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Avalanche glaciaire
© Len Radin / Flickr – Licence : CC BY-NC-SA

Même si nous arrivions à stopper toutes nos émissions de gaz à effet de serre, l’inertie du système Terre fait que les températures continueront d’augmenter pendant au moins 500 ans. Quand fallait-il agir et que pouvons-nous encore faire ?

Cela fait des décennies que les alertes scientifiques et les déclarations vibrantes se succèdent sur la menace de nos émissions massives de gaz à effet de serre. En vain, cela fait maintenant plus de dix ans que nous avons enterré tout espoir de non-modification du climat de notre planète.

Le climat se réchauffe maintenant significativement et les “efforts” se bornent à tenter de limiter plus ou moins les dégâts, sans vraiment de coeur à l’ouvrage. La gestion globale de crise tant attendue sur ce défi de civilisation ne viendra probablement jamais laissant aux sociétés humaines le soin de gérer l’adaptation à un monde qui change radicalement.

Seule la pandémie de COVID-19 a réussi à infléchir l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, là où aucun accord n’a été capable, malgré les applaudissements nourris et les larmes de bonheur, à faire quoi que ce soit.

Mais cette nouvelle troublante ne sauvera pas le climat que nous connaissions : même si nous mettions fin à nos émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique se poursuivrait ! C’est la conclusion d’une étude publiée dans Nature mi-novembre 2020.

Cette modélisation développée par Jorgen Randers, professeur de stratégie climatique à la BI Norwegian Business School, et Ulrich Goluke, considère que les émissions anthropiques de gaz à effet de serre atteindront un pic vers 2030 pour décroître ensuite et devenir nulle d’ici 2100. Dans leur modèle climatique, les températures atteindront + 3°C par rapport à 1850 avec une hausse du niveau des océans de + 3 mètres en 2500 (oui dans 480 ans !).

Dans un scénario plus optimiste mais invraisemblable où les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont réduites à zéro en 2020 (maintenant), les températures mondiales déclineraient quelque peu dans un premier temps puis augmenteront de nouveau pour atteindre également + 3°C par rapport à 1850 avec une hausse du niveau des océans de + 2,5 mètres en 2500.

Autrement dit, même si un évènement cataclysmique mettait fin à l’humanité – puisque c’est la seule raison qui pourrait expliquer l’arrêt de nos émissions -, nous laisserons notre empreinte sur le climat de la Terre pendant des milliers d’années. Le monde en 2500, avec ou sans l’Homme sera différent de celui que nous connaissons ; et tous les amateurs de géologie et d’histoire savent combien 500 ans est finalement bien peu.

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En rouge les zones qui seront inondées de manière permanente ou temporaire par l’élévation du niveau de la mer et les submersions marines d’ici 2050 avec un scénario pessimiste d’émissions de gaz à effet de serre (celui que nous suivons). Ici, carte du sud de la Vendée et de la Charente-maritime (France)
Climate central – Licence : DR

Comment expliquer cette incroyable inertie du système climatique ? Cela provient principalement de la “bombe à retardement” de l’Arctique, qui se réchauffe considérablement, avec la fonte de la calotte glaciaire arctique ainsi que le relargage du carbone et du méthane séquestrés dans le permafrost des zones périglaciaires. La perte de glace en Arctique alimentera une boucle de rétroaction positive induite par la diminution de l’albédo.

Albédo : définition.
L’albédo (qui va de 0 à 1) correspond à la capacité d’une surface à réfléchir le rayonnement du Soleil. Plus l’albédo est élevé, plus la lumière est réfléchie et donc le réchauffement de la surface limité. Inversement, plus l’albédo est faible (corps noir), plus la surface absorbe de lumière et se réchauffe. L’albédo moyen de la Terre est de 0,3. La glace a un albédo de 0,4, la forêt 0,15, la neige fraîche 0,8.

Ainsi, moins de surface enneigées ou glacées, augmentera le réchauffement de la surface de notre planète.

Quand aurait-il fallu agir pour empêcher le changement climatique ?

Les dés sont jetés depuis bien longtemps. Les premières alertes scientifiques sur le réchauffement climatique datent des années 1950 et dès 1965, plusieurs membres du comité scientifique auprès de la Maison Blanche avertissent le président des Etats-Unis de l’époque, Lyndon B. Johnson que le réchauffement climatique planétaire pourrait entraîner des perturbations graves pour le pays. En vain.

Et pourtant, c’est précisément pendant ces années, entre 1960 et 1970 qu’il aurait fallu stopper les émissions de gaz à effet de serre pour éviter tout réchauffement climatique et ses multiples conséquences.

Il est maintenant bien trop tard et les auteurs concluent qu’il faudrait maintenant stopper toute émission et même extraire 33 milliards de tonnes (Gt) de CO2 de l’atmosphère chaque année pour éviter toute augmentation des températures et toute élévation du niveau de la mer. Là encore, nous sommes, malheureusement, dans la science-fiction.


Références
– wwww.notre-planete.in
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