Tous les médias de France l’ont annoncé : La découverte a été faite en eaux profondes, à plus de 2 000 mètres, sur le puits Zaedyus, à environ 150 kilomètres au nord-est de Cayenne, ont annoncé les deux pétroliers dans des communiqués séparés. Le forage, mené par la britannique Tullow Oil, y avait débuté en mars. Le champ est exploité par la compagnie britannique Tullow Oil (27,5 % des parts), dans le cadre d’une coentreprise avec Shell (45 %), Total (25 %) et Northpet (2,5 %).
“Ce forage est considéré comme à fort risque mais à fort enjeu”, explique le groupe pétrolier français. En clair, les probabilités de découverte étaient jugées faibles mais avec un potentiel de production important. Selon Shell, il est encore trop tôt pour évaluer les réserves, mais les premiers résultats sont “encourageants”.
“UN POTENTIEL ÉCONOMIQUE MAJEUR”
“La découverte d’hydrocarbures au large de la Guyane annoncée aujourd’hui par la société Tullow Oil pourrait à terme représenter un potentiel économique majeur”, se sont félicités, dans un communiqué commun, les ministres de l’écologie et du développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, de l’industrie et de l’énergie, Eric Besson et de l’Outre-Mer, Marie-Luce Penchard.
Le potentiel du gisement ne pourra toutefois être évalué qu’après de nouveaux forages, ont-ils indiqué. S’ils s’avéraient positifs, il faudrait ensuite installer les équipements d’exploitation nécessaire “ce qui ne pourra se faire avant plusieurs années”. Le gouvernement français s’engage par ailleurs à ce que toutes les garanties possibles de sécurité, notamment en matière environnementale, entourent ce projet, déjà vivement contesté.
“Si une exploitation d’hydrocarbures s’avère possible, l’Etat veillera tout particulièrement à ce que les collectivités, les entreprises locales et plus généralement la population de la Guyane bénéficient des retombées économiques”, ont-ils promis, à l’égard d’un des départements les plus pauvres de France.– Fin de citation du communiqué des ministres.
“UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE POUR LE MONDE DU PÉTROLE”
La perspective de trouver du pétrole au large de la Guyane avait été renforcée par de récentes et importantes découvertes au large des côtes sud-est du Brésil. Les géologues présument que le sous-sol de la côte est de l’Amérique du Sud est similaire à celui riche en hydrocarbures du golfe de Guinée, en Afrique, car les deux étaient reliées avant que les continents ne se forment et dérivent loin l’un de l’autre.
Il y a 100 millions d’années, Amérique du Sud et Afrique ne formaient qu’un, ce qui fait penser aux géologues qu’il y a du pétrole côté américain comme il y en a côté africain. Le puit Zaedyus a été foré dans une structure géologique que l’opérateur Tullow pense être un “miroir” du champ Jubilee, au large du Ghana, où il a découvert quelque 1,4 milliard de barils de pétrole ces dernières années.
“Il y a des milliards de barils de potentiel dans ces champs au Ghana et pour les opportunités de la Guyane française, c’est la même chose voire plus”, espère le directeur exploration de la compagnie pétrolière britannique, Angus McCoss. “C’est une découverte pionnière, nous avons ouvert un nouveau bassin, cela n’arrive pas souvent dans le secteur. C’est une nouvelle géographie pour le monde du pétrole et du gaz”, a-t-il ajouté.
Le responsable en Guyane de Tullow a par ailleurs jugé “intéressante” la qualité des hydrocarbures remontés. “Nous avons remonté hier [jeudi], des échantillons de fluide. Il s’agit d’hydrocarbures liquides, d’une viscosité intéressante, de prime abord suffisamment fluide pour penser que l’écoulement peut se faire”. “Nous avons pénétré une zone de 72 mètres d’épaisseur, dont on ne connaît pas encore l’étendue horizontale”, a-t-il précisé.
La production de pétrole brut française, déjà infime, est tombée ces dernières années à 20 000 barils par jour, selon l’Union française des industries pétrolières (UFIP), soit à peine 1 % de la consommation hexagonale. Et Total a indiqué qu’il souhaitait s’en désengager…
Ecologie
Mais l’espoir d’une nouvelle ressource guyanaise se heurte aux inquiétudes des écologistes, qui soulignent que le forage est très profond, à près de 6 000 mètres sous la surface (2 000 mètres d’eau puis 4 000 m dans le sous-sol océanique).
La Guyane abrite un écosystème fragile, avec notamment une partie de la plus grande barrière de mangroves au monde. Celle-ci serait un cauchemar à dépolluer en cas de marée noire similaire à celle provoquée par l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique en avril 2010, soulignent les défenseurs de l’environnement. Or, le forage guyanais est plus profond encore que Deepwater Horizon.
GHANA : 600 millions de barils de pétrole et 20 milliards de $ pour 2012-2030.
L’on a évoqué l’aspect “miroir” des possibles ressouces guyanaises avec celles situées en face de “nous”, dans le golfe du Ghan et dans l delta du Niger qui “regorgerait” de pétrole. Pour le Ghana, la découverte de pétrole en 2007 par la compagnie pétrolière et gazière Tullow Oil semblait tomber “à pic”: le pays est le deuxième producteur mondial de cacao, exporte de l’or, des diamants, du bois et de la bauxite, mais l’eau potable et l’électricité y sont rares.
La découverte de ce gisement de 600 millions de barils de pétrole, qui déboucherait sur une recette de 20 milliards de dollars pour la période 2012-2030 selon le Fonds Monétaire International, pourrait donc être l’aiguillon du développement du pays.
Rappelons que la consommation annuelle de la France est (environ) de 97 millions de barils par an .
[Image de Une : une raffinerie au Ghana, Accra]