Cette année cet anniversaire a peu de chances de passer inaperçu. Et les HUIt fusillés de 1871, pourront être honorés. Le texte des six organisations…
“SEPTAMM 70, AN PAJ ISTWA NOU, POU PA BLIE !
Tous et toutes, samedi 21 septembre 2013 – Maison des syndicats à 17 h.Histoire et Gloire à l’insurrection du Sud ! Qu’en a-t-il été de la lutte pour la terre ?
Hommage aux 8 fusillés de décembre 1871 au Polygone de Desclieux !
“Il est réconfortant que décidemment chaque année, nous nous rassemblions pour redonner force à la connaissance de cet événement. On l’a fortement méprisé et on a voulu nous le faire oublier.
22 ans après l’abolition de l’esclavage arrachée par nos ancêtres, ceux des colons békés (les plus nombreux) encore partisans de la servitude, étaient arrivés avec le soutien du gouvernement français à imposer une situation féroce pour les nouveaux prolétaires. C’étaient la loi sur le vagabondage, les ateliers de discipline pour les anciens esclaves non soumis, le livret et le passeport pour se fixer durablement aux champs de cannes du Béké. Etaient mis en place aussi l’impôt personnel réservé aux seuls anciens esclaves, l’immigration aussi horrible que la traite négrière avec la déportation de Congos, Indiens et Chinois. L’administration coloniale et la classe dominante pratiquaient une justice à deux vitesses avec d’un côté les Noirs, les Indiens, les Chinois et attribuaient des privilèges pour les Blancs non seulement dans les pratiques mais même dans les lois et décrets.
A partir de 1852, donc moins de 4 ans après l’émancipation, le régime est ouvertement raciste, totalement ségrégationniste. Il est restrictif de libertés citoyennes et en régression sur la question de l’école puisqu’on en ferme au lieu d’en créer dans un pays à 75% analphabète. Les plus arrogants des colons affichent clairement leur soutien à un régime monarchique qui rétablirait l’esclavage. Ils font flotter le drapeau blanc du roi Louis XVI exécuté par la révolution en 1793, ils détestent le drapeau bleu-blanc-rouge et la Marseillaise.
L’émancipation arrachée, les anciens esclaves n’ont obtenu que le statut d’êtres libres mais pas de garanties suffisantes pour leur survie en tant qu’individus indépendants. La terre n’a pas été accordée. Au contraire, pour les fixer à la remorque des propriétaires, on leur permit, en tant que « gens casés », de conserver le jardin (jaden bô kail) ou la parcelle dans les sous-bois (jaden neg), mais à de dures conditions. Il fallait s’engager soit dans les contrats d’association, soit dans le colonat partiaire, à travailler la canne du patron et seulement celle du patron sauf quand il y avait autorisation.
De tout ce que nous avons dit, l’on comprend le mécontentement des masses qui en eurent assez. Le déclic viendra de la scandaleuse affaire Lubin en février 1870, de son procès inacceptable, de sa condamnation au bagne de Cayenne pour un raciste qui l’avait agressé et des provocations de Louis Codé, propriétaire de l’usine de la Mauny.
Les foules du Sud surtout celles et ceux du Marin (commune de Lubin), celles et ceux de Rivière Pilote (commune de Codé), celles et ceux de Sainte Luce en contact étroit avec les communes voisines, vont les premières être sensibilisées au mauvais sort fait à Lubin. Mais bien vite, le Saint Esprit (la plus grosse commune du Sud), le Vauclin, La Rivière-Salée, Le Diamant et Sainte Anne dans la périphérie proche vont aussi se mobiliser quand la situation politique change en France avec la défaite du régime impérial.
VENEZ AVEC NOS ORGANISATIONS REDONNER DE LA FORCE A CE MOMENT FORT DE NOTRE HISTOIRE. VENEZ REDISCUTER DE CE COMBAT POUR LA DIGNITE, POUR LA TERRE, CONTRE L’INJUSTICE, CONTRE LA SEGREGATION. VENEZ SAVOIR POURQUOI NOUS SOUTENONS CELLES ET CEUX QUI ONT « KOUPE KOKO KODE ! ».
HONORONS LES 8 FUSILLES
DU POLYGONE DE DESCLIEUX DERRIERE LA MAISON DES SYNDICATS :
Jules dit Cher Papa BRIANTO
Furcy CARBONNEL
Gustave FULGENS
Louis GERTRUDE
Eugène LACAILLE
Cyrille MICAMORE
Sydney Francisque SALOMON
Louis Charles YOUTTE
CENTRALE DEMOCRATIQUE MARTINIQUAISE DES TRAVAILLEURS (CDMT), CONSEIL NATIONAL DES COMITES POPULAIRES (CNCP) GROUPE REVOLUTION SOCIALISTE (GRS), ORGANISATION PATRIOTIQUE DES AGRICULTEURS MARTINIQUAIS (OPAM), PATI KOMINIS POU LENDEPENDANS EK SOCIALISM (PKLS), UNION DES FEMMES DE LA MARTINIQUE (UFM).
MARTINIQUE : SEPTEMBRE 2013.