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Shania Scotland –
Quatre. Quand on pense au chiffre quatre, on pense aux quatre saisons, aux quatre directions ou même à un carré. Vous n’avez jamais pensé à un ouragan de catégorie 4, mais cela devient de plus en plus une réalité dans les îles des Caraïbes. Beryl, un ouragan de catégorie 4, vient de frapper les Petites Antilles des Caraïbes au cours de la première semaine de juillet et nous savons pourquoi.
Les nuits sont de plus en plus chaudes et il n’y a pas de brise en vue. Les cultures sont trop assoiffées ou trop saturées pour prospérer dans leur élément naturel. Diverses espèces du milieu marin continuent de disparaître et de s’éteindre sans laisser de traces. Qu’avons-nous besoin de savoir d’autre pour nous réveiller ? Quoi d’autre ? Ne voyons-nous pas que le changement climatique nous menace d’un pistolet ?
L’anxiété. L’anxiété est à son comble, et nous nous sentons le cœur serré de juin à novembre de chaque année dans les Caraïbes. Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour nous sentir prêts à faire face à ces événements qui s’intensifient ?
Oui ! La Dominique a une occasion unique de faire partie d’une solution climatique mondiale qui a été présentée à l’Organisation maritime internationale (OMI) à Londres. L’OMI est une agence des Nations unies chargée de s’attaquer à l’une des plus grandes industries de réchauffement climatique au monde : l’industrie du transport maritime international. Cent soixante-quinze pays, dont la Dominique, siègent à l’OMI et délibèrent actuellement sur les moyens de réduire les émissions de l’industrie, notamment en fixant un prix pour ces émissions. Cela signifierait que les entreprises devraient payer une redevance pour chaque tonne de gaz à effet de serre émise par leurs navires.
Cette taxe bénéficie d’un immense soutien, puisque plus de 100 pays à travers le monde l’ont approuvée. L’OMI elle-même a déjà convenu qu’une forme de redevance sur les émissions serait adoptée l’année prochaine, en avril, quel que soit le résultat.
Bien qu’ambitieux, notre gouvernement devrait soutenir la taxe lors du prochain sommet de négociation de l’OMI, qui se tiendra du 23 septembre au 3 octobre à Londres. Une taxe mondiale sur les émissions est nécessaire pour promouvoir la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles dans le transport maritime en augmentant leur prix, tout en rendant les énergies propres et alternatives plus abordables et plus attrayantes. Cela contribuerait à une réduction significative des émissions dont nous avons absolument besoin.
La voix des petites îles a été fortement projetée. Parmi les plus ardents défenseurs d’une taxe de l’OMI figurent nos homologues des Caraïbes et du Pacifique, tels que Belize, Vanuatu, Fidji, les Îles Marshall, les Îles Salomon, Nauru et Tonga, qui ont leur propre proposition de taxe – considérée par les experts comme la plus ambitieuse et la plus respectueuse du climat -, à savoir 150 dollars par tonne de gaz à effet de serre émis par les navires.
La Banque mondiale estime que l’adoption de cette taxe permettrait de générer un financement de 60 à 80 milliards de dollars par an, ce qui pourrait changer la donne pour aider des pays comme la Dominique. Le Belize et les îles du Pacifique proposent de consacrer une grande partie de ces fonds aux petits États insulaires en développement (PEID) et aux pays les moins avancés (PMA), afin de les aider dans la transition nécessaire du transport maritime vers l’absence d’émissions et l’action climatique au sens large. Pour la Dominique, cela pourrait signifier que la pollution causée par les navires qui utilisent nos côtes serait minimisée, que des fonds pourraient être accordés à nos ports afin qu’ils soient mieux équipés pour faire face à l’élévation du niveau de la mer et aux conditions météorologiques imprévisibles, et pour atteindre nos objectifs en matière d’action climatique et de développement durable.
Ce n’est un secret pour personne que le transport maritime est essentiel à la vie des îles. La Dominique a besoin de navires pour importer des denrées alimentaires, des textiles, des batteries, des machines, des véhicules, des appareils électroniques, des meubles, des produits chimiques et des fournitures médicales. En fait, environ 80 % de toutes les marchandises échangées dans le monde sont transportées par bateau.
La pollution causée par les navires est vraiment préoccupante ! Elle contribue à la dégradation des récifs coralliens, ce qui a des conséquences majeures sur le tourisme et l’industrie de la pêche. La Banque mondiale signale que ce secteur subit chaque année des pertes comprises entre 350 et 870 millions de dollars. Le transport maritime est à l’origine d’environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui peut sembler peu, mais qui est encore plus élevé que celui de l’industrie aéronautique.
Malgré tout cela, nous avons laissé le transport maritime polluer en franchise d’impôt, ce qui signifie que le secteur n’est pas tenu de payer une compensation globale pour ses activités polluantes et les dommages qu’il cause à la planète. C’est tout simplement injuste. L’année dernière, les Nations unies ont convenu que le transport maritime devait s’assainir d’ici à 2050, un accord historique auquel la Dominique a fièrement participé. La tarification des émissions est un moyen nécessaire et pratique d’atteindre cet objectif, tout en générant des financements indispensables pour soutenir les pays qui auront besoin d’aide pour la transition énergétique juste, comme la Dominique.
Nous ne savons que trop bien à quel point il est important de maintenir nos revenus et notre commerce. Mais il faut aussi que cette industrie très polluante change si nous voulons enrayer la crise climatique et protéger les générations futures.
Cette taxe ne stimulera pas seulement la Dominique de manière indirecte, mais aussi de manière directe. Elle nous permettra de rester fidèles à notre objectif de résilience et d’adaptabilité. Les enjeux sont importants, car la position de la Dominique dans les Caraïbes, sur l’autoroute des ouragans, l’a rendue vulnérable aux effets du changement climatique.
Il est temps d’investir massivement dans l’adaptation et le secteur du transport maritime doit payer ! Protégeons les 37 économies côtières distinctes auxquelles la mer des Caraïbes contribue. Écoutons l’appel des autres États insulaires et poussons à la conclusion d’un accord ambitieux sur les prélèvements lors du sommet de l’OMI de septembre/octobre, afin qu’il débouche sur une augmentation des investissements dans la durabilité et que nous continuions à montrer l’exemple sur la scène mondiale.