C’est au milieu du XIXe siècle, dans un monde en pleine mutation, que s’éveille le sionisme, mouvement porteur d’un idéal ancien et d’une ambition moderne. Il prend racine dans un contexte marqué par la confluence de forces historiques et spirituelles, mêlant héritages religieux, bouleversements sociaux et nécessité de survie.
D’abord, il y a la foi, profonde et millénaire, en un retour du peuple juif en Terre sainte. Partagée par le judaïsme et, dans une certaine mesure, par le christianisme, cette croyance nourrit un imaginaire collectif où la Terre d’Israël devient l’horizon d’une rédemption nationale après des siècles de diaspora.
Ensuite, vient le souffle de la modernité. Avec l’émancipation des Juifs en Europe, impulsée par les révolutions libérales, beaucoup s’éloignent des pratiques religieuses pour embrasser de nouvelles idées. Le sionisme s’inscrit dans cette dynamique de sécularisation, réinterprétant l’attachement à la Terre promise en termes nationalistes : Israël devient le théâtre d’un renouveau culturel et politique.
Mais c’est aussi dans les ombres du XIXe siècle que le mouvement trouve son urgence. L’Europe, et particulièrement l’Est, est secouée par une montée de l’antisémitisme, dont les pogroms illustrent la brutalité. Face à cette menace persistante, l’idée d’un refuge pour les Juifs sur leur terre ancestrale s’impose comme une nécessité.
De ces courants émerge une vision structurée, portée par des figures emblématiques comme Théodore Herzl. En 1896, dans son ouvrage L’État des Juifs (Der Judenstaat), il appelle à la fondation d’un foyer national juif en Palestine, alors sous domination ottomane. L’année suivante, le premier congrès sioniste, tenu à Bâle, marque l’avènement d’un projet collectif. Herzl y consigne son espoir : “À Bâle, j’ai fondé l’État juif.”
Ainsi, entre tradition et modernité, désespoir et espoir, le sionisme trace les contours d’un rêve qui, bientôt, s’ancrera dans l’Histoire.
Souhaitons que ce rêve ne se transforme au fil du temps en cauchemar …
Gérard Dorwling-Carter