évoqué leurs discussions avec les responsables politiques locaux, qui ont exprimé le sentiment constant de devoir faire face à des situations d’urgence. Selon leur point de vue, cette réalité entrave les opportunités de trouver des solutions efficaces pour les problèmes liés à la jeunesse et à l’enfance.“Dans certaines situations, comme celle du logement à Mayotte, il faut savoir travailler dans une logique d’accompagnement, et non d’urgence, comme lorsque les bidonvilles sont détruits,” estime Mathilde Detrez.
Pour atténuer la pauvreté infantile en Outre-mer, l’UNICEF propose des solutions pragmatiques. La première recommandation met l’accent sur la nécessité de faciliter l’identification et le repérage des enfants sans domicile ou mal logés. Ce renforcement des mécanismes permettrait une meilleure orientation des familles vers des logements dignes, s’attaquant ainsi directement à la racine du problème. Une autre initiative clé consiste à adapter les campagnes de sensibilisation, en particulier celles traitant des violences intrafamiliales. Les membres de l’UNICEF ont souligné que les campagnes actuelles, souvent calquées sur des modèles métropolitains, manquent d’efficacité en Outre-mer. L’ajustement de ces campagnes pour les rendre plus contextuelles et adaptées aux réalités spécifiques de chaque territoire vise à accroître leur impact dans la lutte contre les violences familiales.
Observatoire de la non scolarisation
Une autre initiative cruciale évoquée est la mise en place d’un observatoire de la non-scolarisation. Cet outil viserait à fournir une vision globale de la situation de la scolarisation des enfants en Outre-mer et à proposer des solutions adaptées. Les estimations actuelles suggèrent qu’il existe plusieurs dizaines de milliers d’enfants non scolarisés dans ces territoires. La création de cet observatoire représente une réponse proactive pour mieux comprendre les raisons sous-jacentes à cette non-scolarisation, permettant ainsi une intervention ciblée et des solutions appropriées. Cependant, le projet de création d’un tel observatoire reste encore très flou à ce jour.
Malgré certaines difficultés et zones de flou, l’UNICEF persévère dans son engagement à trouver des solutions concrètes pour répondre aux défis persistants et à améliorer les perspectives des enfants en Outre-mer.
Thibaut Charles