Kamala Harris a accepté jeudi l’investiture “historique” du Parti démocrate pour l’élection présidentielle, espérant battre Donald Trump en novembre prochain et devenir la première femme présidente des États-Unis.
Courrier international
Au long d’un discours de trente-cinq minutes, “le plus important de sa carrière”, Kamala Harris, “deuxième femme à briguer officiellement la présidence des États-Unis pour l’un des deux grands partis, a accepté l’investiture d’un parti enthousiaste et uni autour de sa personne”, et a “appelé à l’unité”, résume El País.
La vice-présidente américaine a promis de “tracer un nouveau chemin” pour les États-Unis et de “dépasser l’amertume, le cynisme et les batailles” qui ont divisé la nation par le passé.
“Je serai une présidente qui nous unira autour des plus grandes aspirations. Une présidente qui dirigera et écoutera. Qui sera réaliste, avec un sens pratique et un sens commun”, a-t-elle lancé, soulignant que la prochaine élection serait “une bataille pour l’avenir de l’Amérique”.
LIRE AUSSI : Présidentielle américaine. Tim Walz, colistier de Kamala Harris, “se présente aux Américains” et accepte l’investiture du Parti démocrate
“Telle une procureure livrant sa plaidoirie finale”, Mme Harris – qui fut notamment la procureure générale de Californie avant de devenir la vice-présidente de Joe Biden – a également “fustigé [Donald] Trump point par point, l’accusant à plusieurs reprises d’avoir pour objectif d’éroder les valeurs démocratiques du pays s’il revenait à la Maison-Blanche”, relève The New York Times.
Partisans en liesse
Mais elle a aussi “présenté sa politique sur l’immigration, les droits reproductifs et les conflits mondiaux”, s’engageant à continuer de soutenir l’Ukraine, et appelant à soulager la souffrance des Palestiniens à Gaza, sans se départir du soutien à Israël et au droit de ce dernier à se défendre, note Politico.
“Pendant qu’elle parlait, une foule compacte de partisans en liesse applaudissait et brandissait des drapeaux américains”, raconte The Washington Post. “Beaucoup portaient du blanc, couleur associée au mouvement des suffragettes”, et “plus de 100 000 ballons rouges, blancs et bleus” ont été lâchés à la fin de son discours, au son de Freedom, de Beyoncé – qui, malgré une rumeur tenace, n’est finalement pas apparue à la convention.
“Ce moment de célébration illustrait la rapidité avec laquelle la fortune des démocrates a changé au cours des deux derniers mois”, du “débat désastreux de Joe Biden” face à Donald Trump aux “luttes intestines autour de sa candidature”, avant “une prompte union derrière Harris après le retrait de Biden, le 21 juillet”, analyse le quotidien américain.
LIRE AUSSI : Politique. Présidentielle américaine : “renversement spectaculaire” des sondages dans trois États clés
Faisant le bilan de ces quatre jours de convention, William McGurn, membre du comité éditorial du Wall Street Journal, reconnaît que “la joie”, invoquée par “presque tous ceux qui sont montés sur scène”, était incontestablement au programme, et que “l’enthousiasme était palpable” dans l’enceinte légendaire des Chicago Bulls.
“La raison” de cette joie ? “Un énorme soulagement parmi les démocrates, passés d’une défaite certaine, avec un Joe Biden obstiné et en déclin, à une possible victoire, selon certains sondages, avec une Kamala Harris beaucoup plus jeune et réinventée.”
Programme encore “flou”
Mais pour l’éditorialiste conservateur, “la nouvelle Mme Harris” tente de “se présenter comme un challenger et non comme la vice-présidente sortante”, pour éviter d’avoir à parler de “son bilan” et esquiver “toute discussion politique sérieuse. Et cela continuera à fonctionner tant que la presse n’exigera pas de réponses à des questions de fond”.
“Nous sommes maintenant dans une nouvelle étape de la campagne”, observe pour sa part Arit John, analyste politique à CNN. “Maintenant que nous avons passé la convention, la pression ne fera que s’accentuer” sur Kamala Harris pour qu’elle “offre plus de contenu, accorde de vraies interviews et participe aux débats. Mais ce soir les démocrates peuvent faire la fête.”
“La Convention démocrate a été un succès, renchérit Jeff Zeleny, un autre analyste de la chaîne américaine. Le parti est uni derrière Kamala Harris. Aucun parti politique n’a jamais réussi un tel exploit – changer de candidat en cours de route – sans divisions ni acrimonie.”
The Atlantic juge tout de même que le programme de la candidate démocrate reste “flou” – tout en reconnaissant que “le flou est politiquement utile”. Les références au “populisme économique plaisent aux progressistes, tandis que les murmures de modération donnent aux centristes le sentiment que rien de bouleversant ne se prépare”, note le magazine. Une combinaison “gagnante. Mais combien de temps cela peut-il durer ?”
Courrier international