Il faut encourager les hommes de Martinique à prendre leur santé en main et à surmonter les tabous liés au dépistage du cancer de la prostate. J’insiste sur la nécessité de la prévention et du dialogue pour réduire les impacts de cette maladie dans la société martiniquaise.
Organisée par Air France dans le cadre des opérations “Movember” dédiées à la santé masculine, le Dr Johan Rose Dite Modestine, urologue et responsable médical du Pôle Cancérologie-Hématologie-Urologie de la Martinique, a pris la parole pour sensibiliser la population au dépistage du cancer de la prostate. Ici, il aborde les spécificités de cette maladie en Martinique, les réticences culturelles au dépistage et les méthodes disponibles pour diagnostiquer cette pathologie souvent silencieuse. Son message est clair :
“La prévention est essentielle pour réduire l’impact de cette maladie chez les hommes martiniquais.”
Informer pour mieux soigner
Le médecin souligne l’importance de vulgariser les informations médicales pour encourager les hommes à prendre leur santé en main. “Quand on est informé, 80 % du travail est fait,” affirme-t-il. Selon lui, la sensibilisation permet de mieux comprendre la maladie et d’encourager les hommes à adopter une démarche proactive face à leur santé.
Une maladie aux répercussions importantes sur la qualité de vie
Le cancer de la prostate touche un organe intimement lié à la sexualité et à la continence, des aspects fondamentaux de la qualité de vie des patients. Johan Rose Dite Modestine explique que cette particularité rend le dépistage difficile pour de nombreux hommes, qui préfèrent souvent ignorer la maladie par crainte des conséquences. “Un homme qui se sent diminué n’est pas motivé à se faire traiter. Souvent, il préfère même ne pas savoir,” indique-t-il. Pourtant, détecter le cancer de manière précoce peut grandement réduire les séquelles et améliorer le pronostic.
Les obstacles culturels au dépistage
En Martinique, de nombreux hommes adoptent une attitude de déni face à leur santé, notamment en raison des tabous entourant le cancer de la prostate. Le spécialiste déplore cette tendance à “faire l’autruche”, qui retarde le diagnostic et augmente les risques. Il rappelle que le cancer de la prostate est souvent asymptomatique à ses débuts, ce qui rend le dépistage d’autant plus crucial. “Fermer les yeux sur la maladie n’empêche pas son apparition,” avertit-il.
Les options de dépistage : PSA, toucher rectal et IRM
Le dépistage repose principalement sur le dosage du PSA (Antigène Prostatique Spécifique) et, si nécessaire, un toucher rectal. Bien que ce dernier soit recommandé, Dr Rose Dite Modestine rappelle qu’il n’est pas obligatoire et que chaque patient peut en discuter avec son médecin pour choisir l’approche qui lui convient le mieux. L’IRM est également un outil important, car elle permet d’obtenir une image complète de la prostate et d’identifier les zones suspectes. Toutefois, pour un diagnostic certain, une biopsie reste nécessaire.
Prévention : un enjeu de santé publique
La prévention est un pilier de la lutte contre le cancer de la prostate. Selon le spécialiste, détecter la maladie à un stade précoce permet de réduire l’impact sur la vie des patients et d’augmenter les options de traitement. “Si l’on peut diagnostiquer un cancer à un stade initial, les traitements sont plus efficaces et moins invasifs,” précise-t-il. Il encourage les hommes de plus de 50 ans à consulter régulièrement leur médecin pour un suivi de leur santé.
Movember : une opportunité pour sensibiliser
Le mois de novembre, également connu sous le nom de “Movember” ou “Novembre bleu”, est une période clé pour sensibiliser le public à la santé masculine. À cette occasion, le Dr Rose Dite Modestine espère que de plus en plus d’hommes martiniquais prendront conscience de l’importance de se faire dépister et de surveiller leur santé. Il rappelle que la sensibilisation peut sauver des vies et que chaque homme doit devenir acteur de sa propre santé.