Madiana 2024. Il s’agit du nom de l’exercice militaire qui a pris place pendant cinq jours dans le nord de la Martinique, singulièrement à Saint-Pierre et Morne-Rouge. 250 militaires ont pris d’assaut les communes et évacuer des ressortissants français. Un scénario nécessaire au maintien des savoir-faire. L’évacuation de ressortissants faisant partie des missions des forces armées.
Dans les rues pavées de Saint-Pierre, les coqs déambulent sans être importunés. Les pêcheurs nettoient avec soins les produits de la pêche du jour. Au loin un massif bateau de croisière a jeté l’ancre. Dans ce décor d’une commune tranquille, des rubans jaunes délimitent une zone d’accès à la mer gardée par des hommes en arme. Ce qu’on pourrait prendre pour une scène de crime est en fait une scène de crise. Depuis lundi, les villes de Morne-Rouge et Saint-Pierre voient la vie en kaki. Madiana 2024 a pris place. Cinq jours durant 250 militaires et 250 véhicules prennent part à l’exercice. Le scénario : il faut évacuer des ressortissants français dans un territoire étranger fictif dans lequel des gangs auraient pris le contrôle de certaines zones et mettraient en danger la vie des habitants.
Les forces du 33ème régiment ont commencé par saisir la ville de Saint-Pierre et en chasser les gangs qui en avaient pris le contrôle. Bien que fictive, la prise de l’ancienne capitale ne s’est pas faite au hasard, il s’agissait de sécuriser le port pour évacuer les ressortissants par la mer. Les militaires ont poursuivi leur contrôle sur les axes qui permettaient d’aller de Saint-Pierre à Morne-Rouge.
La suite, c’est le colonel Escat qui la raconte : « Nous avons saisi la ville de Morne-Rouge. Le principe est le même : chasser les gangs qui s’y trouvaient. Une fois que la ville était sécurisée, les ressortissants pouvaient quitter le domicile dans lequel ils étaient réfugiés pour atteindre un point de regroupement que nous avons également sécurisé. » L’évacuation est une des missions des forces armées. Le 33ème régiment a déjà été déployé en Haïti en mars 2024. Madiana 2024 n’est pas une édition unique. C’est un exercice que le 33ème RIMA s’emploie à faire une fois tous les deux ans voire une fois par an. « Il est important de maintenir ces savoir-faire, de s’entraîner en terrain libre au milieu de la population. Cela permet de reproduire des conditions les plus proches de la réalité. »
Si pour certains, Madiana 2024 reste un exercice, l’opération fait des échos pour d’autres comme l’adjudant Sabrina. La militaire a participé à une véritable évacuation plus tôt cette année, en mars. Elle et d’autres militaires ont été déployés en Haïti pour évacuer des volontaires français. « On a été déposés sur Haïti en hélicoptère. Là, j’ai procédé à la fouille. Il y avait du personnel de la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères. Ils pilotaient la manipulation. » L’adjudant le confirme, l’exercice reflète réellement la réalité. Le Centre de découverte des sciences de la Terre s’est transformé en camp militaire. De part et d’autre, des véhicules militaires sont alignés. Ici une tente pour l’accueil des faux ressortissants, là, une infirmerie, et de l’autre côté une tente de restauration.
« Argent liquide? Problèmes de santé ? Produit dangereux ? C’est bon pour moi ! ». Sur la plage dans le bourg de Saint-Pierre, les faux ressortissants français incarnés par des jeunes du RSMA et de la réserve défilent devant l’officier de marine. Tout est contrôlé.
Un peu d’action sur le terrain, le chef du bataillon Gaëtan détaille : « On a conduit une opération amphibie. Le but était de chasser un ennemi plus à l’est en direction de Morne-Rouge où nous avons détruit l’ennemi fictif.” Les riverains étaient aux premières loges pour cette action militaire. Le chef de bataillon souligne l’accueil chaleureux des populations de Saint-Pierre et Morne-Rouge. « C’est agréable de pouvoir travailler au milieu de nos concitoyens. Certes, nous faisons du bruit mais cela permet de leur montrer notre travail qui est parfois méconnu. » Il poursuit : « Nous avons eu droit à beaucoup de sourires et des rencontres avec des personnes âgées ravies de nous voir. »
Laurianne Nomel