Joël Navaron PDG SARA ADV

Le 12 avril dernier, la Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles (SARA) fêtait ses 40 ans. Un événement qui rassemblait membres de l’entreprise, partenaires économiques, élus, et représentant de l’Etat. Pour apprécier ensemble le chemin parcouru depuis le démarrage de la raffinerie en Martinique, en 1971. Cap sur histoire, analyses, et ressentis…

 

Beaucoup de gens, issus souvent d’univers différents, s’étaient déplacés en ce début de semaine afin de rendre hommage à la longévité et à l’évolution de la  société depuis sa création en 1969. Et un des premiers facteurs représentatifs de la SARA était originalement donné d’entrée par un homme faisant partie d’une instance chargée de contrôler le juste fonctionnement de cette institution industrielle.

Jean-Luc Lefèvre, Responsable du pôle Risques Accidentels Energie Climat de la DIREN, nous confiait alors : « Cette société atteint peut-être un stade de maturité. Et on voit aujourd’hui qu’un certain nombre de choses sont prises en compte ; que ce soit au niveau économique, environnemental, sociétal… J’ai une idée très positive du travail des cadres de la SARA que j’inspecte régulièrement. La première image positive que j’ai, c’est que l’on croise majoritairement un encadrement antillais. C’est extrêmement important pour moi qui arrivais de métropole et de Guyane. Quand je suis arrivé à la SARA, j’ai rencontré une multitude de cadres, qui sont des Antillais, des hommes de bonne volonté ; et avec lesquels il est très facile et très agréable de travailler. »

Cette volonté de recruter très tôt les têtes pensantes côté technique, chimie et industrie etc., originaires de notre terroir était, il fut un temps pas si lointain (et pas encore révolu, diraient certaines âmes jamais contentes), assez rare pour mériter d’être soulignée. D’ailleurs l’attachement à cette implication dans l’emploi de notre terroir allait même lors de cet événement, à avoir invité symboliquement des employés (souvent bien plus jeunes que leur raffinerie) des trois DFA.

C’était le cas de Mario Bienvenu, 33 ans, Agent d’exploitation qualité, arrivé plus tôt dans la journée en compagnie d’autres membres de la délégation guyanaise comme René-Claude Joséphine (Agent Sécurité Environnement) et Arletty Ho-Bing-Hing (contremaître de maintenance) qui expliquait : « Je suis assez fier d’avoir contribué aux quarante ans, puisque cela fait à peu près 11 ans que je travaille au sein de cette entreprise. C’est émouvant, 40 ans d’une société… qui a connu pas mal de difficultés ces dernières années. On arrive dans une situation calme. Nous allons essayer d’en profiter pour aller vers l’avenir. »

« Tous les cinq ans nous sommes amenés à évoluer »

C’était également celui de Pedro Selgi, Responsable d’exploitation (et adjoint au chef d’exploitation) du dépôt de Guadeloupe : « 40 ans…, ce n’est pas donné à toutes les entreprises, et surtout aux Antilles. Cela montre quelque chose de solide. Une belle longévité. J’ai le même âge que Frédéric, 36 ans, et c’est vrai que nous avons un peu grandi à l’ombre de la SARA… Notamment quand on voulait faire des exposés, etc. Car, avec EDF, et d’autres plus petites industries ; c’est l’une des seules entreprises industrielles des Antilles. Et pour des ingénieurs de nos âges qui souhaitent évoluer aux Antilles-Guyane c’est quasiment une des seules possibilités… ».

Fréderic, justement Dupelin, (Chef de service du laboratoire de la raffinerie martiniquaise), est juste à côté. Il se souvient : « Je suis né en 1975. Je suis un peu un enfant de la SARA, qui existe depuis les années 70… J’ai toujours grandi avec cette envie qui m’a étreint peu après le bac de vouloir intégrer cette entreprise. J’ai commencé mon parcours professionnel en Métropole, ce qui m’a permis d’acquérir un certain nombre de compétence. Et pouvoir, quand j’ai eu cette opportunité, d’intégrer cette entreprise… 40 ans, c’est 40 ans de démonstrations qu’il y a un certain nombre de choses qui sont possibles en Martinique en matière de mise en œuvre d’une entreprise industrielle qui produit quelque chose de local. On produit, chez nous, des carburants. C’est vraiment exceptionnel. Sur l’ensemble du  territoire français, il y a douze raffineries… Et on en a une en Martinique… Pour moi c’est un plus indéniable pour le développement économique local. Je reste fier d’être dans cette entreprise qui offre de bonnes perspectives d’évolution. Cela fait 4 ans que j’y travaille et dans quelques semaines je vais basculer sur un nouveau poste. Donc cela veut dire que tous les cinq ans on est amené à évoluer ; c’est une entreprise qui permet cela. Donc, nous avons beaucoup de chance d’y travailler… »

Non contente de proposer des perspectives d’évolution professionnelles à nos jeunes quand ils intègrent ses locaux, la SARA offrirait régulièrement un coup de main aux jeunes entrepreneurs. L’information est confirmée par Gilles Joseph-Alexandre, Président de la Jeune Chambre Economique de la Martinique (depuis le 1er janvier 2011) : « Oui. Elle accompagne la Jeune Chambre Economique sur l’ensemble de ses projets, et cela depuis déjà un certain nombre d’années. C’est une fierté en tant que jeune Martiniquais d’avoir une telle entreprise qui existe. C’est vrai que la Jeune Chambre Economique est un peu plus âgée, car elle a 50 ans… (Sourire). Mais ce qui est important c’est avant tout le dynamisme que nous ressentons véritablement ce soir. La SARA a encore cet esprit dynamique et entreprenant ». D’autres partenaires plus expérimentés étaient venus saluer la quadragénaire.

Tel Alain Friderici, Chef d’agence en Martinique de la société ST Antilles (Sea-Tankers group) : « La maison mère qui a les bateaux affrétés par la SARA se trouve à Bordeaux. Nous avons deux contrats avec la SARA. Pour le transport des hydrocarbures de la SARA en principe vers Pointe-à-Pitre ; d’autres vers la Guyane. Ainsi que pour les importations de produits. Je m’occupe de tout ce qui est partie maritime de la SARA. J’ai des équipes pour faire le branchement des bateaux, le chargement, le déchargement. Nous nous occupons également de la partie « agence maritime ». Je suis content d’être là au moment de l’anniversaire des 40 ans de la SARA. Et je suis content de travailler ici. Car j’ai quand même un certain âge. Et si je continue à travailler, c’est que j’aime le travail effectué dans ce cadre…»

« Véritable exemple d’intégration. »

Jean-Pierre Hardy, Directeur Général Délégué de Rubis Energie, Président de Rubis Antilles Guyane est encore plus impliqué qu’un partenaire. Car il est Administrateur. Il nous éclaire dans un premier temps sur cette fonction un peu ténébreuse pour les néophytes : « Le groupe Rubis a racheté les actifs de Shell fin 2005. Et dans ce cadre nous avons repris le réseau de stations services Shell composé d’une petite soixantaine de stations services dans les Antilles et en Guyane française et qui  avait 24 % de l’actionnariat de la SARA. Stations Shell qui sont devenus les stations Vito ; avec une volonté d’intégration insulaire. C’était notre baptême, les Antilles-Guyane françaises. C’est la première fois que nous avions une expérience dans les stations services. Et je pense que c’est un essai qui a été bien transformé ». Avant d’aller plus avant dans ses sentiments quant à l’anniversaire fêté : « Je pense qu’au fil de l’eau la SARA a grandi. Je voyais tout à l’heure les images à l’origine. C’est très émouvant parce l’on voit quelques bacs, une unité de distillation au milieu des champs… Aujourd’hui tout s’est construit autour. Et la SARA est pour moi un véritable exemple d’intégration. Parce qu’il y a un savoir faire pétrolier qui est reconnu et partagé dans le monde entier. Mais il y a aussi une implication locale. Et c’est également un vecteur d’intégration pour tous les jeunes ; pour tous les types de postes. De la personne qui est sur la chaîne jusqu’aux techniciens et aux ingénieurs. Je pense qu’on a un rôle d’accompagnement, de formation, de développement qui n’est pas fini… »

 
Manuel Baudoin Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Martinique ADV

Manuel Baudouin, le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique, nous faisait, quant à lui, faire un bond dans l’histoire : « Lorsque la SARA est arrivée, la CCI a joué un rôle très important dans l’implantation de cette unité, puisqu’il fallait reloger un certain nombre de familles qui étaient nécessairement à transporter. Donc la Chambre de Commerce s’est portée acquéreur d’un certain nombre de terrains situés de l’autre côté de l’actuelle autoroute (qui n’existait pas à l’époque) pour permettre ces décasements. Et je dois vous dire que, jusqu’à aujourd’hui, un certain nombre de situations d’échanges de terrain ne sont pas parfaitement régularisées ; et occupent une partie de notre temps ». Avant d’ajouter : « 40 ans, ça se fête. Mais 40 ans, ça se mérite aussi. Le fait d’être aujourd’hui la plus grosse industrie de la Martinique, d’une part, d’autre part de sécréter un produit qui occupe une telle part, finalement, dans le budget de la ménagère populaire, cela confère des devoirs. Des devoirs de transparence, d’explications, et de pédagogie. Je pense que ces devoirs ont été largement accélérés par les évènements de 2009. Qu’aujourd’hui, on est arrivé à une formulation de répercussion de prix qui est mécanique. Je dis ça dans le bon sens du terme… Donc qui ne se prête pas à des manipulations, des contestations, ou des remises en cause. Et, que de ce point de vue, elle est nécessairement plus facilement admissible. Reste à l’expliquer à la population ; pour qu’il n’y ait plus de doute. Et je pense que, du coup, la SARA moderne va retrouver mieux sa place dans le paysage populaire. Qu’à l’époque où, finalement, c’était une entité uniquement industrielle, mystérieuse et mal comprise ».

Un gros effort de transparence

Le préfet Laurent Prévost faisait partie des invités et des intervenants remarqués : « depuis 40 ans s’est construit avec la SARA un outil industriel : cela a été la volonté du gouvernement de l’époque et du Général de Gaule de construire un outil industriel qui garantisse l’indépendance de l’approvisionnement énergétique des Antilles. Cela a été un outil qui a été modernisé, adapté. Qui, aujourd’hui, produit un carburant qui est aux normes européennes ; dans des conditions de sécurité et d’approvisionnement qui ont été reconnues par tous les intervenants de cette soirée. Ensuite, elle a un poids économique qui est incontestable tant dans les emplois directs qu’indirects qu’elle procure. Puis, elle a aussi des enjeux lourds devant elle pour rayonner au-delà du territoire de la Martinique, de la Guadeloupe où de la Guyane : apporter un savoir-faire et des techniques sur l’ensemble de la Caraïbe. C’est un sujet qui a été évoqué pour l’avenir et qui est très important : que cette technologie, ce savoir-faire français puisse s’exporter ; rentrer dans cette logique de dévelopement endogène que l’ensemble des acteurs ici souhaite mettre en place et sur laquelle on va mobiliser le commissaire qui a été nommé récemment. Je crois que ma présence ce soir c’est simplement ce constat d’un rôle et du poids qui est joué. Et puis c’est aussi une manière de redire les efforts de transparence qui ont été faits sur le problème des prix des carburants. C’était un gros sujet de discussion, il y a deux ans. Dire clairement aux acteurs politiques, comme économiques, ce que ça rapporte, mais aussi ce que ça coûte d’avoir la SARA. C’est aussi cet effort de transparence qu’il faut saluer ».

« Chercher de nouvelles voies de développement »

Les mots de la fin étaient donnés par deux personnages incontournables de l’entreprise. D’abord, André Armougon, son Secrétaire Général qui, les yeux pensifs, nous parlait de son sentiment face au chemin parcouru : « C’est à la fois un sentiment de satisfaction et d’humilité. 40 ans d’activité industrielle aux Antilles pour une entreprise comme la SARA, c’est une réalisation collective d’une dimension importante à notre échelle, celle de la Martinique. C’est un progrès important dans le développement de la culture technique, scientifique, industrielle, des relations sociales, etc. Le travail en trois huit continu, les innovations technologiques, le dialogue (avec les clients, les riverains, les autorités, les partenaires sociaux) aussi. C’est une construction qui est très importante et qui mérite d’être appréciée à sa juste valeur ».

D’enfin Joël NAVARON, son Président Directeur Général : « Le sentiment aujourd’hui est un sentiment de fierté du service accompli. D’être arrivé à amener l’outil SARA après sa création, jusqu’où il est aujourd’hui… Un travail de femmes et d’hommes qui permit d’un point de vue technique, personnel, humain de livrer pendant 40 ans les carburants des Antillais et guyanais ; dans une norme de qualité importante, européenne. En quantité quelles que soient les crises locales, nationales. Les défis sont toujours pareils : respecter les normes, toujours. Produire plus. Chercher de nouvelles voies de développement ; donc participations à des aventures d’énergies renouvelables. Toujours maintenir la cohésion à l’intérieur de la SARA ; pour satisfaire la population locale en qualité et en quantité ».

Texte et photos

Annick de Vassoigne.

 

SARA : Les dates clés

1969 : Création de la Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles

Début des travaux de construction de la raffinerie en Martinique

1970 : Démarrage du Dépôt de Jarry (Guadeloupe)

1971 : Démarrage de la Raffinerie (Martinique)

1982 : Mise en service du Dépôt de Degrad-des-Cannes (Cayenne-Guyane)

De nombreux investissements ont, par la suite, accompagné le  développement de la société.

1991 : Construction du pipeline transportant du kérosène entre la Raffinerie et l’aéroport du Lamentin (Martinique)

1994 : Extension du Dépôt de Jarry

Construction du pipeline transportant du kérosène entre le Dépôt de Jarry

et l’aéroport du Raizet (Guadeloupe)

1995 : Extension de la raffinerie avec la mise en service de la nouvelle unité  d’hydrodésulfuration des gazoles de Sulferox : unité de récupération du soufre dans les gaz combustibles

1996 : Mise en service : Du nouveau Laboratoire Blast-resistant

Des turbines à gaz : unité de production d’électricité

2000 : Mise en service du nouveau Dépôt de Kourou (Guyane)

Fermeture du Dépôt de Sainte-Thérèse (Fort-de-France, Martinique)

2001 : Mise sous talus des sphères de butane (Martinique)

Mise en place d’unités de Récupération des Vapeurs (Martinique  et Guadeloupe)

2004 : Démantèlement du Dépôt de Sainte-Thérèse (Fort-de-France, Martinique)

2005 : Mise en place d’une Unité de Récupération des Vapeurs au Dépôt de Degrad-des-Cannes (Guyane)

2006 : Installation de la nouvelle colonne de distillation pour la fabrication des essences (projet “Raffinage des Essences”)

Nouvelle Pomperie “Eau-de-Mer” à la Raffinerie

2007 : Mise en service de la colonne raffinage des essences et de nouveaux stockages (Martinique).


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