Pour Donald Trump, l’issue de l’élection pourrait se résumer à un choix entre la Maison-Blanche et la prison. La tension de sa campagne électorale, marquée par des attaques personnelles d’une intensité sans précédent, est consciente de ce qui pourrait l’attendre s’il ne parvient pas à l’emporter face à Kamala Harris le 5 novembre.
Dans les derniers jours de cette campagne, Trump, après avoir traité Harris de « plus bête qu’une pierre », a également ciblé Liz Cheney, une républicaine qui a co-dirigé l’enquête sur l’assaut du Capitole du 6 janvier. Trump la considère comme une traîtresse pour avoir confirmé sa responsabilité dans ces événements insurrectionnels. Son soutien affiché pour Harris, tout comme celui de son père, l’ancien vice-président Dick Cheney, ne fait qu’amplifier la rancœur de Trump, qui a même suggéré qu’elle méritait « les douze balles d’un peloton d’exécution », avant que son équipe ne lui conseille de modérer ses propos.
L’élection du 5 novembre représente bien plus qu’un simple scrutin pour Trump. Il espère, à travers le vote des Américains, obtenir une validation indirecte de sa revendication selon laquelle l’élection de 2020 lui a été volée. Il a exprimé à plusieurs reprises qu’une fois élu, il gracierait « les patriotes » condamnés à la suite de l’assaut du Capitole et qu’il intenterait des actions contre ceux qui l’accusent d’avoir facilité cette insurrection.
Cependant, il omet de mentionner que sa deuxième décision en tant que président pourrait être de se gracier lui-même, une manœuvre qui lui permettrait d’échapper à la menace d’une incarcération. En effet, le 26 novembre, trois semaines après le scrutin, il devrait connaître son sort dans l’affaire des paiements comptables falsifiés de la campagne de 2016, où il risque jusqu’à quatre ans de prison, un avant-goût de ce qui l’attend pour les 46 autres chefs d’inculpation qui pèsent sur lui.
Dans le cas où il serait réélu, Trump pourrait éviter les accusations fédérales liées aux émeutes du 6 janvier, mais il ferait face à de plus grandes difficultés pour échapper aux accusations concernant sa tentative de modifier les résultats électoraux en Géorgie, une affaire relevant de la juridiction de l’État, qui n’est pas sous le contrôle du président.
Les ambitions de Trump vont au-delà de ses propres problèmes juridiques. Il laisse entendre qu’il pourrait vouloir contourner les principes démocratiques des États-Unis, se présentant comme le héros face à ce qu’il qualifie d’« ennemis de l’intérieur », qu’il perçoit comme un danger plus grand que celui de la Corée du Nord. Il menace ainsi d’emprisonner tous ceux qu’il considère comme ses adversaires politiques et médiatiques.