Un de nos lecteurs « Paolo » (Est-ce Karl Paolo?) à fait un commentaire à proposé d’un article de notre collaborateur Gérard Dorwling-Carter intitulé « Les concessions de François Bayrou » (https://antilla-martinique.com/les-concessions-de-francois-bayrou/). Nous publions cette analyse du fait de sa pertinence :
Le commentaire de Gérard Dorwling Carter me surprend par son optimisme.
Certes, sur quelques aspects qui avaient d’ailleurs fait l’objet d’amendements adoptés par la commission des finances de l’Assemblée nationale, le gouvernement Bayrou a reculé.
Mais il n’a pas renoncé à deux de ses totems :
1. Faire en sorte que le gros des efforts porte sur la diminution des dépenses, affectant essentiellement les services publics, dont l’état va continuer à se dégrader.
2. Ne pas revenir sur les allègements d’impôts consentis aux plus riches, et notamment celui frappant les grandes fortunes.
Ces deux principes étant respectés, le gouvernement Bayrou peut accepter de « déshabiller Pierre pour habiller Paul », c’est-à-dire de ne pas supprimer une dépense ici pour en financer une autre ailleurs. Cela s’appelle un tour de passe-passe ou, si vous préférez, « Ou wey, ou pa wey » !
Dans ces conditions, comment penser que le récent rapport des sénateurs Victorin Lurel et Philippe Bras, appelant à un choc régalien pour agir contre l’insécurité dans nos territoires et formulant pas moins de 38 propositions, pourra être suivi d’effet ? Ce rapport ne propose-t-il pas de densifier l’implantation territoriale des forces de sécurité pour lutter contre la délinquance et la criminalité, et en tout premier lieu contre le trafic de drogue et celui des armes ? Cela impliquerait, entre autres, de nouveaux recrutements. L’avocat émérite qu’est Gérard Dowling Carter le sait bien mieux que moi !
Sur les retraites, il paraît qu’il n’y a « ni tabou, ni totem », a répété le Premier ministre, pas même celui de l’âge !
Mais sur l’âge de départ à 64 ans, c’est une annonce en trompe-l’œil. Pourquoi ? Parce que l’âge légal et la durée de cotisation progressent rapidement. Si la réforme devait être abrogée en juin-juillet, après qu’un accord aura été trouvé, les deux tiers de la réforme auront déjà été déployés, et le compteur serait donc arrêté sur 63 ans.
Mais il y a bien une ligne rouge : ne pas dégrader l’équilibre financier. En effet, les départs à la retraite provoqueraient déjà un déficit de 55 milliards d’euros, selon François Bayrou – un calcul qui lui est propre, mais qui est très critiqué par le Conseil d’orientation des retraites (COR) et par les économistes.
Or, le déficit des retraites n’est pas dû au hasard. Ces dernières années, les gouvernements d’Emmanuel Macron ont choisi de baisser les ressources publiques au point que la diminution du taux de prélèvement global (ressources des retraites en pourcentage de la masse des revenus d’activité) est sans précédent : près d’un point entre 2021 (31,2 %) et 2027 (entre 30,2 % et 30,4 %). Ce déficit avait donc été programmé par Macron et ses gouvernements.
Il faudrait donc revenir sur les exonérations et agir sur les cotisations. Mais là, on se heurte à un deuxième totem : ne pas revenir sur les baisses de cotisations et d’impôts offertes notamment aux plus riches (60 milliards d’euros par an !).
Michaël Zemmour, économiste et enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon 2, spécialiste de la question, a ainsi fait le calcul : en augmentant les cotisations de 0,15 point par an, à partager entre employeurs et salariés, d’ici à 2032, l’abrogation de la réforme Borne serait financée. Et l’âge légal de départ pourrait ainsi revenir à 62 ans. Ce n’est pas une absurdité : par exemple, si l’assurance contre les intempéries fait face à davantage d’intempéries, il ne paraît pas absurde de se poser la question d’augmenter les cotisations.
Problème : le patronat acceptera-t-il d’augmenter ses cotisations de 0,15 %, divisé par deux, soit 0,075 % ? On connaît la réponse : c’est NON ! »