La situation déjà désastreuse des droits de l’homme en Haïti s’est encore détériorée avec la violence incessante et croissante des gangs, a averti vendredi le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Au moins 806 personnes non impliquées dans des guerres de gangs violentes ont été tuées, blessées ou enlevées en janvier, le mois le plus sanglant depuis plus de deux ans.
En outre, quelque 300 membres de gangs ont été tués ou blessés, ce qui porte le nombre total de personnes touchées à 1 108 – plus de trois fois le nombre enregistré en janvier 2023 – et chaque jour apporte son lot de victimes.
Déploiement d’une mission multinationale
“Aujourd’hui, plus que jamais, la vie des Haïtiens dépend du déploiement, sans plus attendre, de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MSS), afin de soutenir la police nationale et d’apporter la sécurité à la population haïtienne, dans des conditions conformes aux normes et standards internationaux en matière de droits de l’homme”, a-t-il déclaré, faisant référence à la mission autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies en octobre dernier.
Les membres des gangs continuent de s’affronter pour le contrôle du territoire de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, et ont intensifié leurs activités dans les zones situées à l’extérieur de la ville.
L’intensité des combats, qui durent plusieurs heures dans certains cas, pourrait indiquer que certains gangs ont récemment reçu de nouvelles munitions, selon le bureau des droits de l’homme des Nations Unies (OHCHR).
La violence sexuelle comme arme
Les gangs continuent également à utiliser la violence sexuelle contre les femmes et les filles comme une arme, et à répandre la peur en utilisant les médias sociaux locaux pour partager des photos et des vidéos horribles de personnes tuées et de femmes violées.
L’insécurité croissante et généralisée – que M. Türk a décrite comme un “torrent de violence” – a déclenché des manifestations de rue antigouvernementales et des troubles civils, soutenus par les partis politiques d’opposition, dans au moins 24 villes.
Au moins 16 personnes ont été tuées et 29 blessées ces dernières semaines, principalement dans le cadre d’affrontements entre les manifestants et la police.
Préoccupation pour les enfants
Le chef des droits de l’homme des Nations unies s’est également montré particulièrement préoccupé par la situation des enfants, notant que 167 garçons et filles ont été tués et blessés par balles l’année dernière.
Certains ont été exécutés par des gangs ou des groupes dits “d’autodéfense” parce qu’ils étaient soupçonnés de soutenir des rivaux, tandis que le recrutement d’enfants dans des gangs reste extrêmement préoccupant.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a appelé toutes les parties à protéger les plus jeunes citoyens d’Haïti dans le contexte des derniers troubles.
“Les enfants et les familles endurent déjà des vagues incessantes de violence brutale perpétrée par des groupes armés dans leurs quartiers, chaque jour apportant de nouvelles horreurs, la perte d’êtres chers, des maisons détruites par des incendies ou des balles, et une ombre de peur omniprésente”, a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti, dans un communiqué jeudi.
Les Haïtiens sont confrontés à certaines des pires violations des droits de l’homme et menaces de l’histoire récente du pays, a-t-il noté.
Cessez la violence
Des années de troubles politiques, de pauvreté, de crises institutionnelles et socio-économiques, d’épidémies, d’augmentation des taux de malnutrition, de catastrophes et d’escalade de la violence armée ont fait que plus de trois millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire, et beaucoup d’autres les rejoindront si la situation se détériore davantage.
Les troubles ayant déjà entraîné l’interruption de services sociaux essentiels tels que l’éducation, la santé et la protection, la responsable de l’UNICEF a exhorté toutes les parties prenantes, y compris les autorités à tous les niveaux, “à mettre fin à la violence et à se concentrer sur la réouverture en toute sécurité et la fourniture de services sociaux essentiels pour les enfants là où ils se trouvaient auparavant…”.