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    Home » SULLY CALLY, la mémoire battante : artisan, artiste, militant du tambour martiniquais
    Actualité

    SULLY CALLY, la mémoire battante : artisan, artiste, militant du tambour martiniquais

    juillet 3, 2025Mise à jourjuillet 3, 2025Aucun commentaire
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    Le tambour n’est pas un instrument mort. Il est vivant. Il pulse, il raconte, il unit. Tant qu’on l’entendra résonner, on saura d’où l’on vient. Et ça, c’est inestimable.

    Dans un atelier en bois parfumé aux senteurs de nature et de mémoire, un homme façonne des tambours comme d’autres écrivent des poèmes ou construisent des cathédrales. SULLY CALLY, artiste martiniquais aux multiples vies, est devenu au fil du temps l’un des rares facteurs de tambours de la Martinique. Après une jeunesse marquée par la scène, la musique, le cinéma, les tournées culturelles et l’écriture, il a choisi de revenir à la matière première : le bois. Plus qu’un artisan, il est aujourd’hui un témoin, un passeur, un militant discret mais essentiel de la culture martiniquaise. Entretien avec un homme habité par la mémoire, l’engagement et le tambour.

    Votre vie a commencé loin du tambour. Quels ont été vos premiers pas dans le monde artistique ?
    Je suis né dans un contexte simple, sans moyens, mais avec beaucoup d’amour et d’héritages invisibles. Très jeune, je suis parti en France, comme beaucoup d’Antillais à l’époque. Et c’est là, dans les années 60 et 70, que j’ai commencé à découvrir l’art sous toutes ses formes : la musique, le théâtre, la scène. J’ai été embarqué dans cette dynamique culturelle très forte, où les Antillais en exil se retrouvaient pour créer, chanter, jouer, résister aussi, quelque part. J’ai monté des groupes, participé à des MJC, j’ai même joué dans des films et fait un peu de télé. J’ai beaucoup voyagé, en France, en Guadeloupe, en Guyane, pour faire vivre notre culture.

    Vous parlez souvent de cette époque avec émotion. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
    L’énergie. La fraternité aussi. On était peu, mais on croyait qu’on pouvait tout faire. C’était les débuts des grands mouvements culturels afro-caribéens en métropole. Je faisais partie d’un groupe qui s’appelait Acacia, on se produisait dans des lieux mythiques, à l’hémicycle Gaumont ou ailleurs. On dansait, on chantait, on parlait créole sans honte. C’était une époque où l’on construisait quelque chose. On avait des choses à dire, à revendiquer, à transmettre. C’est cette époque qui m’a formé, qui m’a donné la force.

    Et puis vous vous êtes tourné vers l’écriture. Pourquoi ?
    Parce que je voulais documenter. L’oral, c’est bien, mais ça s’efface. J’ai vu trop de talents disparaître sans laisser de trace. J’ai donc décidé d’écrire, pour rendre hommage. Mon premier livre est sorti en 1981. Ensuite, j’ai réédité un autre sur la Martinique, puis j’ai entrepris une grande œuvre : raconter la vie de 119 musiciens antillais. Un travail immense, qui m’a pris des années. Mais c’est important de nommer, de consigner, de dire qui a fait quoi. L’histoire de notre musique, de nos artistes, ne doit pas être oubliée.

    Et le tambour dans tout ça ? Comment est-il entré dans votre vie ?
    Le tambour était toujours là, en fond sonore. J’ai commencé à en jouer au Groupe Accacia de la MJ C du Gros Morne puis à Paris. Mais c’est beaucoup plus tard, en revenant au pays, que j’ai eu un déclic. En fouillant dans les papiers de famille, j’ai découvert que mes arrière-grands-parents, mon grand-père, travaillaient le bois. Ça a été un choc. Comme un appel. J’ai compris que le bois, c’était dans mon sang. Et j’ai commencé à fabriquer des tambours. Au début pour moi, puis pour les autres. Je me suis formé, j’ai appris la tournure, les techniques de chauffe, les secrets du cintrage. Et peu à peu, c’est devenu mon métier.

    Comment fabrique-t-on un tambour ?
    C’est tout un art. Il faut choisir le bon bois, le travailler, le mouiller, le chauffer pour le courber. Il faut sentir la matière, la respecter. Un tambour, ce n’est pas juste un cylindre avec une peau tendue dessus. C’est une caisse de résonance, un corps vivant. Il y a toute une science derrière, que j’ai apprise en autodidacte, avec des livres, des essais, de l’observation. Et aujourd’hui, je suis capable de faire un tambour en trois ou quatre jours. Mais chaque pièce est unique. Je travaille avec des bois locaux, mais aussi avec des essences venues d’ailleurs, comme le chêne. C’est une combinaison de tradition, d’innovation et de passion.

    Vous avez aussi un rôle important dans la structuration de la filière bois à la Martinique…
    Oui. Je suis Vice président et Administrateur de Fibwa organisme mis en place pour relancer la filière du bois depuis 2 ans, et j’ai été vice-président d’une coopérative autour du bois. C’est important pour moi de ne pas être seulement dans l’atelier. Il faut structurer, partager, sensibiliser. Le bois, c’est une ressource précieuse ici. Mais il faut l’exploiter intelligemment. Le tambour peut être une vitrine pour cette filière. Une manière de relier nature, culture, économie.

    Est-ce difficile de vivre de ce métier aujourd’hui ?
    Très difficile. Il y a peu de débouchés, peu de reconnaissance. Les institutions ne voient pas forcément l’intérêt de soutenir ces savoir-faire. Et surtout, il n’y a pas de relève. Les jeunes ne s’y intéressent pas ou ne savent même pas que ce métier existe. C’est un métier exigeant, qui demande de la patience, de la précision, de la force aussi. Moi, je le fais parce que j’aime ça. Mais je suis inquiet. Si personne ne reprend, ça va disparaître. Comme les maréchaux-ferrants, comme les cordonniers. Un pan entier de notre culture va s’éteindre.

    Avez-vous formé des personnes ?
    Oui, j’ai aidé, conseillé, notamment Jean Charles Jupiter, qui a son atelier à la maison du Bèlè à Sainte-Marie, un jeune artisan très prometteur qui a son atelier à Bellefontaine. Mais il est quasiment seul. Il faudrait une vraie politique de formation, un soutien concret. J’ai proposé des choses. Mais souvent, on me regarde comme un dinosaure. Pourtant, ce que je fais est essentiel. Le tambour est un instrument de résistance, un outil identitaire. C’est notre histoire qui résonne dedans.

    Vous avez parfois des mots durs sur la situation culturelle en Martinique. Pourquoi ?
    Parce que je suis lucide. On parle beaucoup de patrimoine, mais on ne fait pas grand-chose pour le préserver. Il faudrait une politique culturelle forte, connectée au réel. Le tambour, ce n’est pas folklorique. C’est vital. S’il disparaît, c’est notre rapport au monde qui se fragilise. Et puis, soyons francs : il y a un désintérêt. Si la Martinique était indépendante, peut-être qu’on défendrait davantage notre culture. Là, on subit. Et pendant ce temps, nos traditions se perdent.

    Malgré cela, vous continuez avec passion.
    Oui. Parce que c’est ce qui me tient debout. J’ai monté une société, Manufacture Musicale des Îles, qui fait des livres, des disques, des tambours. Je fabrique, je crée, je transmets. Je ne peux pas m’arrêter. C’est ma mission. Et puis j’y crois. Je crois qu’il y a encore des jeunes qui peuvent s’intéresser, s’engager. Il faut leur tendre la main, leur dire que c’est possible.

    Quel message aimeriez-vous faire passer à cette nouvelle génération ?
    Faites quelque chose que vous aimez. Écoutez vos ancêtres. Touchez la matière. Prenez le temps d’apprendre. Et surtout, soyez fiers de qui vous êtes. Le tambour n’est pas un instrument mort. Il est vivant. Il pulse, il raconte, il unit. Tant qu’on l’entendra résonner, on saura d’où l’on vient. Et ça, c’est inestimable.

    Reportage – Textes & photos – Roland Dorival / Philippe Pied


    *Fibois France est l’association qui regroupe et fédère les 12 interprofessions régionales de la filière forêt-bois.

    Interlocutrice privilégiée au niveau national, elle porte une parole commune auprès des pouvoirs publics et des partenaires nationaux.

    Fibois France, le réseau d’interprofessions régionales de la filière forêt-bois, a comme mission de développer des actions interrégionales liées à la forêt et au matériau bois :

    • En favorisant la concertation et l’échange d’informations entre les Fibois.
    • En favorisant et accompagnant la mise en place d’outils, de services et d’actions dans un cadre local, régional, interrégional.
    • En représentant les Fibois auprès des partenaires nationaux de la filière forêt et bois.

     

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