Le ministre délégué chargé des Outre-mer, Manuel Valls, a présenté ce 10 juin devant les commissions des lois et des affaires économiques de l’Assemblée nationale les grandes lignes des deux projets de loi destinés à poser les bases d’une refondation de Mayotte. Devant les parlementaires, il a reconnu l’ampleur d’une crise « hors norme », marquée par un effondrement des services publics, une insécurité persistante, une immigration clandestine massive, une urbanisation anarchique et une perte de confiance profonde dans les institutions.
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La réponse du gouvernement se veut à la hauteur de l’enjeu : deux textes législatifs sont sur la table. Le premier permettra des mesures immédiates, le second fixera une trajectoire pluriannuelle. Cinq axes sont annoncés : sécurité, éducation et santé, urbanisme, insertion des jeunes et emploi, renforcement de la présence de l’État. Est-ce suffisant ? Peut-on reconstruire un pacte de confiance par la seule loi ?
Manuel Valls appelle à une mobilisation collective, à un engagement de tous les acteurs locaux dans une « conférence territoriale de refondation », et à une mise en œuvre rigoureuse des mesures promises. Mais la méthode fera-t-elle ses preuves là où tant d’autres avant ont échoué ? La population, épuisée, traumatisée parfois, peut-elle encore y croire ?
Le ministre veut tracer un cap : rétablir l’ordre républicain, rattraper les inégalités, préserver l’unité. Il parle d’un « projet de civilisation » pour Mayotte. Un terme fort. Reste à voir si les moyens suivront, si les actes répondront enfin aux discours, et si la parole de l’État, cette fois, tiendra.