Rapport d’information n° 547 (2010-2011) de M. Michel MAGRAS , fait au nom de la commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, déposé le 24 mai 2011
Un rapport d’information du sénateur M. Michel Magras, fait au nom de la commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, déposé le 24 mai 2011, a signalé que la fréquentation touristique est en déclin depuis les années 2000, en raison de la concurrence accrue des autres destinations caribéennes et des problèmes d’instabilité sociale affectant l’image des îles. Le secteur hôtelier est en crise, avec des fermetures massives et des infrastructures obsolètes. De plus, la dépendance au marché « métropolitain » et le manque de formation dans l’accueil constituent des préoccupations majeures.
Ce rapport propose un « tourisme intégré » respectant les spécificités culturelles et environnementales des Antilles, tout en valorisant le potentiel environnemental. Des recommandations concrètes préconisent le renforcement de l’offre hôtelière, la diversification des marchés, la sensibilisation de la population et la promotion de la croisière, notamment en améliorant les liaisons aériennes avec l’Amérique du Nord. Il suggère également d’intégrer la préservation de la biodiversité et des énergies renouvelables dans la stratégie touristique et de valoriser le patrimoine naturel.
Recommandations stratégiques
La diversification des produits touristiques est essentielle pour réduire la saisonnalité et promouvoir une image moderne et respectueuse de l’environnement des Antilles. Rédigé en 2011, ce rapport souligne la nécessité d’un renouvellement stratégique pour revitaliser le tourisme antillais, en tenant compte des spécificités locales et des opportunités environnementales. Un effort collectif est indispensable pour résoudre les problèmes de gestion des déchets et améliorer l’attractivité touristique, avec une meilleure coordination entre les acteurs locaux.
Diagnostic de la crise touristique
Le déclin de la fréquentation touristique remonte à l’an 2000, principalement en raison de la concurrence des autres destinations caribéennes et de l’instabilité sociale affectant l’image des Antilles. L’état alarmant du secteur hôtelier, marqué par des fermetures massives et des infrastructures obsolètes, a été signalé. La dépendance au marché « métropolitain » et le besoin urgent de formation dans l’accueil ont également été soulignés.
Le rapport propose de promouvoir un « tourisme intégré » qui respecte les spécificités culturelles et environnementales, valorise le potentiel environnemental et renforce l’offre hôtelière. Il préconise également la diversification des marchés, la sensibilisation des populations locales et l’amélioration des liaisons aériennes, notamment avec l’Amérique du Sud. L’intégration de la préservation de la biodiversité et des énergies renouvelables, ainsi que la valorisation du patrimoine naturel, sont des priorités.
Le sénateur Magras a formulé des recommandations stratégiques concernant la diversification des produits touristiques et la promotion d’une image moderne, surtout écoresponsable, des Antilles. Il a souligné que, bien que les départements antillais disposent d’un potentiel supérieur à celui de La Réunion, un retard persiste en raison d’une absence de volonté politique freinant leur développement. Malgré des ressources prometteuses telles que la biomasse, le solaire, l’éolien, la géothermie et les énergies marines, les Antilles peinent à valoriser ces atouts. En parallèle, le Grenelle de l’environnement fixe un objectif de 50 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. Le positionnement en tant qu’« îles vertes » pourrait redorer leur image et les distinguer des autres destinations. Des acteurs locaux insistent sur l’importance de mieux valoriser le patrimoine naturel, et plusieurs initiatives récentes visent à promouvoir les richesses naturelles et culturelles, avec un accent particulier sur le tourisme durable.
Préservation du patrimoine naturel
La préservation et la valorisation du patrimoine naturel sont essentielles pour un tourisme durable. Des actions sont nécessaires pour améliorer l’entretien et la mise en valeur des sites naturels, tels que les plages et les mangroves. Cependant, l’absence d’inventaire des sites naturels et culturels constitue un obstacle majeur. La création d’un tel référentiel est jugée indispensable pour mieux connaître et valoriser le patrimoine des Antilles.
Ce rapport se concentre sur la Guadeloupe et la Martinique, deux destinations historiquement touristiques mais en déclin, permettant une analyse approfondie et des recommandations ciblées. Cela évite de diluer les efforts en cherchant à traiter toutes les collectivités ultramarines.
Michel Magras plaide pour un tourisme intégré avec une vision globale impliquant tous les acteurs locaux et une coordination stratégique, notamment à travers des conférences régulières pour élaborer des priorités et orienter les investissements. Le volet environnemental est perçu non seulement comme une contrainte, mais aussi comme une opportunité pour valoriser les destinations ultramarines.
Recommandations concrètes
Le rapport contient des recommandations variées : le renforcement de la priorité politique pour faire du tourisme un pilier économique, une implication accrue des acteurs locaux, et des mesures d’accompagnement par l’État. Il préconise l’amélioration des infrastructures, l’ajustement du dispositif de défiscalisation pour favoriser la rénovation et la modernisation des hôtels, en évitant les dérives passées. Il recommande également de diversifier les clientèles et produits en ciblant des marchés différents, comme les touristes européens, nord-américains, seniors, ainsi que le développement de niches (tourisme d’affaires, événements).
Focus sur la desserte aérienne
Le rapport Magras recommande d’améliorer la connectivité aérienne, notamment en expérimentant une desserte depuis Roissy pour attirer la clientèle européenne. Il suggère aussi d’engager des négociations avec les compagnies aériennes américaines, notamment low cost, pour relancer la fréquentation nord-américaine.
Toutes ces suggestions passent par une sensibilisation de la population locale et l’intensification des actions de formation en langues étrangères, afin de valoriser le secteur touristique et briser la perception historique du service comme une forme de subordination.
À long terme, le rapport insiste sur l’importance d’une stratégie durable, notamment par une défiscalisation prolongée et ciblée sur les projets structurants, tout en équilibrant la croissance économique avec la préservation des écosystèmes locaux. Le sénateur Magras souligne la nécessité de reconnaître les spécificités ultramarines et d’éviter une approche uniforme pour toutes les collectivités. Il plaide pour des solutions adaptées aux contextes locaux, en tenant compte des atouts et des faiblesses spécifiques à chaque territoire.
Conclusion
Ce rapport constitue une base solide pour relancer le tourisme aux Antilles, tout en abordant des problématiques transversales qui peuvent s’appliquer à d’autres régions ultramarines. Il met en lumière les défis et les opportunités du secteur touristique dans les Antilles françaises, en formulant 11 recommandations clés :
1. Formation et sensibilisation :
• Un plan ambitieux pour former les professionnels du tourisme, avec un accent sur la maîtrise des langues étrangères.
• Sensibilisation des populations locales et des acteurs politiques pour adopter une vision stratégique du tourisme.
2. Relance de la croisière :
• Des projets spécifiques pour Basse-Terre et Saint-Pierre, distinguant les croisières d’escale des croisières basées.
3. Valorisation de l’environnement :
• Promotion des Antilles en tant que destination « verte ».
• Intégration de la dimension environnementale dans la politique touristique, notamment contre l’affichage publicitaire invasif.
4. Développement du tourisme durable et diversifié :
• Dépasser l’image traditionnelle des « plages et cocotiers » en offrant des alternatives (tourisme vert, gîtes).
• Structuration de l’offre touristique pour pallier la saisonnalité.
5. Approche ciblée par marchés touristiques :
• Reconquête des marchés spécifiques, notamment canadiens et nord-américains.
• Diversification de la clientèle européenne avec une meilleure connectivité aérienne.
6. Infrastructures et environnement urbain :
• Mise en valeur des espaces urbains et amélioration des infrastructures.
7. Innovation et modernisation :
• Défiscalisation ciblée pour la rénovation hôtelière et gestion de la saisonnalité.
Ces recommandations offrent une vision réaliste et globale pour relancer le tourisme aux Antilles, tout en tenant compte des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Ce rapport mérite d’être pris en considération et lu par tous les acteurs économiques et politiques de ces territoires, tout en étant vulgarisé auprès de la population. Son absence de mise en œuvre explique en grande partie la dégradation continue du tourisme aux Antilles françaises.
Gérard Dorwling-Carter