« Il n’y a pas de pays heureux sur la ruine. »
Hervé Mariton
Alors que les territoires ultramarins font face à une série de crises économiques, sociales, climatiques et politiques, la FEDOM dresse un panorama préoccupant mais mobilisateur. Sa 619e lettre hebdomadaire met en lumière les défis de reconstruction, de financement et d’adaptation auxquels doivent faire face les Outre-mer.
Nouvelle-Calédonie : urgence à reconstruire
La situation en Nouvelle-Calédonie reste fragile, plusieurs mois après les émeutes du printemps 2024. Dans son édito, Hervé Mariton, président de la FEDOM, rappelle le lien indissociable entre stabilité politique et dynamique économique : sans visibilité institutionnelle, pas d’investissement pérenne.
Pour répondre à l’urgence, un séminaire sur le financement des entreprises s’y tiendra le 16 avril, coorganisé avec le MEDEF et la CCI-NC. Objectif : identifier les mécanismes de soutien pour les entreprises locales en grande difficulté, souvent sous-capitalisées, mal assurées et confrontées à une frilosité bancaire accrue. Un numéro vert est aussi désormais en service pour accompagner les démarches de reconstruction des entrepreneurs.
Mayotte : relance et tensions
En visite à Mayotte, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a annoncé un fonds d’amorçage de 100 millions d’euros, ainsi que le renforcement des infrastructures portuaires et aéroportuaires. La situation y est d’autant plus complexe que s’y mêlent enjeux migratoires, ingérences étrangères (dénoncées par la députée Estelle Youssouffa), et arbitrages sensibles entre développement économique et préservation de l’environnement, comme l’illustre le débat sur la « piste longue » de l’aéroport.
La Réunion, Polynésie, Martinique : des réponses sectorielles
À La Réunion, après le cyclone Garance et une sécheresse dévastatrice, une aide ponctuelle de 385 à 765 €/hectare a été annoncée pour les agriculteurs. La Région a également débloqué des aides exceptionnelles pour les TPE/PME.
En Polynésie, l’urgence s’appelle vie chère. Le gouvernement prévoit la suppression de certaines procédures fiscales complexes, le développement de prêts à taux zéro pour le logement, et des réformes fiscales locales.
En Martinique, c’est le tourisme de croisière qui est mis en avant comme levier économique stratégique. Bruno Mencé, président du Grand Port, a profité du salon Seatrade à Miami pour défendre la place de l’île dans l’économie bleue caribéenne.
Des signaux d’alerte dans plusieurs secteurs
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En Martinique, le secteur du BTP est à genoux : chute d’activité, licenciements, et absence de réponses structurelles.
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Les rhums martiniquais sont menacés par une hausse des droits de douane américains. Le CODERUM demande des mesures d’urgence pour protéger cette filière patrimoniale.
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À Saint-Martin, Air Antilles est en grande difficulté financière. Sa licence d’exploitation a été remplacée par une autorisation temporaire, valable jusqu’au 30 juin.
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À Saint-Barthélemy, un rapport de la CEM dénonce le manque de diversification économique.
Le Parlement mobilisé
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Marcellin Nadeau (Martinique) insiste sur la nécessité d’une adaptation locale de la loi ZAN sur l’artificialisation des sols.
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Davy Rimane (Guyane) souhaite une meilleure intégration des Outre-mer dans les programmes scolaires hexagonaux.
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À Wallis-et-Futuna, le député Mikaele Seo plaide pour la pérennisation des minimas sociaux et la santé.
Et aussi…
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EDF Pulse Antilles-Guyane lance un concours pour soutenir l’innovation locale dans les domaines énergétique, social et environnemental.
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Corsair renforce sa flotte avec des Airbus A330neo pour l’été 2025.
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La Charte sociale européenne sera enfin pleinement applicable en Outre-mer.