Le clivage politique droite-gauche n’est pas qu’une question d’idées, il est aussi une question de symboles. Depuis la Révolution française, ces deux camps s’opposent, mais pourquoi associe-t-on le rouge à la gauche et le bleu à la droite ? Dans cet article, nous revenons sur l’histoire et l’évolution de ce clivage, avant d’expliquer comment ces couleurs se sont imposées.
À la fin, un film vous sera proposé pour aller plus loin.
Une origine historique liée à la Révolution française
Le clivage entre la droite et la gauche trouve son origine en 1789, lorsque les députés de l’Assemblée nationale constituante se répartissent physiquement en fonction de leurs opinions : les monarchistes et partisans du roi s’assoient à la droite du président de l’Assemblée, tandis que les révolutionnaires prennent place à sa gauche. Ce positionnement spatial, anodin au départ, s’est institutionnalisé pour devenir une grille de lecture politique qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Avec la Restauration (1814-1830), le schéma se renforce : la droite représente les royalistes et les conservateurs, tandis que la gauche incarne les libéraux et les républicains. Cette opposition se cristallise au fil des décennies autour de grandes batailles politiques, comme la séparation de l’Église et de l’État en 1905 ou les luttes ouvrières du XIXe et XXe siècle.
Une opposition idéologique persistante
Si les contours de la droite et de la gauche ont évolué, certains principes fondamentaux restent inchangés :
- La gauche est progressiste et prône des réformes pour davantage d’égalité. Elle défend l’intervention de l’État, la justice sociale et la protection des travailleurs.
- La droite est plus conservatrice, valorisant la stabilité, la hiérarchie sociale et la liberté économique avec une intervention plus limitée de l’État.
Toutefois, les clivages se complexifient aujourd’hui avec l’émergence de nouveaux enjeux comme l’écologie, la mondialisation et l’identité nationale, qui ne se situent pas toujours clairement dans l’un ou l’autre camp.
Mais pourquoi le rouge pour la gauche et le bleu pour la droite ?
L’association des couleurs à ces courants politiques n’a pas toujours été évidente. Historiquement, le rouge est la couleur de la révolution et des luttes sociales. Dès le XIXe siècle, il devient l’étendard des mouvements ouvriers et socialistes, notamment avec la Commune de Paris en 1871 et le drapeau rouge brandi par les insurgés. Cette symbolique est renforcée avec la naissance du Parti communiste en France et la diffusion des idéaux marxistes. Le rouge est donc devenu le symbole des forces progressistes, de la gauche et des luttes populaires.
À l’inverse, le bleu est historiquement associé à l’ordre et à l’autorité, notamment en France où le bleu figure sur le drapeau national aux côtés du blanc et du rouge. Sous la IIIe République, les partis conservateurs et monarchistes adoptent le bleu, qui devient progressivement la couleur des mouvements de droite. Ce choix s’est confirmé au fil des élections et des campagnes politiques du XXe siècle, notamment avec l’adoption de codes couleur dans les médias et les infographies électorales.
Un phénomène international
L’association du rouge à la gauche et du bleu à la droite n’est pas uniquement française. Aux États-Unis, cette distinction est inversée : les Républicains (droite conservatrice) sont rouges, tandis que les Démocrates (centre-gauche) sont bleus. Cette inversion est due aux conventions graphiques des médias américains lors de la couverture des élections présidentielles, notamment par la chaîne de télévision NBC dans les années 1980.
En Europe, la majorité des partis socialistes, communistes et travaillistes arborent le rouge, tandis que les conservateurs, démocrates-chrétiens et libéraux optent pour des couleurs plus sobres, comme le bleu ou le noir.
Un clivage toujours d’actualité
Bien que certains estiment que le clivage droite-gauche est en perte de vitesse, il reste une boussole essentielle pour comprendre la politique française. Les partis évoluent, les idées se transforment, mais les symboles restent. En 2024, les grandes familles politiques françaises s’identifient toujours selon cette grille :
- À gauche : La France Insoumise (LFI), le Parti Socialiste (PS), Europe Écologie-Les Verts (EELV), le Parti Communiste Français (PCF).
- À droite : Les Républicains (LR), le Rassemblement National (RN), et les nouveaux partis de la droite souverainiste.
Les prochaines élections montreront si cette opposition symbolique et idéologique perdure, ou si de nouvelles lignes de fracture apparaissent.
À voir : un film pour approfondir
Pour mieux comprendre l’histoire du clivage droite-gauche et ses implications, nous vous recommandons de visionner “L’Opposition : Histoire d’un Clivage”, un documentaire qui retrace l’évolution de ces concepts en France et dans le monde.