Prix de l’Agro-Transformation Locale 2024 : un temps fort pour l’agro-transformation martiniquaise.
Vendredi 21 mars, la remise de ce prix, organisée par le PARM (Pôle Agroressources et de Recherche de Martinique) en partenariat avec Carrefour Martinique, a mis en lumière des entreprises locales audacieuses et innovantes.
Au-delà des récompenses, c’est une vision qui s’est affirmée : celle d’une Martinique capable de transformer ses ressources naturelles en produits à forte valeur ajoutée, tout en créant de l’emploi et en renforçant son autonomie alimentaire.
Des initiatives portées par des femmes et des hommes engagés, souvent à la tête de très petites structures, mais animés par une même ambition : produire ici, avec ce que nous avons, pour mieux nourrir, soigner et valoriser notre territoire.
Et si l’avenir de notre alimentation et de notre développement économique passait justement par eux ?
Une opération simple, mais puissante
Tout est parti d’une idée concrète : récompenser les petites entreprises qui innovent avec les produits locaux. Carrefour a joué le jeu : pour chaque tranche de 20 € de produits locaux achetés en magasin, 1 € a été reversé à un fonds d’aide. Résultat : 12 000 € collectés.
Ce fonds a permis de soutenir quatre lauréats, chacun dans une catégorie : boissons, cosmétique, épicerie sucrée et salée. Un chèque, un trophée, de la visibilité, un accompagnement du PARM. Et surtout, un sacré coup de projecteur sur des initiatives qui méritent d’être connues.
Les 4 lauréats qui font bouger les lignes




Boissons : Le kéfir “Golden Doussè” – Potager des Mornes
Un kéfir artisanal au basilic et à la cannelle, naturellement pétillant, bon pour la flore intestinale, et ultra local. Ce genre de produit aurait pu rester dans une cuisine. Il est aujourd’hui sur les rails d’une commercialisation plus large.
Cosmétique : Lait capillaire au gombo – Alohé
Le gombo, ce n’est pas que pour la soupe. Alohé l’utilise pour nourrir et hydrater les cheveux texturés. Le tout sans produits chimiques. Une vraie innovation, inspirée du jardin créole et des savoirs ancestraux.
Nathan Carriot, ingénieur R&D au PARM, explique :
« On part des usages traditionnels, on vérifie scientifiquement les molécules actives et on crée des produits efficaces. C’est là que la magie opère. »

Épicerie sucrée : Flamme glacée – Le Pâtissier d’Excellence Glaces
Un dessert glacé aux fruits pays et aux épices locales. Une création haut de gamme, pensée comme un bijou comestible. On est loin du sorbet coco du dimanche – ici, on parle d’expérience gustative.
Épicerie salée : Galette manioc-piment – Cerise Péyi
C’est végétal, sans gluten, pratique à cuisiner, et surtout, fait avec amour. Cette galette est la preuve qu’on peut manger sain, local, et rapide.
Le PARM : une ruche où naissent les idées (et les produits)
Ce prix, c’est la partie visible de l’iceberg. Derrière, il y a une structure technique et humaine unique en Martinique : le PARM.
Créé en 2003, basé au Lamentin, le PARM est le centre névralgique de l’innovation agroalimentaire martiniquaise. Ici, on accompagne les porteurs de projet, on teste, on forme, on analyse, on développe.
Katia Rochefort, directrice du PARM, raconte :
« On reçoit entre 160 et 180 demandes par an. Certains viennent avec une idée vague, d’autres avec un produit presque prêt. On les aide à formuler leur concept, tester leur recette, trouver un emballage, valider la qualité, former leurs équipes… C’est du sur-mesure. »

Les outils ? Une halle technologique, deux laboratoires (microbiologie et analyses sensorielles), un plateau d’éco-extraction (pour valoriser les plantes), des ingénieurs, des techniciens, des formations certifiées. Et surtout, une équipe passionnée.

Nicaise Monrose, président du PARM et conseiller exécutif à la CTM, insiste :
« Le PARM est un outil indispensable pour transformer nos richesses locales en valeur économique. C’est une pièce maîtresse de l’autonomie alimentaire. »

Plantes, cacao, miel, fruit à pain : des trésors locaux valorisés
En parallèle du concours, nous avons visité les différents pôles du PARM. C’est là que l’on mesure vraiment le potentiel énorme des productions martiniquaises.
- Le fruit à pain ? Transformé en chips, en conserves, en farine. Une alternative aux féculents importés.
- Le cacao martiniquais ? Fermenté sur place, analysé, profilé. Il a même remporté une médaille internationale.
- Les plantes médicinales ? Étudiées de A à Z. Extraction des actifs, tests biochimiques, transformation en huiles essentielles ou compléments alimentaires. Tout cela à partir de savoirs traditionnels transmis de génération en génération.
Nathan, :
« Nos grands-mères savaient. Nous, on vérifie, on améliore, on adapte. On relie la science et la tradition. »
Des femmes en première ligne
Un autre fait marquant : beaucoup des projets soutenus sont portés par des femmes. Ce n’est pas un hasard. Ce sont souvent elles qui tiennent les fourneaux, les jardins, les recettes de famille. Ce sont elles aussi qui osent se lancer, se reconvertir, tester, apprendre.
Une stratégie claire : produire ici, consommer ici… et pourquoi pas exporter demain ?
Le PARM ne se limite pas à aider quelques TPE. Il a une vision : structurer des filières locales viables, créer de l’emploi, limiter les importations, et faire rayonner les savoir-faire martiniquais ailleurs – dans la Caraïbe, en Europe, au-delà.
Des projets comme BIO-R sur les plantes médicinales, le soutien aux filières comme le cacao ou le miel, les formations professionnelles, les outils de présérie pour limiter les risques des entreprises en démarrage : tout converge vers un même objectif.
« Valoriser ce que nous avons ici. Pas dans dix ans. Maintenant. »,
dit Katia Rochefort.
En résumé : osez, innovez, le PARM vous accompagne
Ce Prix de l’Agro-Transformation Locale 2024 nous a montré une chose : la richesse est déjà là. Dans nos terres, nos idées, notre mémoire collective. Il ne manque que des outils, un peu d’aide, un coup de pouce. Et c’est exactement ce que le PARM offre.
Alors que vous soyez agriculteur, artisan, passionné de plantes ou de cuisine, n’attendez pas d’avoir tout en main pour vous lancer. Allez frapper à la porte du PARM. Vous serez peut-être le prochain lauréat. Ou simplement, le prochain à faire la différence.