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Drone renifleur SCHIEBEL CAMCOPTER S-100
Nordic-Unmanned – Licence : DR

Les imposants navires de transport qui sillonnent en permanence les mers du globe génèrent une pollution atmosphérique non négligeable mais difficile à contrôler sur le terrain. Pendant l’automne 2020, un drone renifleur a été déployé dans la Manche pour mesurer les émissions d’oxyde de soufre d’une soixantaine de navires. Une première expérimentation prometteuse.

Le transport maritime émet des gaz à effet de serre mais aussi des polluants atmosphériques comme l’oxyde de soufre (SOx), l’oxyde d’azote (NOx) et les particules (PM). Plus le combustible est de mauvaise qualité, chargé en soufre, plus il émet de polluants à la combustion.

Dans le cadre du règlement international MARPOL décidé en 2016 par l’Organisation maritime internationale (IMO), le taux de soufre dans le carburant des navires est limité à 0,5 % contre 3,5 % auparavant.

Du 23 septembre au 18 décembre 2020, un drone renifleur a été déployé à titre expérimental par la direction des affaires maritimes dans le détroit du Pas-de-Calais, une des régions les plus fréquentées au monde par les navires. Cette région bénéficie d’un régime de protection renforcée en matière de lutte contre la pollution de l’air. Ce drone a été mis à la disposition de la France par l’Union européenne, via un partenariat avec l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM).

Basé au CROSS Gris-Nez, le drone de type SCHIEBEL CAMCOPTER S-100 est opéré par la société Nordic-Unmanned. Il est équipé d’un senseur qui détecte et mesure l’oxyde de soufre dans le panache des gaz d’échappement des cheminées des navires, ce qui permet d’évaluer la conformité du carburant aux normes en vigueur en termes de taux de soufre.

Le but de cette campagne expérimentale était d’éprouver les procédures de survol des navires et de mesure des panaches de fumées, ainsi que la fiabilité du senseur embarqué. À des fins de recoupement et de vérification des caractéristiques du carburant, cette démarche exigeait le concours des services d’inspection des navires présumés en infraction au port d’escale suivant. Pour cela, la direction des affaires maritimes a obtenu le concours des autres Etats membres de l’Union Européenne.

Au final, malgré les conditions météorologiques difficiles, 65 navires de commerce ont été mesurés. 14 de ces navires ont été estimés potentiellement en infraction, et 11 d’entre eux ont pu être inspectés au prochain port d’escale malgré le contexte sanitaire qui impacte l’activité de contrôle. Le drone a également apporté son soutien lors de quatre opérations de recherche et de sauvetage en mer.

Malheureusement, les contrôles au port n’ont pas permis de confirmer des infractions… Cependant, cette campagne de mesure a permis d’offrir un outil de ciblage aux inspecteurs en charge du contrôle par l’Etat du port. De plus, elle a été riche en enseignements technico-opérationnels sur l’emploi d’un drone.

En France, ce projet présente deux atouts : son emplacement (zone à forte densité de trafic) et l’inscription du programme dans une approche régionale avec les autres Etats membre de l’Union européenne. Fort des résultats encourageants, le partenariat avec l’AESM sera reconduit au départ du CROSS Gris-Nez dès le printemps 2021 et pour une période de trois mois.

Ces polluants affectent directement la santé des personnes qui vivent dans les régions limitrophes aux routes maritimes. Ainsi, ils entraînent la mort de près de 50 000 personnes par an en Europe, d’après le rapport du CEEH. A comparer avec les émissions polluantes du trafic routier (principalement à cause des particules issues du Diesel) : 400 000 morts par an en Europe.

En outre, les oxydes de soufre contribuent aux pluies acides qui agressent les forêts et les cultures.

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