“Nous sommes très fiers du fait que ce soit la Martinique qui a créé le Logement locatif très social (LLTS) dans les années 1990, (avec des personnes comme Roger Louis, Alain et Guy) dans le « marronnage total », puisque c’est après que l’État a intégré le LLTS dans la réglementation de la LBU. On avait tellement de populations démunies que le produit LLTS ne suffisait pas. Nous sommes très fiers de ça. »
Lors de cette signature avec la Simar et CDC Habitat, vous avez beaucoup parlé de RHI et de certains quartiers de Fort de France, pourquoi eux spécifiquement ?
A l’époque à la Martinique, nous avions commencé des opérations de résorption d’habitat insalubre (RHI) qui avaient porté leurs fruits. Ce sont des opérations très difficiles et très complexes. Il y a eu une panne de 10-12 ans sur celles-ci qu’il faut achever. Je pense à Trénelle, Grosse Roche, Citron, Alaric, Texaco, Volga Plage et Ravine Bouillé. Ces opérations sont « tombées en panne » simplement parce qu’il y avait des enjeux de financement, de relogement, d’accompagnement de l’Etat, d’accompagnement des collectivités et de la capacité de la mairie à réaliser celles-ci. Nous devons absolument les relancer et les mener à terme ; les gens attendent depuis suffisamment longtemps leur relogement définitif. Par exemple, Alaric est une vitrine de la Martinique à l’entrée de Sainte-Thérèse, les opérations doivent y être achevées.
C’est dans ce cadre-là qu’une telle convention avec la SIMAR peut nous permettre d’accélérer la réalisation d’opérations d’hébergement pour sortir les personnes qui restent, et surtout pour reconstruire, pour que ces mêmes personnes retrouvent leur place sur le terrain, là où elles ont vécu depuis très longtemps.
Vous avez parlé d’ingénierie locale mêlée aux compétences de là-bas… ?
C’est très clair, ça m’insupporte qu’on laisse entendre qu’en Martinique, il n’y a pas d’ingénierie. C’est totalement faux, il y a une énorme ingénierie d’architectes, d’ingénieurs, des jeunes, des anciens qui sont présents, maintenant, il faut un renouvellement, la population vieillit. Le renouvellement est plus compliqué à faire parce qu’il y a beaucoup plus d’offres pour les jeunes ingénieurs qui sont formés et qui partent en Allemagne, au Japon, en Europe et dans le monde. Les jeunes sont dans une pleine mobilité qu’on ne peut pas leur refuser. Il nous faut absolument une proposition de recrutement d’ingénieurs, de financiers, d’architectes jeunes martiniquais, ou mariés à des martiniquais(es), de très haut niveau, de telle sorte qu’ils veulent venir en Martinique nous offrir leurs talents. Je pense à un outil qui est un pôle d’ingénierie sous la forme d’une SPL ou d’un GIP de telle sorte qu’on puisse avoir une meilleure maîtrise de l’ingénierie des projets.
Qu’est-ce que l’ingénierie des projets ?
Il faut réaliser la conception, les études, les sondages, les plans Topo, du montage financier. Il faut ensuite concevoir l’équipement, le bâtiment et le réseau. il faut maîtriser tout cela pour passer ensuite par le marché public, s’il y a une procédure de marché public. Nous avons quelquefois les moyens mais n’avons pas forcément renforcé les outils. C’est pour cela qu’il faut aider les communes et les Epci à posséder cette ingénierie, j’appelle cela un pôle d’ingénierie qui serait financé par l’Etat, par la Collectivité, par l’AFD avec une contribution des Epci. Les communes qui n’ont pas l’ingénierie sur place pourraient bénéficier de ce pôle, ce qui nous rendrait plus autonome que les ingénieries dites nationales.
Philippe Pied pour Antilla