Face aux défis, nous adaptons nos moyens pour garantir à chaque élève les meilleures conditions de réussite.
Ce lundi 20 janvier 2025, Nathalie Mons, rectrice de l’académie de Martinique, accompagnée de Mialy Viallet, secrétaire générale, a accueilli la presse pour un point détaillé sur les perspectives de la rentrée scolaire. Ce rendez-vous, qui s’est déroulé au rectorat de Terreville, a permis de dresser un état des lieux de l’éducation en Martinique et de la Rentrée 2025. La présentation a été marquée par des thématiques essentielles : la baisse des effectifs, les moyens d’encadrement, les innovations pédagogiques…
Nous avons aussi voulu en savoir plus sur les séquelles du 1er trimestre 2024/2025, une période troublée par des tensions sociales. Des événements qui ont lourdement pesé sur les élèves, avec des conséquences sur leur présent et leur avenir.
Philippe Pied
Une démographie en déclin qui redessine les priorités
Depuis plusieurs années, l’académie de Martinique fait face à une déprise démographique qui ne faiblit pas. Pour l’année scolaire 2024-2025, les effectifs scolaires s’établissent à 63 228 élèves, soit 659 élèves de moins qu’en 2023-2024. Le détail des effectifs met en lumière une érosion à tous les niveaux :
- 30 797 élèves dans le premier degré,
- 32 431 élèves dans le second degré, dont :
- 16 703 collégiens,
- 13 395 lycéens, parmi lesquels 5 171 en voie professionnelle.
Ce recul démographique affecte directement les postes enseignants, avec une suppression de 21 postes dans le premier degré et 49 postes dans le second degré. Pourtant, la rectrice reste optimiste :
“Ce n’est pas seulement une question de chiffres, mais d’opportunités pour nos élèves. Nous maintenons un taux d’encadrement exemplaire.”
En effet, l’académie affiche un taux d’encadrement de 8,75 enseignants pour 100 élèves, le plus élevé de France, bien au-dessus de la moyenne nationale de 6,13 enseignants pour 100 élèves.
Tensions sociales de 2024 : quelles conséquences pour les élèves ?
Le premier trimestre de l’année scolaire 2024- 2025 a été marqué par des tensions sociales d’une intensité inédite en Martinique, notamment autour des émeutes et grèves qui ont paralysé certains secteurs. Pour les élèves, cette période a été particulièrement difficile. Certains établissements, comme des écoles de Sainte-Thérèse, situés au cœur des affrontements, ont dû fermer leurs portes temporairement.
Les conséquences de ces perturbations sont multiples :
- Absences prolongées : les élèves de certaines zones ont eu des difficultés à rejoindre leurs établissements en raison des blocages des transports scolaires.
- Impact psychologique : vivre dans un contexte de violences urbaines a laissé des traces, notamment chez les jeunes lycéens venant de quartiers fortement impactés par les émeutes urbaines.
Face à cette situation, l’académie a réagi rapidement :
- Un suivi renforcé contre le décrochage scolaire : Un séminaire dédié aux élèves les plus touchés a été organisé pour les aider à retrouver une stabilité. “Nous ne voulons pas perdre une seule génération à cause de cette crise”, insiste Mme Mons.
- Un accompagnement psychologique : Des équipes de psychologues scolaires ont été déployées pour travailler auprès des élèves et des familles les plus affectées.
- Une volonté de sanctuariser l’école : Pendant cette période, les enseignants et le personnel éducatif ont tout fait pour maintenir les écoles ouvertes, sauf dans les zones de danger immédiat.
Malgré ces efforts, la rectrice reconnaît que le travail est loin d’être terminé :
“Nous surveillons de très près les risques de décrochage, en particulier dans les lycées professionnels.”
Des classes plus petites, mais des ambitions plus grandes
La baisse démographique a paradoxalement permis d’améliorer les conditions d’apprentissage. Ce niveau d’encadrement exceptionnel permet à l’académie de mener des expérimentations pédagogiques ambitieuses. Parmi celles-ci :
- Le programme “100 % lecteurs”, destiné à renforcer les compétences en lecture des élèves en difficulté.
- “J’enseigne au CP”, qui cible les classes stratégiques pour prévenir les lacunes dès les premières années de scolarité.
Ces programmes sont déjà couronnés de succès, avec des évaluations nationales de septembre montrant des progrès significatifs.
Lutte contre les violences et climat scolaire
La sécurité dans les établissements scolaires reste une priorité pour l’académie. En 2024, les incivilités ont connu une hausse inquiétante, un phénomène en phase avec la tendance nationale. L’académie de Martinique travaille sur la mise en place plusieurs nouvelles mesures dont :
- Une cellule mobile d’appui, capable d’intervenir rapidement dans les établissements en difficulté.
- Un plan académique pour la confiance et la sécurité à l’Ecole, dont les détails seront dévoilés à la fin du mois.
Parallèlement, des actions de sensibilisation ont permis de toucher 10 000 élèves, notamment sur des thématiques comme la gestion des émotions et le cyberharcèlement. “Nous ne pouvons pas nous contenter de réagir”, explique la rectrice. “Nous devons prévenir les problèmes avant qu’ils ne surviennent.”
Un avenir en construction malgré les défis
Malgré les obstacles, les performances de l’académie restent solides :
- 88 % de réussite au brevet, légèrement en dessous de la moyenne nationale (90,4 %).
- 85,6 % de réussite au baccalauréat, contre 91,4 % au niveau national.
La rectrice conclut en soulignant l’importance de l’éducation pour surmonter les crises :
“Nous devons voir au-delà des chiffres. Nos élèves sont résilients, et notre rôle est de leur offrir un avenir, quel que soit le contexte.”
La Martinique, malgré ses défis démographiques et sociaux, continue de montrer qu’elle sait innover et s’adapter. L’année scolaire 2025 s’ouvre sous le signe de la vigilance et de la mobilisation, avec une académie qui place ses élèves au centre de toutes ses priorités. De la lutte contre le décrochage à la création d’un climat scolaire apaisé, chaque action vise un seul objectif : construire un avenir solide pour la jeunesse martiniquaise.
Mialy Viallet :
Une gestion des moyens adaptée aux réalités locales
Lors du point presse, Mialy Viallet, secrétaire générale de l’académie de Martinique, a insisté sur la nécessité d’une gestion fine et adaptée des moyens pour répondre aux défis éducatifs, tout en tenant compte des contraintes démographiques et sociales.
“Nous sommes confrontés à une équation délicate : moins d’élèves signifie mécaniquement moins de postes, mais cela nous donne aussi l’opportunité d’améliorer le taux d’encadrement, qui est aujourd’hui notre grande force.”
Elle a également souligné l’importance d’un dialogue constant avec les collectivités et les équipes pédagogiques :
“La réorganisation des postes se fait toujours en concertation avec les inspecteurs, les directeurs d’école et les syndicats. Chaque décision est réfléchie pour minimiser les impacts sur les enseignants et optimiser les ressources là où elles sont le plus nécessaires, notamment dans les petites écoles rurales.”
Mme Viallet a aussi évoqué les efforts pour préserver une qualité éducative malgré les tensions sociales de 2024 : “Ce que nous avons vécu l’année dernière est inédit, mais cela a démontré la résilience de notre système éducatif. Nous avons su garder nos écoles ouvertes dans des conditions parfois difficiles, grâce à la mobilisation exemplaire des enseignants et des chefs d’établissement.”
Enfin, elle a conclu sur une note d’engagement :
“L’éducation reste une priorité absolue, et chaque action que nous menons vise à maintenir la Martinique au premier rang en termes de qualité d’enseignement, tout en répondant aux attentes de notre territoire.”